“L’esclavage n’a jamais été aboli, il a pris de nouvelles formes”, déplore John Francis McEldowney, un spécialiste des droits de l’homme, nommé membre de l’Académie pontificale des Sciences sociales, samedi dernier, 4 novembre 2017, par le pape François. Il évoque la préparation d’un « pacte avec les victimes » du trafic d’êtres humains en vue de leur réinsertion dans la société.
“Aider les victimes du trafic des êtres humains – les meilleures pratiques de réintégration, d’aide juridique et de compensation”: le séminaire organisé au Vatican à la Maison Pie IV (4-6 novembre 2017) s’est conclu par une conférence de presse ce 6 novembre, avec Mgr Marcelo Sánchez Sorondo, chancelier de l’Académie pontificale des Sciences sociales, Mme Margaret S. Archer, présidente, Mme Jami Solli, avocate, co-organisatrice et fondatrice de « l’alliance globale pour une aide juridique » et Mme Rani Hong, présidente de la fondation Tronie pour la lutte contre la traite et l’esclavage, qui a témoigné avoir elle-même été enlevée et « vendue » quand elle avait 7 ans. Greg Burke, directeur de la Salle de presse du Saint-Siège a facilité les échanges avec la presse.
M. John Francis McEldowney est intervenu à l’invitation de Mgr Sanchez Sorondo, à propos de la préparation d’un “Pacte avec les victimes” par l’Académie pontificale.
Un « Pacte avec les victimes » suppose, a dit M. McEldowney, éducation et connaissance de la part de l’opinion publique, car, a-t-il déploré, “l’esclavage n’a jamais été aboli, il a pris de nouvelles formes”.
Il a souligné qu’il fallait aussi “éviter que les victimes soient elles-mêmes poursuivies par les tribunaux”, dans le cas, par exemple où on les a de force fait émigrer.
Et tout cela prend “du temps”, mais il faut “passer en revue tous les éléments nécessaires”.
Ce « Pacte avec les victimes » suppose donc aussi “un cadre légal”, et qu’en même temps “les individus soient motivés à lutter pour l’humanité”.
Il a indiqué plusieurs directions : prévention, réintégration, guérison, citoyenneté. Il s’agit, a-t-il résumé, de “mettre les victimes au centre”. Et cela suppose un “travail de collaboration avec les communautés dans le monde”.
Impliquer les gouvernements
Pour sa part, Mgr Sanchez Sorondo a souligné que “le travail de l’Académie des sciences sociales contre la traite est dans le coeur du Pape” et que pour le pape Benoît comme pour le pape François aujourd’hui la traite est un « crime contre l’humanité ».
Mgr Sanchez Sorondo a expliqué que pendant le séminaire « les meilleures expériences pour « sortir » de l’esclavage ont été exposées »
Il a cité notamment l’aide des Etats du Mexique pour fournir aux victimes survivantes « formation, études, diplômes, logements » de façon à les aider à se « réinsérer dans la vie normale ».
Pour ce qui est de la traite des enfants, il a déploré que le phénomène grandisse et il a fait remarquer « qu’une grande partie est passée des rues à Internet ».
La réintégration des victimes
« Nous nous sommes concentrés sur la réintégration des victimes de la traite », a souligné de son côté la présidente, Mme Archer qui préconise un travail en réseau: « Nous avons dans le monde des réseaux de paroisses : il faudrait transformer les paroisses passives en paroisses actives pour réintégrer victimes du trafic d’êtres humains » et pour cela il faut « sensibiliser le public mondial au sort des victimes de la traite ».
Elle a spécialement remercié l’ancien secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki Moon d’avoir introduit « la cause des victimes » dans les « objectifs du millénaire » de l’ONU, notamment la lutte contre la prostitution forcée, les enfants-soldat et le trafic d’organes.
La mention de « l’élimination du trafic » et des « enfants-soldats » introduite dans ces objectifs « est une victoire », insiste Mme Archer.
Elle rappelle aussi l’importance de lutter contre le trafic des enfants en vue de l’adoption, notamment dues enfants des rues ».
Pour une aide juridique
Mme Jami Solli, avocate, co-organisatrice du séminaire, travaille pour « l’accès des pauvres à l’aide juridique », car, fait-elle observer, « les victimes ne connaissent pas la langue, ni leurs droits ».
Elle salue les interventions de Mme Archer sur la « dette sociale » des victimes.
Elle rappelle aussi l’importance de lutter contre « les transactions suspectes » et donne en exemple le modèle canadien notamment avec « un projet de protection avec data base ».
Académie pontificale des sciences, Mmes Wong, Solli et Archer, Mgr Sanchez Sorondo, et Greg Burke, capture CTV
Sciences sociales: “L'esclavage n'a jamais été aboli, il a pris de nouvelles formes”
Aide aux victimes, un séminaire au Vatican