Dominique Wolton 25/02/2017 © L'Osservatore Romano

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La morale, ce n’est pas "tu peux, tu ne peux pas"

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Le pape se confie à Dominique Wolton (2)

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La morale, ce n’est pas « tu peux, tu ne peux pas » ou « tu dois, tu ne dois pas », affirme le pape François. Dans un livre d’entretien avec le chercheur français Dominique Wolton, il confie que la « rigidité » lui fait « peur » et souhaite que les pasteurs ne réduisent pas leurs prédications à la morale « sous la ceinture ».
Le Figaro Magazine du 1er septembre 2017 publie des extraits de l’ouvrage « Pape François : rencontres avec Dominique Wolton : politique et société » (Editions de L’Observatoire), dont la publication est prévue le 6 septembre.
Au cours d’une douzaine de rencontres privées au Vatican, le pape a notamment abordé avec le sociologue la question de la « morale » : on ne peut pas enseigner la morale, a-t-il souligné, « avec des préceptes comme ‘tu ne peux pas faire ça, tu dois faire ça, tu dois, tu ne dois pas, tu peux, tu ne peux pas’ ».
« La morale est une conséquence de la rencontre avec Jésus-Christ, a-t-il expliqué. C’est une conséquence de la foi, pour nous les catholiques. Et pour les autres, la morale est une conséquence de la rencontre avec un idéal, ou avec Dieu, ou avec soi-même, mais avec la meilleure partie de soi-même. La morale est toujours une conséquence. »
La reductio à la morale « sous la ceinture »
Le pape met en garde les prédicateurs contre le « grand danger » de « ne seulement condamner que la morale – je vous demande pardon – ‘sous la ceinture’ ». « Mais les autres péchés, qui sont les plus graves, la haine, l’envie, l’orgueil, la vanité, tuer l’autre, ôter la vie… ceux-là on n’en parle pas tant que ça », fait-il observer.
Evoquant aussi la question de la communion aux personnes divorcées remariées, le pape conteste les « normes fixes » et « figées ». Il donne aux pasteurs ce conseil : « Parlez donc avec le divorcé, parlez avec la divorcée, accueillez, accompagnez, intégrez, discernez ! »
Il pointe du doigt la « tentation de l’Eglise » de se prononcer en termes de « ils ne peuvent pas faire ceci, cela » : « Mais non, non et non ! Ce type d’interdiction, c’est ce qu’on retrouve dans le drame de Jésus avec les pharisiens. Le même ! Les grands de l’Eglise sont ceux qui ont une vision qui va au-delà, ceux qui comprennent. »
C’est guidé par ce souci du discernement et du pardon que le pape a décidé d’étendre le pouvoir d’absoudre le péché de l’avortement à tous les prêtres, lors du Jubilé de la miséricorde. Une mesure désormais permanente. « Une femme qui a une mémoire physique de l’enfant, parce que c’est souvent le cas, et qui pleure, qui pleure depuis des années sans avoir le courage d’aller voir le prêtre… vous vous rendez-vous compte du nombre de personnes qui respirent enfin ? », insiste-t-il.
« Derrière chaque rigidité, met en garde le pape, il y a une incapacité à communiquer… c’est une forme de fondamentalisme. Quand je tombe sur une personne rigide, et surtout un jeune, je me dis aussitôt qu’il est malade… Moi, j’ai peur de la rigidité. Je préfère un jeune désordonné, avec des problèmes normaux, qui s’énerve… car toutes ces contradictions vont l’aider à grandir. »

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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