C’est le sultan de Yogyakarta (Indonésie), Hamengku Buwono X, gouverneur de la ville, qui a ouvert officiellement la Journée de la jeunesse asiatique, au son du traditionnel instrument de musique javanais, l’othok-othok, le 2 août 2017, rapportent les media du Vatican : Fides, Radio Vatican, L’Osservatore Romano. En Indonésie, les jeunes musulmans se rangent aux côtés des catholiques pour la paix, notamment en ligne.
Favoriser le « vivre ensemble »
Les jeunes d’Asie se rencontrent en effet en Indonésie à l’occasion de la VIIe Journée de la Jeunesse asiatique, sur le thème : « Vivre ensemble l’Evangile sur le continent asiatique, marqué par le multiculturalisme ».
Elle s’est ouverte par la messe présidée par l’envoyé spécial du pape François, le cardinal Patrick D’Rosario, archevêque de Dacca (Bangladesh), et président de la Commission pour les jeunes de la Fédération des Conférences épiscopales d’Asie, qui organise l’événement.
Cette rencontre, comme la JMJ, est organisée tous les trois ans : cette année 2 140 jeunes catholiques de 22 nations d’Asie ont répondu l’appel, entourés de 52 évêques dont 6 cardinaux, et de 158 prêtres.
Ils se sont d’abord préparés dans leurs pays d’origine. Ils se sont ensuite répartis pour trois jours dans 11 diocèses indonésiens où ils ont vécu une immersion dans le contexte local. Enfin, ils se sont rassemblés au Centre des Expositions « Jogja », imposante structure de congrès, mise à disposition gratuitement par les autorités civiles locales.
La semaine est rythmée par des rencontres, des séminaires, des catéchèses, des représentations théâtrales et musicales, des expériences de prière et de réflexion, sur le thème du multiculturalisme et de l’harmonie entre les cultures et les religions différentes.
L’Evangile de la joie
Pour Mgr Robertus Rubyatamoko, archevêque de Semarang – diocèse qui accueille l’événement – et président du Conseil organisateur, « les jeunes catholiques rendent témoignage à la manière dont ils vivent en harmonie pour offrir à tous un cadre concret de « vivre ensemble » en Indonésie. L’expérience de la Journée de la Jeunesse asiatique constitue un moment pendant lequel vivre avec joie la foi dans le Christ Jésus, pour ensuite porter l’Evangile de la joie dans leurs familles et dans la société ».
« L’événement, a-t-il ajouté, a également une importante implication interreligieuse. Nous avons impliqué des personnes de différentes religions et des amis musulmans nous aident à gérer la sécurité », indique la même source.
La JMJ asiatique est en effet caractérisée par une dimension interreligieuse particulière, souligne Fides qui explique qu’en Indonésie, pays musulman le plus peuplé au monde, les jeunes musulmans participent aux événements organisés et ils sont impliqués dans le comité organisateur.
Le soutien financier et politique du gouvernement indonésien ne fait pas défaut, par l’intermédiaire de son Ministère pour les Affaires religieuses, mais aussi du Ministère du Tourisme et de celui chargé des jeunes et du sport.
Un important défi sur Internet
Pour Savic Ali, responsable musulman des services télématiques de l’organisation musulmane Nahdlatul Ulama (NU), l’une des deux plus importantes de l’islam indonésien – avec Muahmmadiya – qui soutient le pluralisme, le dialogue interreligieux et les droits fondamentaux, ce sont les jeunes qui représentent la clef permettant de contrer l’islam radical en Indonésie et sa propagande massive sur Internet.
Il est en effet intervenu lors d’une rencontre interreligieuse dans le cadre de cette Journée de la Jeunesse asiatique.
Savic Ali a expliqué à Fides que 100 millions d’Indonésiens utilisent régulièrement Internet et que les réseaux sociaux disposent aujourd’hui du pouvoir d’influencer l’opinion publique : « Ce sont les réseaux sociaux qui constituent le nouveau champ de bataille sur lequel il faut lutter contre l’islam radical. Une contre-narration est nécessaire, tout comme une action commune sur les réseaux sociaux de la part d’organisations, d’institutions et d’individus qui soutiennent le dialogue, la démocratie et le Pancasila (les cinq principes de base de la nation indonésienne, ndlr). »
Il a précisé : « Parmi les 22 sites Internet islamiques les plus populaires en Indonésie, les quatre premiers sont conservateurs et promeuvent une vision étroite et non inclusive de l’islam. Aujourd’hui, le défi à relever consiste à agir et à promouvoir sur les plateformes Internet des actions coordonnées visant à promouvoir la tolérance, le dialogue, l’inclusion, le respect mutuel, l’harmonie sociale et religieuse ».
Ni silence ni complaisance
C’est une mission confiée essentiellement aux jeunes, qui sont les plus actifs sur les réseaux sociaux et sur Internet, commente Fides.
Pour Mgr Yohannes Harun Yuwono, évêque de Tanjungkarang et président de la Commission pour les affaires interreligieuses de la Conférence épiscopale indonésienne, a pour sa part témoigné que « Dieu ne fait pas acception de personne. Il écoute et comprend la prière dans toutes les langues du monde. Chrétiens et musulmans croient en un Dieu unique, Créateur et Père de tous les hommes, peuples et religions. Sur ces bases, nous pouvons construire le vivre ensemble et la fraternité ».
Le père Heru Prakosa SJ, enseignant à l’Université catholique Sanata Dharma de Yogyakarta, a lui aussi indiqué à Fides que, dans le contexte de l’Indonésie moderne, marqué par la croissance de l’extrémisme islamique et par l’instrumentalisation politique de la religion, « il est urgent de réfléchir et d’agir ensemble, en vue du bien commun. Les jeunes catholiques, bien qu’étant une minorité dans les pays asiatiques, ne peuvent rester en silence ou se montrer complaisants : ils sont appelés à faire ce qui leur revient, à être des agents de dialogue, de réconciliation, d’harmonie, à témoigner l’Evangile de la fraternité et de l’espérance ».Toujours selon Fides.
Vidéo clip de la journée de la jeunesse asiatique, capture
Indonésie : lancement de la «JMJ» asiatique en présence du sultan de Yogyakarta
Les jeunes musulmans aux côtés des catholiques, pour la paix