« Spectaculaire » : c’est le terme qu’emploie, dans un entretien accordé à ZENIT, Mgr Fabio Reynaldo Colindres Abarca, évêque aux armées du Salvador et porte-parole des évêques, au lendemain de leur conversation de deux heures avec le pape François, dans le cadre de leur visite quinquennale ad limina, lundi, 20 mars 2017.
“Le pape nous a reçus pendant presque deux heures, lors d’une réunion sans ordre du jour. Le climat a été de grande fraternité et d’unité avec le Pontife », a précisé l’évêque salvadorien.
« Chacun de nous, a-t-il ajouté, a exprima la réalité de son diocèse, et le pape nous a encouragés à aller de l’avant, avec enthousiasme, avec amour et il a beaucoup insisté sur la miséricorde, pour tous les cas difficiles dont nous avons pu parler. »
Le pape a aussi « exprimé sa joie pour la béatification de Mgr Oscar Arnulfo Romero, martyr salvadorien maintenant mondialement connu » : « quand on est bienheureux, pour la canonisation, il ne manque qu’un miracle », a rappelé l’évêque qui a révélé qu’actuellement « un miracle est en bon chemin, avec l’approbation locale, il est maintenant étudié à Rome ».
Rappelons que Mgr Romero est né il y a cent ans, en 1917. En tant qu’archevêque, durant la dictature militaire, il a dénoncé les violations des droits de l’homme. Et il a été assassiné alors qu’il célébrait la messe, le 24 mars 1980, par un membre de la Guardia Nacional, aujourd’hui disparue. Sa cause de canonisation a démarré dix ans après, et il a été béatifié le 23 mai 2015 : le cardinal Angelo Amato a présidé la célébration au nom du pape. C’est le premier bienheureux du Salvador et le premier archevêque martyr du continent américain.
« En tant que conférence épiscopale, a confié Mgr Colindres, nous avons demandé au pape François de nous rendre visite au Salvador, et qu’il canonise le bienheureux Romero. Le pape a souri avec beaucoup d’affection et il a exprimé sa satisfaction, sans s’engager ni rien anticiper » : « Le pape n’a parlé à aucun moment de date de canonisation ou d’une visite au Salvador. Mais c’est vrai qu’il désire que cela puisse se réaliser. »
Quant aux difficultés dont souffre le Salvador, Mgr Colindres Abarca a fait observer que « le problème principal du pays est la violence qui engendre beaucoup de pauvreté, une instabilité sociale, dans la famille, et dans le mariage ». Il s’agit donc pour l’Eglise et pour la Conférence épiscopale d’ « éduquer à une foi solide, à une doctrine profonde, et à l’enseignement social de l’Eglise ».
En d’autres termes, a-t-il ajouté, « le thème fondamental c’est la réconciliation au milieu de cette violence ». Pour Mgr Colindres, cela fait partie des séquelles « des guerres » et des « difficultés sociales », de « la politisation et de la polarisation de tous les thèmes au niveau national ».
« Notre peuple est pauvre et humble, a souligné l’évêque, mais c’est un peuple qui a une grande richesse : sa foi ! »
Pour ce qui est de la suite de la visite ad limina, les évêques, a-t-il dit, visiteront des dicastères de la curie et des sanctuaires, et ils rencontreront la communauté salvadorienne de Rome : « Aujourd’hui nous sommes allés à la Congrégation pour les évêques et à la Doctrine de la foi. »
Leur visite ad limina se conclut samedi prochain, 25 mars : ils fêteront donc le bienheureux Romero à Rome.
Traduction d’Anita Bourdin
