« Un homme politique au vrai sens du terme » : c’est l’hommage rendu par le cardinal Secrétaire d’Etat Pietro Parolin à Shahbaz Bhatti, le ministre pakistanais chrétien assassiné le 2 mars 2011, dans la préface du livre de son frère, Paul Jacob Bhatti, médecin, chirurgien, homme politique. Le livre est publié en Italie par la maison d’édition catholique « Edizioni San Paolo » (2017, 172 pp., 14 euros) sous le titre : « Shahbaz – La voix de la justice ».
Un témoignage et un héritage pour l’engagement politique du chrétien qui dépasse de loin les seules frontières du Pakistan. La vie de Paul Bhatti lui-même a changé : après avoir travaillé comme chirurgien dans différents pays, il a été élu, après l’assassinat de son frère comme président de la « Pakistan Minorities Alliance » et il a été ministre pour l’Harmonie nationale, dans le gouvernement de Asif Ali Zardari. Il a donné naissance à la Fondation Shahbaz pour promouvoir, au nom de son frère, la liberté religieuse, l’égalité et la justice sociale. Mais surtout, dans ce livre il révèle la vie intérieure de son frère.
« La lecture de ce livre qui veut être avant tout une contribution à la recherche de la paix et de la justice, ne manquera pas d’enrichir le lecteur », affirme le Secrétaire d’Etat.
L’engagement politique
Le cardinal Parolin souligne l’engagement de Shahbaz Bhatti au service des minorités dont il était le ministre et des plus pauvres, toujours à la recherche de « ce qui unit »: « Un homme politique dans le vrai sens du terme, qui avait choisi l’Évangile comme style de vie et dont l’œuvre en était marquée. Dans son testament, qui nous est en partie remis dans cette biographie, il a laissé des phrases inoubliables, qui expriment la profondeur de sa relation intime avec le Christ. Dès son enfance, selon le récit de Paul, Shahbaz a cherché ce qui unit et non ce qui divise. Il a toujours eu à cœur le sort des plus pauvres, des plus faibles, des derniers. Parmi ceux-ci, il réservait une place particulière à la minorité chrétienne du Pakistan. »
Le cardinal secrétaire d’Etat évoque une vraie « mission » pour favoriser écoute, tolérance, paix, dialogue : « En accomplissant sa mission, il a été un promoteur sincère du dialogue interreligieux, de l’œcuménisme et de la paix entre les peuples, montrant que seule la confrontation ouverte peut éduquer les nouvelles générations à l’écoute, à la tolérance et à la coexistence pacifique. Une certitude qui trouve une confirmation dans les paroles du testament de Shahbaz, qui résonnent comme un programme de vie : « On m’a proposé de hautes charges au gouvernement et il m’a été demandé d’abandonner ma bataille mais j’ai toujours refusé, jusqu’à risquer ma propre vie. Ma réponse a toujours été la même : « Non, je veux servir Jésus en tant qu’homme ordinaire ». »
Sa vie intérieure
Pour le cardinal Parolin la foi de Shahbaz Bhatti dans le Christ était « granitique » : « Servir le Christ dans la simplicité et l’humilité, en se remettant en cause, sans se dérober devant les puissances du monde, conscient que rien ni personne n’aurait pu l’arracher des mains de son Seigneur. C’est avec cette foi granitique que Shahbaz a su faire face à la violence et à la haine. »
Il souligne de lien vital qui reliait Shahbaz Bhatti au Christ : « Il existe des personnes qui sont disposées à mourir pour l’idéal en lequel elles croient. Parmi celles-ci, Shahbaz Bhatti, ministre fédéral des minorités du Pakistan, tué le 2 mars 2011 à Islamabad par des hommes armés. L’idéal de Shahbaz Bhatti n’était pourtant pas une simple idée, ni une simple valeur, si noble et élevée soit-elle. C’était ce que les chrétiens ont de plus cher, à savoir le Christ lui-même (1). « Je veux vivre pour le Christ et pour lui je veux mourir », écrivait-il dans son testament spirituel. De Shahbaz, nous savions certains détails de la vie publique mais nous ne connaissions pas son univers intérieur. »
Il concevait ainsi sa mission « de chrétien et d’homme politique » : « Avec cette publication, son frère Paul nous le rend familier, le décrivant dans son intimité, dans son existence quotidienne, montrant ses progrès humains et spirituels. Des pages écrites les larmes aux yeux et avec un voile d’amertume, atténuées cependant par la certitude que la foi de Shahbaz n’a jamais diminué. Même dans les moments les plus sombres, quand les menaces et la haine cherchaient à mettre fin à sa mission de chrétien et d’homme politique. »
Avec une traduction de Constance Roques
Shahbaz-La voix de la justice, par Paul Bhatti (Ed. San Paolo.)
«Un homme politique au vrai sens du terme», portrait de Shahbaz Bhatti par le card. Parolin
«Shahbaz – La voix de la justice», un héritage pour les chrétiens engagés en politique