Les évêques catholiques des Philippines déclarent leur opposition à l’initiative du président Rodrigo Duterte en vue de rétablir la peine de mort, et L’Osservatore Romano en italien du 2 février 2017 se fait l’écho de leur appel: « les Philippines ont signé des accords internationaux qui interdisent le rétablissement de cette forme de punition ».
Les évêques critiquent également la « croisade nationale contre la drogue » annoncée par le président, souligne la même source: une opération qui s’est transformée en une chasse à l’homme et a provoqué, en près de six mois, la mort de 7 000 personnes, entre présumés trafiquants et consommateurs de drogue. Les évêques ont condamné cette situation parlant d’une « peine de mort en acte, sans la garantie d’un juste procès ». Ils ont « supplié » la police et les forces de l’ordre de « revenir à la raison » et de déposer les armes.
À la fin de leur récente assemblée plénière, les évêques philippins ont publié un communiqué dans lequel ils affirment que « lutter contre la violence par la violence ne résoudra rien », souligne encore le quotidien d ela Cité du Vatican. Le président de l’épiscopat, Mgr Socrates Villegas, écrit notamment: « Quand nous condamnons la violence, nous ne pouvons pas devenir violents à notre tour. Si nous condamnons le meurtre, nous ne pouvons pas en commettre: et qu’importe les vestiges légaux ou judiciaires. »
Dans le communiqué final de leur assemblée, les évêques promettent: « Nous continuons et continuerons constamment de veiller à ce que personne ne tente d’éliminer de la constitution les normes qui nous protègent contre la dictature et la loi martiale ». La charte fondamentale, souligne Mgr Villegas, « est le document central de la démocratie du pays, un texte qui doit intéresser tous les Philippins. Ne vous laissez pas duper par ceux qui promettent des solutions faciles ».
L’appel de la Conférence épiscopale a déclenché un vif débat dans la presse proche du gouvernement, commente L’Osservatore Romano: certains journalistes ont demandé aux évêques de « s’occuper plus des âmes et moins du corps de ceux qui empoisonnent nos jeunes », citant « l‘énorme soutien populaire » aux initiatives présidentielles. « Les solutions faciles et les positions fortes, estime un prêtre du sud du pays, plaisent aux Philippins, qui pensent résoudre les problèmes du pays par une vigoureuse démonstration de force. Ils ne comprennent pas que cette manière de faire implique la fin avant tout de leur propre liberté ».
Le président Rodrigo Duterte avait annoncé le rétablissement de la peine de mort à maintes reprises, rappelle le quotidien du Saint-Siège. La mort brutale d’un industriel sud-coréen qui avait provoqué la colère de Séoul et créé une tension diplomatique avec la Corée du Sud a poussé le président philippin à demander au Parlement d’ouvrir le plus tôt possible la procédure pour mettre en place un appareil jurisprudentiel qui réintroduise la peine capitale.
Les Philippines sont un seul pays asiatique à majorité catholique, à l’exception de Timor Est.
Avec une traduction d’Océane Le Gall
Assemblée des évêques philippins, Manille, janvier 2017, courtoisie de la CBCP
Philippines: les évêques refusent le rétablissement de la peine de mort
L’Osservatore Romano relaye leur appel