Le saint français Jean Eudes (1601-1680), apôtre du Cœur de Jésus et Marie, pourrait être un jour déclaré « docteur de l’Eglise » : Camilo Bernal Hadad, supérieur général des Eudistes, et Mgr Luc Crepy, évêque du Puy-en-Velay, ont plaidé sa cause devant le pape François, le 3 décembre 2016.
Lors d’une audience au Vatican, l’évêque postulateur de la cause du doctorat, ainsi que des représentants colombiens et français de la famille eudiste, ont parlé au pape du saint fondateur des Sœurs de Notre-Dame de la Charité du Refuge – qui se consacrent notamment à la réhabilitation des femmes prostituées – et de la Congrégation de Jésus et Marie (eudistes).
Un saint peut devenir « docteur de l’Eglise » si « sa doctrine, mais aussi ce qu'(il) a fait, peut concerner l’Eglise au niveau universel », a expliqué Mgr Crepy à Radio Vatican après la rencontre.
Pour l’évêque, « l’actualité de saint jean Eudes touche la spiritualité des prêtres diocésains ». En effet, « saint Jean Eudes a beaucoup travaillé au service des diocèses, les eudistes ont été fondés au service des diocèses ». Il avait à cœur d’aider les prêtres diocésains à « vivre profondément leur ministère de prêtres », ministère qui a pour mission de « faire naître, vivre, régner (…) Jésus dans le cœur de chacun ».
Saint Jean Eudes avait « une dévotion très très forte pour le cœur de Jésus, souligne encore Mgr Crepy, puisqu’il était le premier à célébrer liturgiquement dans l’Eglise le cœur de Jésus ». Il souhaitait que les baptisés ne fassent « qu’un seul cœur avec le cœur de Jésus », qu’ils vivent « une vraie intériorité » avec le Christ.
Le pape a été « très à l’écoute, très fraternel, très simple et très intéressé » par les échanges, assure l’évêque français : « Il semblait vraiment intéressé par la personnalité de saint Jean Eudes, et ce que saint Jean Eudes pouvait apporter aujourd’hui (…) Il nous a dit qu’il allait sans doute soutenir notre projet mais nous ne laissons agir, nous n’allons pas nous mettre à sa place ».
Les prochaines étapes pour le doctorat, précise-t-il, seront de justifier l’actualité de la doctrine de saint Jean Eudes. La rencontre avec le pape est « un encouragement pour aller dans ce sens ».
Benoît XVI avait évoqué saint Jean Eudes en ces termes lors d’une catéchèse en 2009 : « Animé par la conscience lucide du grave besoin d’aide spirituelle, dont les âmes étaient victimes également en raison du manque de préparation d’une grande partie du clergé, le saint, qui était un curé, institua une Congrégation consacrée de manière spécifique à la formation des prêtres. Dans la ville universitaire de Caen, il fonda son premier séminaire, une expérience extrêmement appréciée, qui se diffusa bientôt largement dans d’autres diocèses. Le chemin de sainteté, qu’il parcourut et qu’il proposa à ses disciples, avait pour fondement une solide confiance dans l’amour que Dieu a révélé à l’humanité dans le Cœur sacerdotal du Christ et dans le Cœur maternel de Marie. (…) Il voulait attirer à nouveau au cœur les personnes, les hommes et surtout les futurs prêtres, en montrant le cœur sacerdotal du Christ et le cœur maternel de Marie ».
« Aujourd’hui aussi, avait-il souligné, on ressent le besoin que les prêtres témoignent de l’infinie miséricorde de Dieu à travers une vie entièrement ‘conquise’ par le Christ, et apprennent cela dès les années de leur préparation dans les séminaires ». « Chaque prêtre doit être témoin et apôtre de cet amour du cœur du Christ et de Marie ».