Pèlerinage Fratello, capture CTV

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Le pape demande pardon aux pauvres pour les chrétiens qui détournent le regard

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Audience au pèlerinage « Fratello 2016 »

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Le pape François a fait une démarche de repentance au nom des chrétiens qui détournent le regard devant les pauvres, en rencontrant des milliers de personnes en situation de précarité, le 11 novembre 2013, au Vatican.

Durant l’audience avec le pèlerinage « Fratello 2016 » qui a eu lieu salle Paul VI dans le cadre du Jubilé de la miséricorde, le pape s’est adressé à quelque 4000 gens de la rue, SDF ou personnes marginalisées de 22 pays, dont de nombreux Français.

« Je vous demande pardon, leur a-t-il dit dans son discours, si parfois je vous ai offensé par mes paroles et pour ne pas avoir dit ce que j’aurais dû dire ». « Je vous demande pardon, a-t-il ajouté, pour toutes les fois où nous chrétiens, devant une personne pauvre ou une situation de pauvreté, nous détournons le regard ».

S’exprimant en espagnol dans un discours improvisé, il a souligné : « Votre pardon pour des hommes et des femmes de l’Eglise qui ne veulent pas regarder ou n’ont pas voulu regarder est une eau bénite pour nous, (…) c’est nous aider à croire à nouveau que dans le cœur de l’Evangile, il y a la pauvreté (…) et que nous devons former une Eglise pauvre pour les pauvres ».

La vie est belle même dans les pires situations

Le pape François a encouragé les plus pauvres à avoir des passions et des rêves : « Ne cessez pas de rêver. (…) Vous devez nous apprendre, à nous tous qui avons un toit, à ne pas être satisfaits ». En effet, « seul celui qui sent qu’il lui manque quelque chose regarde vers le haut et rêve. Celui qui a tout ne peut pas rêver ! »

A plusieurs reprises, le pape a cité en français les paroles de Christian, un ancien de la rue qui avait donné son témoignage un peu plus tôt : « Et la vie devient si belle », a-t-il ainsi souligné sous les applaudissements. Et le pape de saluer la « dignité » des pauvres qui ont « la capacité de voir que la vie est belle même dans les pires situations ».

« Pauvre oui, mais pas esclave ; pauvre oui, mais pas exploité », a-t-il scandé : « La pauvreté est dans le cœur de l’Evangile, pour être vécue. L’esclavage n’est pas dans l’Evangile pour être vécu mais pour en être libéré ».

Au fil de son discours, le pape a souligné que l’un des fruits de la pauvreté est « la capacité d’être solidaire ». Il a demandé aux plus démunis d’enseigner la solidarité au monde. « Quand il y a beaucoup de richesse on oublie la solidarité, on oublie la capacité d’être solidaires parce qu’on est habitué à tout avoir ».

Le pape François a aussi encouragé les pauvres à défendre la paix contre « la plus grande des pauvretés » qui est « la guerre ». « Dans votre pauvreté, dans votre situation, vous pouvez être des artisans de paix, a-t-il assuré. La guerre se fait entre riches pour posséder plus, pour avoir plus de territoire, plus de pouvoir, plus d’argent ».

« Nous avons besoin de paix dans le monde ! Nous avons besoin de paix dans l’Eglise », a encore souligné le pape. Il a conclu la rencontre par une prière demandant au Seigneur pour les pèlerins la « force », la « joie » et l’aptitude à la solidarité.

Les pauvres prient pour le pape des pauvres

C’est le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, qui avait ouvert l’audience en affirmant que « dans la grande fraternité de l’Eglise, (les pauvres) sont notre ‘trésor’, notre richesse ». « Ce qui caractérise les amis de Jésus, a-t-il souligné, c’est qu’ils ont toujours les pauvres avec eux ».

Le Primat des Gaules a salué l’exemple des hommes et des femmes à l’origine du pèlerinage Fratello : ils « ont pris l’Evangile au sérieux », notamment en partageant leur vie avec les plus démunis. Au sein d’appartements partagés, entre ces « colocataires de l’Evangile », a-t-il constaté, « il n’y a ni pauvres ni riches, mais une fraternité unie par une même destinée ».

Il a demandé au pape qu’à la fin de la rencontre, quelques pèlerins puissent prier pour lui, en posant leurs mains sur ses épaules : « Ce sera la prière des pauvres pour le Pape des Pauvres ! ». Ainsi un groupe a entouré l’évêque de Rome, qui s’est recueilli tandis qu’une chorale de gens la rue fondée à Nantes chantait un « Veni Sancte Spiritus ».

Etienne Villemain, président de « Fratello » et responsable de l’association Lazare, a témoigné des appartements partagés avec des personnes de la rue, lancés à Paris. « Merci très Saint Père, a-t-il lancé, de nous rappeler si souvent avec tant de bienveillance que la place des pauvres est au cœur de l’Eglise et non devant sa porte ». Il a aussi solennellement demandé au pape de lancer les « Journées mondiales des pauvres ».

Christian, un ancien de la rue, atteint de schizophrénie, a exprimé sa foi en Dieu, avant de verser des larmes d’émotion devant le pape qui l’a béni. Au terme de l’audience, le pape a fait un long bain de foule, recevant de nombreux présents. Pendant ce temps, la chorale interprétait la « chanson de l’Auvergnat », en mémoire des morts de la rue.

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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