« Les trafiquants, ce sont des prédateurs : ils trient définitivement leurs proies », dénonce Crystal, ancienne victime de la traite.
L’histoire de cette femme des Caraïbes a été rendue publique à la conférence de presse tenue par les membres du « Groupe Sainte-Marthe » en présence du cardinal Vincent Nichols, archevêque de Westminster et président du groupe, le jeudi 27 octobre 2016, au Vatican. La quatrième rencontre de cet organisme international lancé en 2014 par le pape François a eu lieu les 26-27 octobre.
« Ce que me frappe encore aujourd’hui, écrit Crystal dans son témoignage, c’est que mes trafiquants avaient des relations très élevées dans l’Eglise où ils avaient plusieurs amis. »
L’histoire de Crystal est simple. Elle vit « un mariage violent » dans son pays lorsqu’elle rencontre « une amie » – une dame qui voyage souvent en Grande-Bretagne – qui la convainc de quitter les Caraïbes pour s’échapper à son mari violent.
« Je n’avais aucune raison de douter d’elle », écrit Crystal. « Avant de me rendre au Royaume-Uni, je n’avais jamais voyagé en dehors de mon pays, beaucoup moins entendu parler de la traite des personnes. »
La dame met Crystal en contact avec une femme d’une « famille chrétienne » qui lui téléphone régulièrement. « Finalement, avoue Crystal, j’ai commencé à m’ouvrir à elle de plus en plus. Elle m’a alors expliqué qu’elle avait connu la violence domestique dans une relation précédente, elle savait ce que je vivais. »
« On m’a assuré, poursuit-elle, qu’ils (la famille chrétienne) pourront également aider à obtenir mes enfants, une fois que je serais installée. » À ce moment, Crystal a quatre enfants (13 ans, 10 ans, 7 ans et 4 ans) et elle voit son départ à Londres comme « une bouée de sauvetage » pour elle et pour eux : « Je me sentais comme si un sauveur était venu à mon secours. Je l’appelais « mon ange gardien ». J’ai été très naïve. »
À Londres, Crystal se retrouve dans une famille ou elle est obligée de travailler « 18 heures par jour et sept jours par semaine ». Elle ne connaît personne dans le pays et elle dépend « totalement » de son trafiquant.
Aujourd’hui, après plusieurs années de lutte pour changer de vie et pour pouvoir rencontrer ses enfants, Crystal travaille comme conseillère en emploi dans les services de charité du sud-est de Londres. Ses « deux plus jeunes enfants, qui ont maintenant respectivement 19 et 16 ans, ont émigré au Royaume-Uni l’an dernier et ils se sont installés extrêmement bien », écrit-elle. Elle a réussi également à revoir son fils aîné, après « plus d’une décennie ».
Dans son témoignage, elle explique que les trafiquants « sont bien organisés » et qu’ils déplacent sa victime « à plusieurs reprises ». Elle-même a travaillé pendant 4 ans « dans trois familles différentes ».
Arrêtée par la police, Crystal a été placée dans une maison pour les migrants et elle a dû attendre encore 5 ans une décision du Ministère de l’Intérieur concernant son cas. Finalement, ses deux trafiquants ont été arrêtés.
« De cette expérience, écrit Crystal, j’ai appris que le Seigneur est plus que capable de nous emmener à travers toutes circonstances ou situations. Ma marche spirituelle avec le Christ a certainement grandi beaucoup plus fort parce que j’ai pu compter sur ma force intérieure; quelque chose que je ne savais même pas avoir. »
