« Quelle que soit la forme spécifique de l’exploitation par le travail, elle implique toujours la soumission du travailleur à l’employeur. C’est une situation de para-esclavage, et, dans de nombreux cas, de véritable esclavage ». C’est ce qu’a affirmé Mgr Janusz Urbanczyk, représentant permanent du Saint-Siège à la conférence de l’OSCE intitulée « La traite des êtres humains et ses victimes, les faits nouveaux », le 21 octobre 2016.
Déclaration de Mgr Urbanczyk
Je vous remercie, Madame la Modératrice,
Ma délégation se joint aux orateurs précédents pour étendre sa gratitude aux orateurs pour leur présentation solide et instructive.
La traite des êtres humains et leur exploitation pendant ou après avoir été victimes de la traite sont des crimes condamnés par tous les systèmes juridiques. Les victimes sont des personnes qui, avant ou pendant qu’elles fuyaient les guerres et les conflits, l’injustice et l’oppression, ou en chemin vers un nouveau départ pour échapper à la pauvreté, aux inégalités économiques ou aux catastrophes naturelles, ont été confiées ou se sont confiées elles-mêmes à des « fixeurs » peu fiables qui les ont réduit, en utilisant souvent la violence, à des produits d’exploitation. Ceux qui commettent ces crimes, comme l’a dit le pape François de manière éloquente, « sont de véritables sangsues et vivent sur l’effusion de sang des autres … » (1).
Les victimes de la traite des êtres humains et de l’exploitation par le travail sont des réfugiés, des demandeurs d’asile, des migrants, des mineurs non accompagnés. Ce sont des hommes, des femmes et des enfants. Leur travail est exploité dans des secteurs divers, tels que l’agriculture, la construction, les restaurants et l’emploi domestique. Cependant, l’exploitation par le travail a aussi un côté plus sombre, quand elle a lieu dans un cadre pénal : la prostitution, la pédophilie, la mendicité organisée, la vente de médicaments et de biens volés. Beaucoup de ces personnes, précisément à cause de leur situation d’illégalité ou parce qu’elles ne disposent pas encore d’un « statut », sont encore plus vulnérables au chantage.
Quelle que soit la forme spécifique de l’exploitation par le travail, elle implique toujours la soumission du travailleur à l’employeur. C’est une situation de para-esclavage, et, dans de nombreux cas, de véritable esclavage, comme lorsque l’exploitation par le travail fait suite à la traite ou au trafic d’êtres humains. Trop souvent, pour les milliers de personnes qui cherchent un refuge, l’assujettissement à l’exploitation de la main-d’œuvre est la seule façon de trouver du travail.
À cet égard, une question qui exige une attention est l’impact des structures économiques injustes ou iniques sur l’exploitation par le travail. Un marché mondial, régional ou national qui permet aux entreprises de prospérer tout en travaillant en dehors de la loi et en ignorant les exigences de la justice envers les travailleurs et les clients, n’est pas sain et doit être combattu. Dans une telle situation, ceux qui souffrent sont les travailleurs, qui font face à la réduction des salaires, au manque de garanties contractuelles et à toute autre forme d’exploitation.
En conclusion, le Saint-Siège souhaite réitérer son engagement à faire progresser la justice pour les travailleurs, un engagement très profondément nécessaire lorsque les victimes de l’injustice ne sont pas seulement des travailleurs, mais des victimes de la traite, exploitées au profit criminel des autres.
Je vous remercie, Madame la Modératrice.
© Traduction de Zenit, Constance Roques
Mgr Janusz Urbanczyk - Stift Klosterneuburg
OSCE: l'exploitation au travail est du "para-esclavage"
Intervention de Mgr Urbanczyk