Assise, méditation du pape François pour la prière des chrétiens pour la paix, capture

Assise, méditation du pape François pour la prière des chrétiens pour la paix, capture

Répondre au cri des assoiffés de paix par la paix et non par du vinaigre

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Supplication œcuménique pour la paix dans le monde

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Dans le « J’ai soif » de Jésus « nous pouvons entendre la voix de ceux qui souffrent, le cri caché des petits innocents exclus de la lumière de ce monde, la supplication qui vient du fond du cœur des pauvres et de ceux qui ont le plus besoin de paix », fait observer le pape François dans sa méditation pour la prière œcuménique pour la paix, en la basilique inférieure d’Assise, ce mardi 20 septembre 2016, qui a débuté à 15h50. Il invite à y répondre par la miséricorde et par la paix et non par du « vinaigre » comme celui que les soldats présentaient à Jésus.
Au même moment, les représentants de différentes religions se retrouvaient en différents lieux de la ville de saint François pour prier chacun selon sa tradition religieuse et implorer de Dieu le don de la paix.
Boire chaque jour la miséricorde
Les chrétiens se sont rassemblés autour du pape François, du patriarche de Constantinople Bartholomée Ier, et de l’archevêque anglican de Cantorbéry, Justin Welby, en présence de différents cardinaux et du prieur de Taizé, le fr Alois.
Après la lecture du livre d’Isaïe invitant à recevoir « gratuitement » et à entrer dans « l’Alliance éternelle » (ch. 55), le Rév. Welby a insisté sur l’appel universel et sur la confiance : « Dieu nous appelle tous » et « à faire confiance ». Il a aussi invité à la même « générosité » qui donne gratuitement mais pour cela à « venir boire tous les jours à la miséricorde » et pouvoir ainsi faire miséricorde aux autres. Il a pris comme exemple le travail de la communauté de Sant’Egidio : « un signe de ce qui est possible avec la miséricorde de Dieu ».
La seconde lecture était tirée de l’Apocalypse de saint Jean : « Que celui qui a soif reçoive l’eau de la vie, gratuitement ».  Elle a été commentée par le patriarche Bartholomée qui voyait dans le pèlerinage d’Assise une réponse à l’appel de Dieu qui dit « Viens ! ». Il a insisté sur l’importance du « témoignage – « martyria » – de communion » demandé aujourd’hui aux chrétiens. « Nous devons avoir soif de l’eau vive qui jaillit continuellement pour nous » et qui constitue une « manifestation de l’amour nuptial qui unit, dans le Christ, Dieu et l’humanité ». Et cette eau vive, les chrétiens sont appelés à « l’offrir au monde » en en témoignant comme « communion d’amour ». Or, pour « pouvoir crier « Viens Seigneur Jésus ! » avec nos frères assoiffés de paix », il faut, disait-il, « traverser un changement radical de mentalité », une « metanoia » et cela commence par « l’écoute » et le « silence » qui « libère de toute chaîne » : « Il ne peut pas y avoir de conversion sans écoute ». Puis, a continué le patriarche, cette « metanoia » peut « purifier la mémoire » et « vaincre le mal » et donne de pouvoir « témoigner que Jésus est la plénitude de la Révélation ». Une conversion qui se fait « koinonia », « communion », a-t-il encore expliqué : « Alors, on pourra offrir l’eau de la paix », en étant des « témoins prophétiques de Sa paix ». De fait, la paix est possible s’il y a, a conclu le patriarche, « écoute, conversion, témoignage prophétique et communion ».
L’Evangile proclamé par le diacre était le récit de la mort de Jésus selon saint Jean, et le cri de Jésus : « J’ai soif ! » Le pape François a ensuite pris la parole.
Les chrétiens, des « arbres de vie »
Le texte complet de la méditation du pape François se trouve ici. Pour le pape, les baptisés sont appelés à être « des “arbres de vie” qui absorbent la pollution de l’indifférence et restituent l’oxygène de l’amour ».
Dans sa méditation sur la soif du Christ et des pauvres, le pape a en effet décrit cette soif en disant notamment : « Elles implorent la paix, les victimes des guerres qui polluent les peuples de haine et la terre d’armes; ils implorent la paix, nos frères et sœurs qui vivent sous la menace des bombardements ou sont contraints de laisser leurs maisons et d’émigrer vers l’inconnu, dépouillés de tout. Tous ceux-là sont des frères et des sœurs du Crucifié, petits dans son Royaume, membres blessés et desséchés de sa chair. Ils ont soif. »
Puis il a médité sur le « vinaigre offert par les soldats à Jésus en disant encore : « Mais à eux il leur est souvent donné, comme à Jésus, le vinaigre amer du refus. Qui les écoute? Qui se préoccupe de leur répondre? Ils rencontrent trop souvent le silence assourdissant de l’indifférence, de l’égoïsme de celui qui est agacé, la froideur de celui qui éteint leur cri à l’aide avec la facilité avec laquelle on change un canal de télévision. »
Voilà pour le pape au contraire la vocation du baptisé : « Devant le Christ crucifié, «puissance de Dieu et sagesse de Dieu» (1 Co 1, 24), nous chrétiens, nous sommes appelés à contempler le mystère de l’Amour non aimé et à répandre de la miséricorde sur le monde. »
D’où cette comparaison de « l’arbre de vie » : « Sur la croix, arbre de vie, le mal a été transformé en bien; nous aussi, disciples du Crucifié, nous sommes appelés à être des “arbres de vie” qui absorbent la pollution de l’indifférence et restituent au monde l’oxygène de l’amour. Du côté du Christ en croix sort de l’eau, symbole de l’Esprit qui donne la vie (cf. Jn 19 34); ainsi, que de nous, ses fidèles, sorte de la compassion pour tous les assoiffés d’aujourd’hui. »
Le pape invitait à imiter la Vierge Marie, débout au pied de la croix pour que la communion et l’unité grandissent et que la miséricorde se répande et la paix : « Comme Marie près de la Croix, que le Seigneur nous accorde d’être unis à Lui et proches de celui qui souffre. En nous approchant de tous ceux qui aujourd’hui vivent comme des crucifiés et en puisant la force d’aimer au Crucifié ressuscité, croîtront encore plus l’harmonie et la communion entre nous. «C’est Lui, le Christ, qui est notre paix» (Ep 2, 14), lui qui est venu pour annoncer la paix à ceux qui sont proches et à ceux qui sont loin (cf. v. 17). Qu’il nous garde tous dans l’amour et nous rassemble dans l’unité, dans laquelle nous sommes en chemin, pour que nous devenions ce que lui désire: «un » (Jn 17, 21). »
Grande prière d’intercession pour la paix du monde
La méditation de la Parole de Dieu a été suivie d’une prière d’intercession pour 28 pays et régions en proie à des conflits et à chaque fois un témoin se levait pour allumer un cierge, tandis que l’assemblée suppliait « Kyrie Eleison » : Syrie, Afghanistan, Birmanie, Burundi, Colombie, Amérique centrale, République démocratique du Congo, les deux Corée, L’Ethiopie et l’Erythrée, l’Irak, le Cachemire, la Libye, le Mali, le Mexique, la région du Mindanao, aux Philippines, le Mozambique, le Haut-Karabagh où s’affrontent Arméniens et Azéris, le Nigeria, le Pakistan, le Casamance, au Sénégal, la Somalie, le Soudan du Sud, l’Ukraine, le Venezuela, le Yémen, la Terre Sainte, et pour « toutes les autres terres polluée par le virus de la haine ».
La célébration s’est achevée par l’échange d’un signe de la paix du Christ, la prière du Notre Père et la bénédiction finale des responsables chrétiens présents et celle du pape François.
Les représentants de toutes les religions avaient ensuite rendez-vous sur le parvis de la basilique franciscaine pour les allocutions finales – dont celle du pape François – et la signature solennelle de l’Appel à la  paix.

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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