P. Federico Lombardi © ZENIT - Photo by HSM

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Vatileaks 2: un procès qu’il fallait faire pour prévenir le retour de telles affaires

Note du directeur de la salle de presse du Saint-Siège après la sentence

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« Devait-on le faire? A-t-il été mené correctement? Avec quelles conclusions? » : c’est la triple question posée par une note, en italien, du directeur de la salle de presse du Saint-Siège, le père Federico Lombardi SJ, ce jeudi soir, 7 juillet 2016, après la sentence du procès dit “Vatileaks 2”. Oui, il fallait que le procès ait lieu, notamment pour faire réfléchir et pour prévenir le retour de telles affaires, répond-il, après avoir examiné les raisons du procès et son déroulement y compris la sentence qui, dit-il, allie « justice » et « clémence ».
Le père Lombardi indique par ailleurs que les « motivations » de la sentence – deux peines de prison fermes de quelques mois dont une suspendue pour 5 ans, et trois acquittements – seront déposées dans les semaines à venir et qu’elles pourront être connues », et il rappelle que les accusés ont trois jours pour se pourvoir en appel.
En effet, les deux journalistes italiens Gianluigi Nuzzi et Emilio Fittipaldi, accusés d’avoir divulgué dans leurs livres notamment, des documents réservés du Saint-Siège, ont été acquittés après 21 audiences, le tribunal du Vatican se déclarant « incompétent » (défaut de juridiction). Est également acquitté, l’ancien assistant de Mgr Vallejo, Nicola Maio.
Mgr Lucio Angel Vallejo Balda est condamné à 10 mois de prison ferme et Mme Francesca Immacolata Chaouqui à 10 mois, mais la peine est suspendue pour cinq ans: elle vient d’accoucher d’un petit garçon le 15 juin.
Une maladie interne et l’information correcte

Oui, estime le père Lombardi « il fallait le faire ». Et d’expliquer : « Parce qu’il y a une Loi et de plus une loi récente (2013) et promulguer pour contrecarrer les fuites d’informations. Ces dernières années, s’est développé un système juridique et pénal du Vatican pour rendre celui-ci plus complet et le mettre à la hauteur des exigences d’aujourd’hui pour affronter l’illégalité dans différents domaines. On ne peut pas déclarer des intentions, et établir des normes et ne pas être cohérent en le mettant en pratique, en poursuivant qui n’observe pas les lois. »
Il ajoute cette préoccupation pour une information « objective et sereine » à laquelle l’opinion publique a droit : « On devait le faire pour démontrer la volonté de combattre par des décisions les manifestations et les conséquences incorrectes des tensions et des polémiques internes au Vatican qui depuis un certain temps se reflètent trop fréquemment aussi à l’extérieur par des indiscrétions ou de communication de documents aux médias, ce qui crée un cercle et un contexte ambigu et négatif d’interactions entre les discussions internes et les relances extérieures par les communications sociales, avec des conséquences négatives aussi sur l’opinion publique qui a le droit à une information objective et sereine. Voilà une « maladie » comme le dirait le pape François, à combattre avec détermination. »
Voilà aussi pourquoi il était important d’examiner le rôle des journalistes, explique le père Lombardi : « Pour connaître et évaluer les différents aspects de cette situation, il était juste d’affronter courageusement aussi la dimension du rôle et de la responsabilité effective – ou pas – des journalistes dans cette affaire, en dépit des polémiques prévisibles à propos de la protection de la liberté de la presse. Elle doit être bien sûr protégée mais la profession de journaliste peut elle aussi avoir des limites à respecter s’il y a en concurrence d’autres biens importants à protéger, et il est juste de vérifier se cela s’est produit ou pas. Comme on l’a redit plusieurs fois, ce n’était en aucune façon un procès contre la liberté de la presse. »
Le « porte parole » du saint-Siège rappelle la décision de Benoît XVI de tenir aussi un procès dans l’affaire dite « Vatileaks 1 » – du vol de documents réservés par son majordome de l’époque – : « Benoît XVI aussi, bien qu’il n’y eût pas encore la loi actuelle, avait considéré qu’il était juste que la justice « humaine » suive son cours jusqu’à la sentence pour son majordome. Maintenant, de façon analogue, même si la responsabilité de la divulgation remontait clairement à un ecclésiastique important, il n’aurait pas été juste d’utiliser pour cette raison un traitement différent. » Le majordome a ensuite été gracié par Benoît XVI qui lui avait auparavant manifesté son pardon en allant le trouver dans sa cellule du Vatican.
Autonomie et liberté du collège des juges
Pour ce qui est du déroulement du procès – deuxième question -, le père Lombardi répond: « Le procès a été mené avec la pleine volonté de respecter les lois et les procédures prévues, les exigences du droit et de la défense des accusés. Avec des juges te des avocats compétents, et avec un débat public transparent. On a écouté des témoignages très autorisés, comme celui, mentionné plusieurs fois – pendant le débat et en dehors -, du Dr Paolo Mieli. Le temps global du procès a été limité, et même bref, se l’on tient aussi compte des deux mois employés pour l’expertise informatique demandée par la défense. » Le père Lombardi précise : premières arrestations le 31 octobre et le 1er novembre 2015, renvoi devant le tribunal le 24 novembre, et 21 audiences en tout.
Quant à la sentence, le père Lombardi ajoute qu’elle a été formulée par le « collège des juges », trois juges, Giuseppe Dalla Torre, président du tribunal, Piero Antonio Bonnet, Paolo Papanti-Pelletier, le chancelier étant Raffaele Ottaviano. 
 Et ceci, dit le père Lombardi, « en totale autonomie, avec une attitude à la fois de justice et de clémence, selon l’esprit du renouveau de la législation pénale voulu par Paul VI en 1969 ».
Il insiste sur l’importance du débat : « Comme tous ceux qui ont suivi le procès ont pu le comprendre facilement, le débat a eu un rôle fondamental dans la formation du jugement du collège qui ne s’est pas laissé conduire par des positions préconçues, pour arriver à la fin à des sentences d’acquittement dont on ne peut que se réjouir. »
Des réflexions utiles à l’avenir
Troisième point, les conclusions. Le directeur de la salle de presse du Saint-Siège espère que ce procès permettra d’éviter la répétition de tels événements : « On souhaite qu’en dépit de la tristesse que tout délit et l’affaire en justice qui s’ensuit causent forcément, on puisse ne tirer les conclusions et les réflexions utiles pour prévenir à l’avenir que des situations et des affaires semblables ne se répètent. »

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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