Le Train des enfants, samedi 28 mai 2016, L'Osservatore Romano

Le Train des enfants, samedi 28 mai 2016, L'Osservatore Romano

Le Train des enfants: les migrants, pas "un" danger, mais "en" danger

Le gilet de sauvetage d’une petite victime de la Mer Egée…

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« Les migrants ne sont pas un danger, mais ils sont en danger »,  déclare le pape, citant une phrase de la lettre que lui ont écrite des enfants du « Train des enfants » pour lui demander de le rencontrer, rapporte L’Osservatore Romano. Il a invité les enfants à prier et à donner un nom à une petite fille de six ans, noyée devant les côtes grecques.
Le train est arrivé en gare du Vatican, samedi 28 mai, et les enfants ont rencontré le pape François, à la mi-journée, dans le hall la salle Paul VI. Le pape est venu à leur rencontre en tenant en main le gilet de sauvetage d’une petite fille syrienne morte alors qu’elle cherchait à rejoindre, avec ses parents, la plage de Lesbos : avec les dessins que lui ont donnés des enfants pendant sa visite au camp de réfugiés de l’île grecque, le pape conserve ce gilet parmi ses objets les plus chers. Il lui a été remis lors de l’audience générale de mercredi dernier, 25 mai, place Saint-Pierre par Oscar Camps, responsable de l’ONG espagnole « Proactiva Open Arms« : il était en larmes au souvenir de cette petite fille qu’il n’a pas réussi à sauver.
Le pape a serré le jeune Nigérian dans ses bras: celui-ci lui a confié avoir trouvé à Lamezia Terme, grâce à don Giacomo Panizza et au sein de sa communauté pour mineurs étrangers, un soutien qui lui a permis d’être accueilli par une famille italienne, rapporte la même source.
Ensemble ils ont récité un ‘Je vous salue Marie’ en souvenir de tous ces migrants morts en mer. Et en particulier en souvenir de cette petite Syrienne : « elle avait à peine six ans, a dit le Pape, et nous ne savons même pas quel était son nom ». Mais « que chacun de vous – a-t-il demandé aux jeunes Calabrais – lui donne le nom qu’il veut, dans son cœur. Elle est au ciel et nous regarde. Fermons les yeux, pensons à elle et donnons-lui un nom ». « Avec la certitude, a-t-il ajouté, que la Vierge Marie la serre dans ses bras pour lui faire un baiser».
Le pape François a continué cet échange avec les enfants sur la façon et les raisons d’accueillir les migrants, en mettant l’accent sur le dessin d’un petit Joseph, que le pape a appelé à ses côtés pour expliquer la beauté du groupe d’enfants qu’il a représentés: de couleurs de peau différentes et qui jouent ensemble. Puis il a continué avec Antonio, Guglielmo, Ariston – du Sri Lanka – et Sabba.
Le pape est parti de l’image des vagues de la mer : « cette mer qui est si belle en Calabre mais qui, malheureusement parfois, devient pourtant un tombeau pour les migrants qui cherchent à sauver leur vie, en quête d’une vie meilleure, d’un travail ».
Il a demandé aux enfants de réagir en sortant de « l’indifférence » et et sans « tergiversations », pour accueillir les autres comme « des frères » : accueillir, a expliqué le pape en citant la Parabole du Bon Samaritain, veut dire « prendre soin de l’autre ». Il a invité à faire les gestes concrets de l’accueil: « serrer la main », « ouvrir les bras » et avoir « de la tendresse » qui pousse à « embrasser », à « faire une caresse ».
Il a invité les enfants à répéter plusieurs fois à haute voix : « Ils ne sont pas un danger, mais ils sont en danger »: l’étranger « n’est pas dangereux ni mauvais », il ne doit pas « faire peur simplement parce qu’il a une couleur de peau différente, une culture ou une religion différente ». Le pape a rappeler que « la vie c’est partager, parce que nous sommes tous frères et nous avons Dieu comme père ».
Un enfant lui a demandé comment « on peut se dire chrétien, aller à la messe, et ensuite refuser les migrants ». Le pape a diagnostiqué de « l’hypocrisie », invitant à « ne pas être égoïste », mais à « avoir le courage de faire des gestes de partage généreux ».
Les enfants ont aussi exprimé au pape leur indignation face au manque d’accueil où ils voient « une injustice »: Antonio, dix ans, en est venu à dire que les personnes qui ne sont pas accueillantes « sont des bêtes ». « En réalité, a voulu préciser le pape, Antonio n’a voulu insulter personne mais le cœur de l’homme doit être capable de tendresse. »
Une petite fille romaine a fait observer que le sport enseigne l’amitié, à « ne pas tricher et à respecter le prochain: le pape a saisi l’occasion pour évoquer les valeurs du jeu et du sport, ce que signifie « faire équipe ensemble ».
Il a aussi répondu, simplement, à une autre jeune de Rome qui lui demandait ce que l’on ressent à être pape : « Jésus me l’a demandé »
Le train avec les enfants, un Frecciargento (Flèche-d’argent) parti de Lamezia ce samedi 28 mai à 6 heures, est arrivé à 11h20 à la station du Vatican. La présidente du groupe de Chemins de Fer italiens, Gioia Pezzi, l’accompagnait.
Ce sont les cardinaux Giuseppe Bertello, président du Gouvernorat, et Gianfranco Ravasi, président du Conseil pontifical pour la culture, promoteur de l’initiative dans le cadre du Parvis des gentils, qui les ont accueillis.
Les enfants sont arrivés en chantant « Portés par les vagues », accompagnés de soixante jeunes de l’orchestre et de cinquante représentants de l’association romaine Sport sans frontières, engagée pour donner des occasions de divertissement gratuit dans les banlieues et favoriser l’insertion sociale.

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Hugues de Warren

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