« Sans cette expérience de partage, de partage politique et de partage des difficultés qui arrivent sur le continent, l’Europe est vraiment un échec », a affirmé Mgr Dario Edoardo Vigano.
Après le voyage du pape dans un camp de réfugiés à Lesbos, le 16 avril, le préfet du Secrétariat pour la communication vaticane s’est exprimé sur Radio Vatican à propos de la gestion du problème des migrants par l’Union européenne.
« L’Europe se dit une ‘communauté’, mais elle n’est pas prête au partage, a constaté Mgr Vigano. Si la gestion des réfugiés est une gestion démagogique pour ériger de nouveaux murs, de nouvelles barrières, c’est la fin de la Communauté européenne », a-t-il ajouté.
« Il nous faut des hommes politiques qui retournent aux grandes idées, à ces grands rêves d’une communauté européenne », a souligné le préfet du Secrétariat pour la communication vaticane.
Mgr Vigano a estimé que la politique de l’Europe sur cette question était « bien tactique, en ce moment, et bien peu stratégique ». « Je crois que l’Europe a peur », a-t-il dit.
Cependant, le problème des migrants ne devrait pas « être source de peur, mais vu comme une grande ressource, une grande chance », selon Mgr Vigano. « Le problème devrait être géré de manière européenne », a-t-il précisé en abordant la situation « très grave » du manque de main-d’œuvre en Europe.
« La génération des années 80 partira à la retraite à 75 ans. Pourquoi ? Parce qu’il y a un problème de main-d’œuvre, a dit le préfet. Bien entendu, ces migrants peuvent représenter une grande chance. Mais cela veut dire mettre en place de vraies politiques d’intégration, des politiques concrètes concernant l’emploi. »
En évoquant le voyage à Lesbos, Mgr Vigano a souligné que le pape François l’avait « vécu très intensément », « surtout dans le camp de réfugiés ».
« Il a touché du doigt une humanité doublement désespérée, a souligné le préfet, désespérée parce que fuyant la guerre et désespérée parce que l’Europe garde la porte fermée et qu’il n’y a plus d’ouverture possible. »
Mgr Vigano a raconté un épisode concernant les trois familles ramenées à Rome par le pape : « Avant que le pape ne monte à bord de l’avion, on avait fait monter les trois familles pour déterminer leurs places, car elles avaient appris seulement la veille qu’elles allaient partir. Après avoir déposé leurs affaires, on les a invitées à redescendre sur le tarmac pour remonter ensuite avec le pape. Mais elles ne voulaient plus descendre. Pourquoi ? Parce qu’elles avaient peur d’être laissées en bas. »
« Ces gens-là fuient une situation de guerre, a expliqué Mgr Vigano, ils courent après l’espérance, la voient approcher, et puis c’est la déception et ils replongent. Cette alternance entre ‘espérance’ et ‘déception’ est difficile à vivre et c’est ce qui explique la réaction de ces trois familles : monter dans un avion et ne pas vouloir en redescendre. C’est normal. Voilà, le pape a vécu dans cette atmosphère. »
Avec une traduction d’Océane Le Gall
Visite du camp de réfugiés de Moria, Lesbos, 16 avril 2016 - L'OSSERVATORE ROMANO
Sans partage, l'Europe en échec, par Mgr Vigano
Les migrants sont «une grande ressource, une grande chance» pour l’Europe