Le P. Federico Lombardi, SJ, directeur de la salle de presse du Saint-Siège, revient sur la visite du pape à Lesbos le samedi 16 avril.
Nous publions des extraits de sa réaction à chaud, au micro de Radio Vatican, dans notre traduction.
P. Lombardi : Comme nous le savons, le pape désire toujours la rencontre, la rencontre personnelle et aussi, ici, au centre des réfugiés, il a voulu consacrer un long temps justement à saluer, caresser, embrasser les personnes, beaucoup de mineurs, un par un, des centaines de personnes. Clairement, en cette occasion, l’aspect œcuménique est absolument fondamental et original, mais il est naturel vu le lieu où nous nous trouvons : un pays à grande majorité orthodoxe ; et par conséquent le pape vient dans un lieu dont les responsables religieux sont les chefs de l’orthodoxie, le patriarche œcuménique et l’archevêque d’Athènes et de toute la Grèce, qui ont été très heureux de pouvoir faire avec le pape cet acte de présence et d’engagement qu’ils partagent pleinement, parce qu’eux aussi sont extrêmement préoccupés, impliqués dans cette histoire dramatique. Les chrétiens, ici, se sont montrés unis, et à l’égard de personnes qui, pour la plupart, ne sont pas chrétiennes, parce que beaucoup de ces réfugiés viennent de pays qui ne sont pas à majorité chrétienne, même s’il y a aussi des chrétiens qui viennent de pays du Moyen-Orient comme la Syrie où ils ont été persécutés ou mis dans des situations très difficiles.
Radio Vatican : Les trois interventions ont été très fortes. Quelle a été votre impression ?
P. Lombardi : Je dirais que c’est justement cela qui m’a marqué, cet aspect de participation intense, d’une participation affectueuse, humaine ; parce que ce fut le cas. Reconnaître que ces personnes ne sont pas des numéros, ne sont pas des objets, ne sont pas quelque chose que l’on peut trimballer ici ou là selon les forces des conflits ou des intérêts économiques, mais que ce sont vraiment des personnes individuelles. En ce sens, cette rencontre pour serrer dans ses bras, caresser, que les trois chefs religieux ont voulu faire ensemble, a manifesté cette dimension concrète.
RV : Dans la Déclaration conjointe qu’ils ont signée, il y a aussi une demande de trouver des solutions, comme par exemple d’accorder l’asile temporaire aux réfugiés qui en ont besoin.
P. Lombardi : La Déclaration conjointe est l’acte par lequel les trois chefs ensemble lancent des appels aux responsables, aux autorités qui peuvent faire quelque chose de positif face à cette immense situation. Ensuite, à chacun ses responsabilités. Les chefs religieux ont une autorité morale, ensuite ce sont les politiques ou les personnes qui ont des responsabilités opérationnelles dans la société qui doivent s’efforcer de trouver des solutions qui ne sont certes pas faciles. Il est donc juste de lancer des appels et il faut aussi comprendre que ce sont des situations extrêmement complexes, que ce soit en raison des dimensions de cet exode, de la complexité des problèmes ou de la multiplicité des pays impliqués dont chacun a une perspective qui lui est propre et différente des autres par rapport aux urgences qui se présentent. Mais l’unité de trois personnes aussi autorisées, pour lancer des appels et rappeler devant le monde que cette situation n’est pas tenable, est certainement une grande contribution à l’engagement de tous.
© Traduction de Zenit, Constance Roques
Père Federico Lombardi SJ, ZENIT HSM
Déclaration de Lesbos : un appel aux responsables, par le P. Lombardi
L’autorité morale des trois chefs religieux