Le cardinal secrétaire d’Etat, Pietro Parolin, recommande à l’université catholique de pourvoir à une « formation intégrale des étudiants ».
Le cardinal Parolin s’exprime sur la vocation de l’université catholique dans une lettre adressée, au nom du pape François, au cardinal Angelo Scola, – archevêque de Milan – président de l’Institut G. Toniolo d’études supérieures, à l’occasion de la 92e Journée nationale italienne pour l’université catholique du Sacré-Cœur.
Le pape a lui-même évoque cette journée après la prière mariale du Regina caeli, dimanche, en disant: « Aujourd’hui en Italie, on célèbre la Journée nationale pour l’université catholique du Sacré-Cœur-de-Jésus, qui a pour thème : « Nell’Italia di domani io ci sarò ». J’espère que cette grande université, qui continue de rendre un précieux service à la jeunesse d’Italie, trouvera encore plus de force pour continuer sa mission de formation, et l’adapter aux exigences modernes. »
Voici notre traduction intégrale de l’italien, de la lettre du cardinal Parolin.
A.B.
Lettre du card. Parolin
Monsieur le Cardinal,
Le monde doit affronter des défis toujours plus grands et exigeants qui requièrent des personnalités mûres et compétentes, capables de se dépenser avec générosité dans les nouveaux scénarios nationaux et internationaux. Telle est l’une des principales finalités des universités catholiques auxquelles l’Église confie la charge de former les nouvelles générations à la lumière des principes de la foi chrétienne et de la tradition catholique pour construire des réseaux de solidarité authentique et contribuer au bien commun. Pour aborder cette mission engageante, il est nécessaire en premier lieu, comme l’a rappelé le Saint-Père, de « préparer les cœurs pour que le Seigneur se manifeste, mais dans la totalité : c’est-à-dire dans la totalité de l’humanité qui a aussi cette dimension de transcendance » (Discours aux participants au Congrès mondial organisé par la Congrégation pour l’éducation catholique, 21 novembre 2015).
Sans un regard orienté vers les valeurs fondamentales de la vérité, du bien, de la justice et de la paix, qui naît d’une authentique ouverture d’esprit, il ne sera pas possible de faire obstacle aux fortes poussées vers le matérialisme et le positivisme scientifique qui semblent être les coordonnées dominantes sur lesquelles se meuvent la culture et la société de notre temps. C’est pourquoi il est important de renouveler tous nos efforts afin que les nouvelles générations trouvent des personnes, des institutions et des lieux où pouvoir réaliser une formation intégrale rendue possible par le dialogue ouvert et constructif entre foi et raison, entre les divers mondes du savoir et la théologie. Dans cette perspective, tout le monde reconnaît la contribution fondamentale offerte en Italie par l’université catholique du Sacré-Cœur que le P. Agostino Gemelli, avec ses collaborateurs, a voulue comme référence solide et qualifiée pour la formation des nouvelles générations dans les divers domaines du savoir et dans les différents milieux professionnels.
Il n’est pas moins urgent que dans le passé d’investir dans la formation des jeunes qui traversent aujourd’hui une saison d’incertitude et de précarité que ce soit du point de vue social ou sur le plan religieux, comme le montrent amplement les études menées à travers le projet Rapport Jeunes, dirigé par l’Institut Toniolo et par l’Université catholique. Le service précieux et qualifié offert par l’Athénée des catholiques italiens, depuis sa création, est soutenu par la proximité et par la contribution de la communauté ecclésiale qui célèbre tous les ans une Journée nationale pour l’université catholique du Sacré-Cœur. Le thème choisi pour la 92e Journée, qui sera célébrée le dimanche 10 avril, est « L’Italie de demain : j’y serai » afin, par cette expression, d’accueillir explicitement l’invitation que le Saint-Père a adressée aux jeunes lors du Congrès ecclésial à Florence. Les invitant à être les témoins d’un nouvel humanisme en partant de la personne et des sentiments de Jésus, il leur a dit : « Je vous demande d’être des bâtisseurs de l’Italie, de vous mettre au travail pour une Italie meilleure. » Et en un temps qui « requiert de vivre les problèmes comme des défis et non comme des obstacles », il leur a indiqué une voie qui se traduit comme une mise en œuvre concrète de l’Année de la miséricorde : « Vous donc, sortez dans les rues et allez aux carrefours : tous ceux que vous trouverez, appelez-les, que personne ne soit exclu » (cf. Mt 22,9) (Discours dans la cathédrale de Florence, avec les participants au Congrès ecclésial national, 10 novembre 2015).
Éduquer les jeunes dans cette perspective est une tâche fascinante et très exigeante qui demande un effort commun de la part de toute la communauté ecclésiale. Mais il faut aussi une capacité constante de renouvellement de l’institution académique elle-même, appelée à conjuguer les incontournables valeurs originelles et constitutives avec les nouvelles exigences d’un système universitaire complexe et ouvert aux nouveaux scénarios internationaux. Outre l’offre d’une formation de haut niveau scientifique, un signe distinctif de l’Athénée catholique devra être de plus en plus une éducation prononcée à la solidarité et au service des derniers, à travers toutes les dimensions du savoir et du « vivre » humain. Un signe particulier de ce lien indissoluble entre la dimension académique et le service rendu aux plus démunis et aux personnes souffrantes, comme les malades, est donné par la Polyclinique universitaire A. Gemelli qui a représenté la réalisation d’un rêve de son fondateur et qui devrait être toujours plus reconnaissable comme lieu exemplaire de formation et de soin d’inspiration chrétienne.
Le Saint-Père, tout en accueillant avec joie le pèlerinage jubilaire à Saint-Pierre de l’Université catholique, prévu pour le 9 avril prochain, donne l’assurance de sa proximité et de son souvenir constant dans la prière afin que l’Athénée des catholiques italiens, soutenu par l’Institut Toniolo d’études supérieures, puisse continuer d’offrir aux jeunes un soutien valable par une formation intégrale et par des choix de vie, en aidant surtout ceux qui sont méritants mais qui ont moins de possibilités. À propos de cette finalité spécifique, la contribution habituelle que le Saint-Père a décidé de destiner à cet Institut d’études supérieures méritant sera envoyée, et je formule mes meilleurs vœux personnels pour l’activité et le développement de l’Athénée des catholiques italiens.
Demandant que l’on prie pour lui et pour son service de l’Église, Sa Sainteté confie à nouveau l’Athénée au Sacré Cœur de Jésus et à la Vierge Marie, Siège de la Sagesse, et envoie une bénédiction particulière à Votre Éminence, au Recteur magnifique, à l’Assistant ecclésiastique général, aux membres de l’Institut Toniolo, aux professeurs, au personnel technique et administratif et à tous les étudiants.
Je prie Votre Éminence d’agréer mes salutations les plus distinguées.
© Traduction de Zenit, Constance Roques
