Synode des évêques sur la famille (1re session, 2014).

PHOTO.VA - OSSERVATORE ROMANO

Des carences dans la préparation au mariage

Conférence de presse dans l’avion Ciudad Juarez-Rome

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Le pape François déplore les carences de la préparation au mariage qu’il évoque lors de la conférence de presse dans l’avion Ciudad Juarez-Rome (17-18 février).
Le pape a notamment fait remarquer le déséquilibre entre la préparation au sacerdoce et la préparation au mariage : « Réalisez que, pour devenir prêtre, il y a huit ans d’études, de préparation, et ensuite, après un certain temps, si tu n’y arrives pas, tu demandes une dispense et tu t’en vas, et tout est réglé. En revanche, pour un sacrement qui est pour toute la vie, trois ou quatre conférences… La préparation au mariage est très, très importante, parce que je crois que c’est une chose que l’Église, dans la pastorale commune – au moins dans mon pays, en Amérique du Sud – n’a pas beaucoup su évaluer. »
Il annonce son exhortation apostolique post-synodale sur la famille peut-être avant Pâques, dans cet échange avec la presse.
Anne Thompson (NBC News) — Comment une Église qui affirme être « miséricordieuse » peut-elle pardonner plus facilement un assassin plutôt que quelqu’un qui divorce et se remarie ?
Pape François — Cette question me plaît ! Deux synodes ont parlé de la famille, et le pape en a parlé toute l’année dans les catéchèses du mercredi. Et la question est vraie, elle me plaît, parce que vous l’avez posée plastiquement bien. Dans le document post-synodal qui sortira – peut-être avant Pâques –, dans un des chapitres, (parce qu’il y en a beaucoup), on reprend tout ce que le Synode a dit sur les conflits et sur les familles blessées, et la pastorale des familles blessées… C’est une des préoccupations.
De même, la préparation pour le mariage en est une autre. Réalisez que, pour devenir prêtre, il y a huit ans d’études, de préparation, et ensuite, après un certain temps, si tu n’y arrives pas, tu demandes une dispense et tu t’en vas, et tout est réglé. En revanche, pour un sacrement qui est pour toute la vie, trois ou quatre conférences… La préparation au mariage est très, très importante, parce que je crois que c’est une chose que l’Église, dans la pastorale commune – au moins dans mon pays, en Amérique du Sud – n’a pas beaucoup su évaluer.
Par exemple, dans ma patrie – maintenant moins, mais il y a quelques années, il existait une habitude de… on parlait de « casamiento de apuro » : se marier en vitesse parce qu’il va y avoir un enfant. Et pour couvrir socialement l’honneur de la famille… Ils n’étaient pas libres, là, et très souvent ces mariages sont nuls. Et, comme évêque, j’ai interdit aux prêtres de faire cela, quand il y avait ce [problème]. Que l’enfant arrive, qu’ils continuent comme fiancés, et quand ils se sentent prêts à le faire pour toute la vie, qu’ils avancent. Mais il y a une carence [dans la préparation] au mariage.
Ensuite, un autre chapitre très intéressant : l’éducation des enfants. Les victimes des problèmes familiaux ce sont les enfants. Mais ils sont aussi victimes des problèmes familiaux que ni le mari ni la femme n’ont voulus : par exemple, la nécessité de travailler. Quand le papa n’a pas de temps libre pour parler avec ses enfants, quand la maman n’a pas de temps libre pour parler avec ses enfants… quand je confesse un couple qui a des enfants, des époux, je dis : « Combien d’enfants avez-vous ? » Et certains sont inquiets parce qu’ils disent : « Le prêtre va me demander pourquoi je n’en ai pas plus… » Et je dis : « Je vais vous poser une seconde question : est-ce que vous jouez avec vos enfants ? » ; et la majorité, presque tous, disent : « Mais Père, je n’ai pas le temps : je travaille toute la journée ! » Et les enfants sont victimes d’un problème social qui blesse la famille. C’est un problème… J’aime votre question.
Et un troisième point intéressant dans la rencontre avec les familles, à Tuxtla – il y avait un couple de personnes mariées une seconde fois, intégrées dans la pastorale de l’Église ; et le mot clé que le Synode a employé, et je le reprendrai, est « intégrer dans la vie de l’Église » les familles blessées, les familles de personnes remariées, et tout cela. Mais n’oubliez pas, les enfants au centre ! Ils sont les premières victimes, des blessures comme des conditions de pauvreté, de travail, etc.
Anne Thompson (NBC News) — Cela signifie-t-il qu’ils pourront recevoir la communion ?
Pape François — C’est une chose… c’est le point d’arrivée. Intégrer dans l’Église ne signifie pas « recevoir la communion » ; parce que je connais des catholiques remariés qui vont à l’église une fois par an, deux fois : « Mais, je veux recevoir la communion ! », comme si la communion était une distinction honorifique ! C’est un travail d’intégration… toutes les portes sont ouvertes. Mais on ne peut pas dire : désormais « ils peuvent recevoir la communion ». Ce serait une blessure aussi pour les époux, pour le couple, parce que cela ne leur fera pas effectuer cette route d’intégration. Et ces deux-là étaient heureux ! Et ils ont eu une très belle expression : « Nous ne recevons pas la communion eucharistique, mais nous la vivons lors de la visite à l’hôpital, dans ce service, dans cet autre… » Leur intégration en est restée là. S’il y a quelque chose en plus, le Seigneur le leur dira, mais… c’est un chemin, c’est une route…
© Traduction de Zenit, Constance Roques

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Constance Roques

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