Rencontre du pape François et du métropolite Hilarion au Vatican, le 22 octobre 2015 - L'Osservatore Romano

Rencontre du pape François et du métropolite Hilarion au Vatican, le 22 octobre 2015 - L'Osservatore Romano

La Déclaration de La Havane, genèse, par le métropolite Hilarion

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Conjurer le risque d’une tragédie planétaire

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Les véritables auteurs de la Déclaration de La Havane sont le patriarche Cyrille et le pape François, explique le métropolite Hilarion Alfeyev de Volokolamsk, président du département des relations extérieures du patriarcat de Moscou, dans une interview publiée par le site orthodoxe russe Pravmir (Pravoslavie i mir – Orthodoxie et le monde), samedi 13 février, au lendemain de la rencontre de La Havane.
Il souligne, à propos de la situation en Syrie, que le pape et le patriarche ont voulu conjurer le risque d’une « tragédie à l’échelle planétaire » et réaffirmer ensemble qu’« aucun crime ne peut être commis au nom de Dieu ».
Il explique la genèse de ce document à « quatre mains » : « La Déclaration a été préparée dans un mode de stricte confidentialité. J’ai participé à la préparation du texte, pour l’Eglise russe, pour l’Eglise catholique romaine, c’était le Cardinal Koch. Jusqu’aux derniers jours, même mes assistants les plus proches du ministère des relations ecclésiastiques extérieures, qui s’occupent du thème catholique, n’ont rien su du texte de la Déclaration, ni de la prochaine rencontre. »
Les véritables auteurs
« Les véritables auteurs de la Déclaration sont le Patriarche et le Pape, insiste le métropolite. C’est leur vision de la situation qui est à la base du texte. Au début de l’automne, le patriarche a partagé avec moi les idées de base concernant le sujet de la Déclaration. Puis j’ai rencontré le pape François et j’ai discuté avec lui du contenu général du document. » La rencontre a eu lieu le 22 octobre dernier au Vatican.
« Puis le texte a été mis sur papier, après quoi à plusieurs reprises il a été coordonné avec le patriarche, et par le cardinal Koch avec le Pape. Les dernières modifications apportées au texte ont été faites à la veille de notre départ pour La Havane. Cardinal Koch était déjà à l’aéroport, lorsque nous avons convenu de la version finale du texte : il est parti à La Havane dans la soirée du 10 février et nous le 11 février au matin », précise le métropolite Hilarion.
Il ajoute, à propos de la situation en Syrie : « La déclaration reflète les événements les plus récents qui ont eu lieu autour de la Syrie. Je vous rappelle que ces derniers jours, de différents côtés, résonnaient des déclarations dangereuses sur l’état de préparation des différents pays à prendre part à une opération terrestre dans ce pays. Des coalitions anti-terroristes ont été créés, elles risquent d’entrer dans des affrontements directs. Qu’est-ce que cela signifie? Le début d’actions militaires à grande échelle qui vont d’abord frapper non pas les terroristes, mais les uns et les autres. On n’est qu’à un pas d’une troisième guerre mondiale. »
Le risque d’une « tragédie à l’échelle planétaire »
« Sa Sainteté le Patriarche Cyrille a parlé de cela ces derniers jours quand nous nous apprêtions à partir pour Cuba. Selon lui, ce qui se passe en ce moment ressemble à ce qui s’est passé en octobre 1962, quand la crise dite « des Caraïbes » a conduit le monde au bord d’une guerre nucléaire. A ce moment critique, une bonne volonté politique exprimée par les deux parties, a permis d’éviter une catastrophe », rappelle le métropolite.
Il ajoute : « Aujourd’hui aussi, dans le cadre de l’évolution dangereuse de la situation, qui peut faire entrer dans une confrontation directe des pays possédant des armes nucléaires, il est nécessaire d’appeler toutes les parties impliquées dans le conflit à faire preuve de bonne volonté et à ne pas franchir le point de non-retour, car cela peut conduire à une tragédie à l’échelle planétaire. C’est justement dans ce contexte que résonnent les paroles de la Déclaration qui sont conçues pour dégriser les politiciens, refroidir les têtes brulées. »
Aucun crime ne peut être commis au nom de Dieu 
Il cite le paragraphe 11 de la Déclaration : « Nous adressons un fervent appel à toutes les parties qui peuvent être impliquées dans les conflits pour qu’elles fassent preuve de bonne volonté et s’asseyent à la table des négociations. Dans le même temps, il est nécessaire que la communauté internationale fasse tous les efforts possibles pour mettre fin au terrorisme à l’aide d’actions communes, conjointes et coordonnées. Nous faisons appel à tous les pays impliqués dans la lutte contre le terrorisme pour qu’ils agissent de façon responsable et prudente. »
Il cite aussi le paragraphe 13 : « Pour vaincre le terrorisme, il n’est pas nécessaire d’avoir plusieurs coalitions. Une seule suffirait: celle qui unirait tous les hommes de bonne volonté. Elle devrait inclure non seulement les politiques, mais aussi les chefs religieux. Dans ce contexte, les paroles suivantes de la Déclaration sont surtout actuelles : « En cette époque préoccupante est indispensable le dialogue interreligieux. Les différences dans la compréhension des vérités religieuses ne doivent pas empêcher les gens de fois diverses de vivre dans la paix et la concorde. Dans les circonstances actuelles, les leaders religieux ont une responsabilité particulière pour éduquer leurs fidèles dans un esprit de respect pour les convictions de ceux qui appartiennent à d’autres traditions religieuses. Les tentatives de justifications d’actions criminelles par des slogans religieux sont absolument inacceptables. Aucun crime ne peut être commis au nom de Dieu ». »

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Marina Droujinina

Journalisme (Moscou & Bruxelles). Théologie (Bruxelles, IET).

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