« Malgré de nouveaux espoirs dans une résolution politique de la crise, nos efforts humanitaires sont de plus en plus centrés non seulement sur l’aide d’urgence, mais aussi sur les besoins à moyen et à long terme des réfugiés et des pays d’accueil. Par conséquent, le Saint-Siège se félicite vivement de l’accent mis sur l’éducation, l’emploi et le développement économique », déclare Mgr Paul R. Gallagher.
Le secrétaire du Saint-Siège pour les Relations avec les États, est en effet intervenu ce jeudi, 4 février, à la Conférence des pays donateurs pour la Syrie, intitulée « Soutenir la Syrie et la région », à Londres.
Voici notre traduction complète de l’intervention de Mgr Paul R. Gallagher.
Intervention de Mgr Gallagher
Le Saint-Siège est heureux de participer à la Conférence « Soutenir la Syrie et la région » visant à répondre à la crise humanitaire en Syrie qui entre maintenant, malheureusement et douloureusement, dans sa sixième année. Une crise qui se caractérise par une souffrance humaine qui ne cesse d’augmenter, y compris des cas extrêmes de malnutrition d’enfants innocents et d’autres civils, en particulier parmi le grand nombre de personnes qui sont prises au piège dans des zones difficiles d’accès et assiégées, et qui sont privées de l’aide humanitaire essentielle. Malgré de nouveaux espoirs dans une résolution politique de la crise, nos efforts humanitaires sont de plus en plus centrés non seulement sur l’aide d’urgence, mais aussi sur les besoins à moyen et à long terme des réfugiés et des pays d’accueil. Par conséquent, le Saint-Siège se félicite vivement de l’accent mis sur l’éducation, l’emploi et le développement économique à cette conférence des donateurs.
En traitant des besoins humanitaires de cette crise, il nous appartient de rappeler que le coût réel de cette crise humanitaire se mesure par les morts et les souffrances de millions de nos frères humains. Dans son récent discours au Corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège, le 11 janvier dernier, Sa Sainteté le Pape François a rappelé « la voix des milliers de personnes qui pleurent en fuyant des guerres horribles, des persécutions et des violations des droits humains, ou l’instabilité politique ou sociale, […] contraints de fuir pour éviter les barbaries indicibles pratiquées envers des personnes sans défense, comme les enfants et les personnes handicapées, ou le martyre pour la seule appartenance religieuse ». Dans la perspective du Premier Sommet humanitaire mondial, qui aura lieu en mai prochain, Sa Sainteté a exprimé son désir que ce Sommet pourra « réussir, dans le triste tableau actuel de conflits et de catastrophes, dans son intention de mettre la personne humaine et sa dignité au cœur de chaque réponse humanitaire ».
Le Saint-Siège, par l’intermédiaire du Conseil pontifical Cor Unum, et l’Église catholique, à travers son réseau d’agences caritatives, ont répondu à la crise humanitaire en Syrie et dans la région depuis le début. Les besoins de financement de nombreux organismes catholiques et d’ONG sont déjà inclus dans le Plan régional pour les réfugiés et de résilience [3RP] 2016-2017 des Nations unies en réponse à la crise en Syrie. Le besoin de financement du 3RP pour la seule année 2016 est significativement plus élevé que le montant demandé en 2015, qui n’a malheureusement été financé qu’à 50 %. Compte tenu de ces besoins humanitaires considérables, le Saint-Siège joint sa voix aux demandes d’augmentation du financement pour aider les réfugiés et les communautés d’accueil touchées dans les pays du 3RP : Jordanie, Liban, Irak, Turquie et Égypte.
En 2015, des entités de l’Église catholique (diocèses, organismes d’aide de l’Église catholique et ONG catholiques), avec les fonds reçus grâce aux appels des conférences épiscopales nationales, aux dons privés de fidèles catholiques à travers le monde, et en partenariat avec les gouvernements et les organisations internationales, a contribué à fournir 150 millions de dollars d’aide humanitaire au bénéfice direct de plus de 4 millions de personnes. Les principaux domaines de priorité pour les organismes catholiques en 2015 ont été les suivants : éducation : 37 millions de dollars pour des programmes d’éducation au Liban et en Jordanie, à la fois pour les réfugiés et les communautés d’accueil touchées ; aide alimentaire : 30 millions de dollars, dont 25 millions de dollars ont été distribués en Syrie ; aide non alimentaire : environ 30 millions en Syrie et en Irak ; santé : environ 16 millions ont été fournis au secteur de la santé, en particulier en Syrie, en Jordanie et en Irak ; et enfin, hébergement : 10 millions pour le logement et l’hébergement pour les réfugiés et les personnes déplacées. Un montant supplémentaire de 12 millions de fonds a été utilisé dans la fourniture d’une aide directe en trésorerie, eau et assainissement, subsistance et assistance socio-psychologique.
En cette occasion, je tiens à donner l’assurance de l’engagement de l’Église catholique à poursuivre son assistance humanitaire dans l’année qui vient.
Dans la distribution de l’aide, les organismes et les entités catholiques ne font aucune distinction quant à l’identité religieuse ou ethnique des personnes nécessitant une assistance, et cherchent toujours à donner la priorité aux plus vulnérables et aux personnes les plus dans le besoin. Particulièrement vulnérables sont les minorités religieuses, notamment les chrétiens, qui souffrent de manière disproportionnée des effets de la guerre et des troubles sociaux dans la région. En fait, leur présence et leur existence sont gravement menacées. C’est pourquoi Sa Sainteté le Pape François a attiré à plusieurs reprises l’attention sur les besoins particuliers des chrétiens et des minorités religieuses au Moyen-Orient.
© Traduction de Zenit, Constance Roques
Mgr Paul Richard Gallagher, wikipedia
"Soutenir la Syrie et la région", par Mgr Gallagher (traduction complète)
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