Cardinal Parolin, synode sur la famille, octobre 2015 © Catholic Church England and Wales - Mazur/catholicnews.org.uk

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Le pape nous prend par la main pour nous faire entrer dans le mystère

Par le card. Parolin

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Dans son « livre-conversation » avec Andrea Tornielli intitulé Le Nom de Dieu est miséricorde, le pape François « nous prend en quelque sorte par la main pour nous faire entrer dans le mystère de la miséricorde de Dieu (…), en ce temps de défis et d’épreuve », explique le cardinal Parolin.
Le « premier collaborateur du pape » – selon l’expression du P. Lombardi –, le cardinal secrétaire d’Etat Pietro Parolin, a en effet participé à la présentation du « premier » livre du pape François à Rome, au siège de la faculté de théologie de l’Augustinianum, ce mardi 12 janvier.
Il avertit qu’on ne trouve pas dans le livre de « révélations » de « curiosités inédites », mais que le pape propose un chemin.
Le pape affirme que « la miséricorde est la carte d’identité de notre Dieu », et il explique la « portée véritable de cette vérité chrétienne ».
« Le principal auteur, le pape, ouvre des portes, veut les maintenir ouvertes, entend faire voir des possibilités (…). Car sans la miséricorde, le monde n’existerait pas. »
Le cardinal relève cette anecdote que le pape a racontée le 17 mars 2013, lors de son premier angélus, puis dans une homélie à Sainte-Marthe, et qu’il rapporte « avec des détails supplémentaires dans le livre ». Il s’agit de la réponse d’une dame âgée, une avuela, venue trouver le P. Jorge Mario Bergoglio pour se confesser ; elle lui fait remarquer que si Dieu ne pardonnait pas le monde n’existerait pas.
Faire une expérience
Le pape François invite, dit le cardinal Parolin à « faire l’expérience du don de Dieu ». Un don qui « encourage et rend capable de recommencer à nouveau ». Le livre du pape « fait entrevoir la miséricorde de Dieu » : c’est un « livre qui émeut », qui montre comment « le Père touche les cœurs et cherche à nous rejoindre, cherche toute fissure minimale dans notre cœur pour nous rejoindre par sa grâce ».
Il cite le passage où Andrea Tornielli raconte un petit ajustement demandé par le pape à son texte. Il résume : « On a du mal à se reconnaître pécheur. Le remède est là, la guérison est là. Il suffit de faire un petit pas vers Dieu » mais le pape fait ajouter un passage qui avait échappé à la vigilance de Tornielli : ou du moins d’avoir le « désir » de le faire. Et Tornielli – cité par le cardinal Parolin – raconte l’anecdote en disant : cela révèle « le cœur du pasteur qui cherche le cœur de Dieu », ne néglige aucune fissure par laquelle faire parvenir son pardon.
Le cardinal Parolin cite la parabole de l’enfant prodigue qu’il commente : « Il suffit d’avoir au moins le désir de le faire », « un début pour que la grâce puisse agir et que la miséricorde soit donnée », ce n’est « pas une douane mais toute voie est possible pour pardonner ».
Car « l’humanité blessée a besoin de miséricorde » : le cardinal Parolin rappelle la remarque du pape Pie XII : l’humanité semble « avoir perdu le sens du péché ». Aujourd’hui, dit-il s’ajoute « le drame de considérer le mal comme incurable, comme quelque chose qui ne peut être guéri et pardonné (…). Nous avons besoin de miséricorde ! ».
La joie du retour
C’est, dit-il, un « autre point sensible » : « Nous avons aussi perdu la confiance de trouver la lumière qui puisse nous sortir du désespoir, de l’erreur » et à la « perte du sens du mal » s’ajoute la perte du sens de « l’existence de quelqu’un qui puisse nous relever ».
Il cite à l’appui la rédaction donnée à une classe italienne : il s’agissait d’imaginer ce qui se produisait après le retour de l’enfant prodigue. Les jeunes ont dans leur majorité imaginé que le père « punit l’enfant prodigue » et « le fait vivre avec ses serviteurs ». Pour le cardinal Parolin, c’est « une réaction typique de qui expérimente peu la miséricorde, a de la difficulté à la comprendre ».
C’est la « réaction humaine » du fils aîné, alors que « celle du père est divine ».
Pour le cardinal, « nous avons besoin de la miséricorde, ainsi que tous ceux que nous rencontrons ».
Il souligne que les évangélistes, qui sont des « témoins oculaires » des rencontres de Jésus – avec la femme adultère, Zachée, Matthieu – comprennent ce que signifie « se sentir regardé, aimé de Jésus », cela « change la vie » : c’est un « don inattendu, un amour plus grand, une étreinte, un don gratuit au-delà de toute prévision et de la misère des petits pécheurs qui ont besoin d’aide ».
« Se reconnaître pécheur est une grâce, dit le pape », ajoute le cardinal qui précise immédiatement, citant le pape à nouveau : « L’Église condamne le péché parce qu’elle doit dire la vérité : ceci est un péché. Mais en même temps, elle embrasse le pécheur qui se reconnaît tel, elle est proche de lui, elle lui parle dans l’infinie miséricorde de Dieu. »
« Jésus, rappelle-t-il, a pardonné à ceux qui l’ont mis en croix. »
Le pape invite ainsi à « revenir à l’Evangile », pas seulement par « l’accueil » et le « pardon » mais aussi par la « fête ». L’évangéliste saint Luc insiste sur cette joie de la fête et souligne qu’il y a « plus de joie pour un seul pécheur qui se repent » que pour « quatre-vingt-dix-neuf justes ». Il ajoute : Jésus avertit Pierre d’être prêt à pardonner sans bornes : « Soixante-dix fois sept fois ».
Dimension sociale et politique
Le cardinal Parolin souligne la dimension sociale et politique de la miséricorde, depuis la tradition biblique de défendre l’orphelin, la veuve, l’étranger : elle concerne aussi les rapports sociaux et les rapports entre les Etats. Il cite le message de Jean-Paul II pour la Journée mondiale de la paix, le 1er janvier 2002, dans le sillage de l’attaque du 11 septembre 2001. Il disait : « pas de justice sans pardon ». La « capacité de pardon » permet de construire une « société plus juste et plus solidaire », cela signifie parfois aussi « renoncer à obtenir satisfaction pour tous les torts subis ».
En d’autres termes, « la miséricorde et le pardon permettent la réalisation de la vraie justice, ouvrent « dans la justice une voie nouvelle » qui se manifeste dans les consciences « par le refus de la peine de mort », ou le travail pour la « réinsertion sociale des prisonniers ».
L’Année sainte extraordinaire de la miséricorde veut permettre de « faire cette expérience », et le « message du pape, le message chrétien de miséricorde et de pardon », les « Portes saintes », l’appel à « se laisser embrasser par l’amour de Dieu » ne concernent pas seulement « le salut individuel » mais « nous concernent comme peuple, société, pays », et peuvent « nous aider à avoir des rapports plus fraternels ».
« Qui a été et continue d’être pardonné peut restituer un peu de ce qu’il a reçu », conclut le cardinal Parolin en citant l’exhortation de Jésus dans l’Evangile : « Soyez miséricordieux comme votre père est miséricordieux. »

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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