Résumé : Un grand débat a été lancé : « Dieu peut-il être connu avec certitude, par la lumière naturelle de la raison humaine, à partir des choses créées ? » Oui, répond l’Eglise de Rome (1), qui affirme la dignité de la raison. Non, répondent les jansénistes qui la déclarent « détruite par le péché originel ».
Ce débat nous fait prendre conscience d’un fait intéressant : il existe deux interprétations contradictoires de ce que l’Eglise appelle le péché originel. Puisque dans les hautes sphères de la théologie chrétienne, depuis plusieurs siècles, ce débat s’est institué, concernant les conséquences de ce péché originel et la façon dont chacun des deux partis interprète cette expression.
1- L’Eglise des conciles affirme la dignité de la raison humaine capable de connaître Dieu « à partir des choses créées » et ce, malgré ce qu’elle appelle, elle aussi, péché originel, et qu’il nous faudra étudier pour ne pas le confondre avec celui de ses opposants.
2- Les opposants, que nous appellerons pour simplifier : le « camp janséniste » qui regroupe Jansénius et les jansénistes, mais avant eux Luther et Calvin. Ils ont affirmé que
« Dans la nature humaine, le péché originel (…) est la corruption profonde, pernicieuse, effrayante, insondable et inexprimable de toute la nature et de toutes les forces de l'homme, en particulier des facultés de l'âme les plus élevées et les plus nobles, de l'intelligence, du cœur et de la volonté. » (2)
Ainsi nous pouvons constater que cette même expression-péché originel-signifie pour les uns et les autres, des réalités très différentes, puisque le désaccord est profond, et nous allons essayer d’y comprendre quelque chose en cherchant des indices, selon notre méthode qui a fait ses preuves…
Nous ne tardons pas à découvrir que selon le camp janséniste il est question d’une « chute » et d’une « hérédité » qui explique une telle déchéance de la nature humaine.
Ils ont proclamé haut et fort : « Depuis la chute, l'homme hérite de ses parents une malignité innée et un cœur impur, des convoitises mauvaises et des penchants pervers… » (2)
Quelques pages plus loin :
» La nature humaine a été pervertie et corrompue… Dès lors, elle se transmet par hérédité, avec ce défaut et cette corruption, à tous les hommes qui sont conçus et qui naissent de père et de mère selon la loi naturelle. Depuis la chute en effet, la nature humaine n'est plus créée tout d'abord pure et bonne, et corrompue ensuite par le péché originel; au contraire, dès le premier moment de notre conception, le germe lui-même dont l'homme sera » formé » est déjà corrompu par le péché. « (3)
Si nous leur demandons : s’il vous plait, pourriez-vous nous expliquer d’où vous tenez cela ? Pourquoi le Créateur aurait-il conçu une telle punition pour le genre humain ?
La réponse du camp janséniste est la suivante : « Ce péché originel est une corruption si pernicieuse et si profonde de la nature humaine qu'aucune raison ne peut le comprendre; mais il faut le croire en se fondant sur la révélation de l'Écriture… » (4)
Impossible à comprendre ! Nous voilà bien mal partis…
Pour la prochaine fois, ceux qui ont un peu de temps pourraient chercher dans l’Ecriture à que passage on trouve les mots « corruption si pernicieuse »…
(A suivre…)(5)
Brunor (6)
NOTES
- (Concile Vatican I, Constitution dogmatique de la foi catholique, chapitre II.)
- Solida Declaratio, p. 92.
- Solida Declaratio, p. 96.
- (Martin Luther, Œuvres, trad. Fr., I, t. VII, p. 239.)
- Ce qui, de nos jours, ne nous empêche aucunement de partager avec des frères luthériens des actions œcuméniques, comme à Taizé ou au festival Bd d’Angoulême où nous fêterons fin janvier 2016 une dynamique chrétienne depuis 30 ans !
- Illustration tirée du Tome 6 des indices pensables : Le Secret de l’ADAM inachevé. (Brunor éditions).