« Pour célébrer Noël avec profit, nous sommes appelés à nous arrêter dans les “lieux” de l’étonnement », déclare le pape François. Il en indique trois.
Le pape François s’est présenté à la fenêtre de son bureau du Palais apostolique du Vatican, ce dimanche 20 décembre, pour prier l’angélus avec les fidèles et les pèlerins rassemblés place Saint-Pierre pour le rendez-vous hebdomadaire habituel.
En ce IVe dimanche de l’Avent, les enfants du Centre des « Oratori » romains – qui célébraient leur jubilé ce même jour –, étaient présents pour la bénédiction des « Bambinelli », les statuettes de l’Enfant-Jésus que les enfants mettront dans les crèches chez eux, dans leurs écoles ou leurs paroisses.
« Et quels sont ces lieux de l’étonnement dans la vie quotidienne ? », demande le pape, qui répond : « Il y en a trois. Le premier lieu, c’est l’autre, en qui reconnaître un frère, parce que, depuis qu’a eu lieu la naissance de Jésus, tout visage porte gravé en lui la ressemblance du Fils de Dieu. Surtout quand c’est le visage du pauvre (…).
Un autre lieu de l’étonnement – le deuxième – où, si nous regardons avec foi, nous éprouvons vraiment de l’étonnement, c’est l’histoire. Nous croyons si souvent la voir du bon côté, et au contraire, nous risquons de la lire à l’envers. (…) Il est le Seigneur qui renverse les puissants de leur trône et élève les humbles, qui comble de biens les affamés et renvoie les riches les mains vides (…).
Le troisième lieu de l’étonnement est l’Église : la regarder avec l’étonnement de la foi signifie (…) la sentir comme une Mère qui, même à travers ses taches et ses rides – nous en avons tellement ! – laisse transparaître les traits de l’Épouse aimée et purifiée par le Christ Seigneur. »
Voici notre traduction complète des paroles du pape François.
A.B.
Paroles du pape François avant l’angélus
Chers frères et sœurs, bonjour !
L’Évangile de ce dimanche de l’Avent met en évidence la figure de Marie. Nous la voyons quand, aussitôt après avoir conçu dans la foi le Fils de Dieu, elle affronte le long voyage de Nazareth de Galilée jusqu’aux monts de Judée pour rendre visite à Élisabeth et aller l’aider. L’ange Gabriel lui avait révélé que sa cousine âgée, qui n’avait pas d’enfants, en était à son sixième mois de grossesse (cf. Lc 1,26.36). C’est pourquoi la Vierge Marie, qui porte en elle un don et un mystère encore plus grands, va trouver Élisabeth et reste trois mois chez elle. Dans la rencontre entre les deux femmes – imaginez la scène : une femme âgée et l’autre, jeune, et c’est la jeune femme, Marie, qui salue la première. L’Évangile dit ceci : « Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth » (Lc 1,40). Et, après cette salutation, Élisabeth est saisie d’un grand étonnement – n’oubliez pas ce terme : étonnement. L’étonnement. Élisabeth est saisie d’un grand étonnement qui résonne dans ses paroles : « D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? » (v. 43). Et elles s’embrassent, joyeuses, ces deux femmes, la plus âgée et la plus jeune, toutes deux enceintes.
Pour célébrer Noël avec profit, nous sommes appelés à nous arrêter dans les « lieux » de l’étonnement. Et quels sont ces lieux de l’étonnement dans la vie quotidienne ? Il y en a trois. Le premier lieu, c’est l’autre, en qui reconnaître un frère, parce que, depuis qu’a eu lieu la naissance de Jésus, tout visage porte gravé en lui la ressemblance du Fils de Dieu. Surtout quand c’est le visage du pauvre, parce que Dieu est entré pauvre dans le monde et il s’est tout d’abord laissé approcher par les pauvres.
Un autre lieu de l’étonnement – le deuxième – où, si nous regardons avec foi, nous éprouvons vraiment de l’étonnement, c’est l’histoire. Nous croyons si souvent la voir du bon côté, et au contraire, nous risquons de la lire à l’envers. Cela se produit, par exemple, quand elle nous semble déterminée par l’économie de marché, régulée par la finance et les affaires, dominée par les puissants du moment. Le Dieu de Noël, en revanche, est un Dieu qui « brouille les cartes » : il aime bien faire cela ! Comme le chante Marie dans le Magnificat, il est le Seigneur qui renverse les puissants de leur trône et élève les humbles, qui comble de biens les affamés et renvoie les riches les mains vides (cf. Lc 1,52-53). C’est le deuxième étonnement, l’étonnement de l’histoire.
Le troisième lieu de l’étonnement est l’Église : la regarder avec l’étonnement de la foi signifie ne pas se limiter à la considérer uniquement comme une institution religieuse, ce qu’elle est, mais la sentir comme une Mère qui, même à travers ses taches et ses rides – nous en avons tellement ! – laisse transparaître les traits de l’Épouse aimée et purifiée par le Christ Seigneur. Une Église qui sait reconnaître tous les signes d’amour fidèle que Dieu lui envoie continuellement. Une Église pour laquelle le Seigneur Jésus ne sera jamais un bien à défendre jalousement – ceux qui font cela se trompent – mais Celui qui vient à sa rencontre et qu’elle sait attendre dans la confiance et dans la joie, exprimant l’espérance du monde. L’Église qui appelle le Seigneur : « Viens, Seigneur Jésus ! » L’Église mère qui a toujours les portes grandes ouvertes et les bras tendus pour accueillir tout le monde. Ou plutôt l’Église mère qui franchit ses propres portes pour aller chercher avec un sourire maternel tous ceux qui sont loin et les amener à la miséricorde de Dieu. Voilà l’étonnement de Noël !
À Noël, Dieu nous donne tout lui-même en nous donnant son Fils, l’Unique, qui est toute sa joie. Et c’est seulement avec le cœur de Marie, l’humble et pauvre fille de Sion, devenue Mère du Fils du Très-Haut, qu’il est possible d’exulter et de se réjouir du grand don de Dieu et de son imprévisible surprise. Qu’elle nous aide à percevoir l’étonnement – ces trois étonnements : l’autre, l’histoire et l’Église – devant la naissance de Jésus, le don des dons, le cadeau immérité qui nous apporte le salut. Notre rencontre avec Jésus nous fera éprouver nous aussi ce grand étonnement. Mais nous ne pouvons pas avoir cet étonnement, nous ne pouvons pas rencontrer Jésus si nous ne le rencontrons pas dans les autres, dans l’histoire et dans l’Église.
© Traduction de Zenit, Constance Roques