« Faites attention ! Qu’il ne se trouve personne d’assez habile et rusé pour vous dire qu’il faut payer : non ! Le salut ne se paie pas. Le salut ne s’achète pas. La Porte, c’est Jésus, et Jésus est gratuit ! », avertit le pape François.
Le pape a lancé cet avertissement dans sa deuxième catéchèse du mercredi pour le Jubilé extraordinaire de la miséricorde.
Jésus lui-même parle, a continué le pape, « de ceux qui ne font pas entrer comme on doit le faire, et il dit simplement que ce sont des voleurs et des brigands ».
Déjà dans son homélie du 15 décembre, le pape avait déploré que, dans un diocèse, on demandait aux gens de « faire une offrande » au moment de franchir la Porte sainte.
Mais l’avertissement du pape François est aussi spirituel : le don de Dieu est gratuit, sans mérite de la part de l’humanité : « Encore une fois, a insisté le pape, soyez attentifs : le salut est gratuit. Passer la Porte sainte est le signe d’une véritable conversion de notre cœur. »
Voilà l’intériorité à laquelle le Jubilé appelle : « Quand nous franchissons cette Porte, il est bon de nous rappeler que nous devons aussi toujours garder grande ouverte la porte de notre cœur. Je suis devant la Porte sainte et je demande : “Seigneur, aide-moi à ouvrir grand la porte de mon cœur !” L’Année sainte n’aurait pas beaucoup d’efficacité si la porte de notre cœur ne laissait pas passer le Christ qui nous pousse à aller vers les autres, pour l’apporter, lui et son amour. »
Le pape François a aussi parlé du sacrement de la réconciliation, au cœur du Jubilé.
Voici notre traduction complète, de l’italien, de la catéchèse du pape.
A.B.
Catéchèse du pape François en italien
Chers frères et sœurs, bonjour !
Dimanche dernier, la Porte sainte de la cathédrale de Rome, la basilique Saint-Jean-du-Latran, a été ouverte, et une Porte de la miséricorde a été ouverte dans la cathédrale de tous les diocèses du monde, ainsi que dans les sanctuaires et dans les églises indiquées par les évêques. Le Jubilé est dans le monde entier, pas seulement à Rome. J’ai désiré que ce signe de la Porte sainte soit présent dans chaque Église particulière, pour que le Jubilé de la miséricorde puisse devenir une expérience partagée par tous. De cette façon, l’Année sainte a commencé dans toute l’Église et elle est célébrée dans tous les diocèses comme à Rome. Et puis la première Porte sainte a été ouverte au cœur même de l’Afrique. Et Rome est le signe visible de la communion universelle. Puisse cette communion ecclésiale devenir toujours plus intense, pour que l’Église soit dans le monde le signe vivant de l’amour et de la miséricorde du Père.
La date du 8 décembre voulait aussi souligner cette exigence en reliant, à cinquante années de distance, le commencement du Jubilé à la conclusion du concile œcuménique Vatican II. En effet, le Concile a contemplé et présenté l’Église à la lumière du mystère de la communion. Répandue dans le monde entier et organisée en de nombreuses Églises particulières, elle est pourtant toujours et seulement l’unique Église de Jésus-Christ, celle qu’il a voulue et pour laquelle il s’est offert. L’Église, « une », qui vit de la communion même de Dieu.
Ce mystère de communion, qui fait de l’Église le signe de l’amour du Père, grandit et mûrit dans notre cœur quand l’amour, que nous reconnaissons dans la Croix du Christ et dans lequel nous nous immergeons, nous fait aimer comme nous-mêmes sommes aimés par lui. Il s’agit d’un amour sans fin, qui a le visage du pardon et de la miséricorde.
Cependant, la miséricorde et le pardon ne doivent pas rester de belles paroles, mais se réaliser dans la vie quotidienne. Aimer et pardonner sont le signe concret et visible que la foi a transformé nos cœurs et nous permet d’exprimer en nous la vie même de Dieu. Aimer et pardonner comme Dieu aime et pardonne. C’est un programme de vie qui ne peut connaître ni interruptions ni exceptions, mais qui nous pousse à aller toujours plus loin sans jamais nous lasser, avec la certitude que nous sommes soutenus par la présence paternelle de Dieu.
Ce grand signe de la vie chrétienne se transforme ensuite en beaucoup d’autres signes qui sont caractéristiques du Jubilé. Je pense à tous ceux qui franchiront une des Portes saintes qui sont, en cette année, de véritables Portes de la miséricorde. La Porte indique Jésus lui-même qui a dit : « Moi, je suis la porte. Si quelqu’un entre en passant par moi, il sera sauvé ; il pourra entrer ; il pourra sortir et trouver un pâturage » (Jn 10,9). Franchir la Porte sainte est le signe de notre confiance dans le Seigneur Jésus qui n’est pas venu pour juger, mais pour sauver (cf. Jn 12,47). Faites attention qu’il ne se trouve personne d’assez habile et rusé pour vous dire qu’il faut payer : non ! Le salut ne se paie pas. Le salut ne s’achète pas. La Porte, c’est Jésus, et Jésus est gratuit ! Lui-même parle de ceux qui ne font pas entrer comme on doit le faire, et il dit simplement que ce sont des voleurs et des brigands. Encore une fois, soyez attentifs : le salut est gratuit. Passer la Porte sainte est le signe d’une véritable conversion de notre cœur. Quand nous franchissons cette Porte, il est bon de nous rappeler que nous devons aussi toujours garder grande ouverte la porte de notre cœur. Je suis devant la Porte sainte et je demande :« Seigneur, aide-moi à ouvrir grand la porte de mon cœur ! » L’Année sainte n’aurait pas beaucoup d’efficacité si la porte de notre cœur ne laissait pas passer le Christ qui nous pousse à aller vers les autres, pour l’apporter, lui et son amour. Par conséquent, de même que la Porte sainte reste ouverte, parce qu’elle est le signe de l’accueil que Dieu lui-même nous réserve, que notre porte, celle de notre cœur, soit toujours grande ouverte pour n’exclure personne. Pas même celui ou celle qui me dérange : personne.
Un autre signe important du Jubilé est la confession. S’approcher du sacrement par lequel nous sommes réconciliés avec Dieu équivaut à faire l’expérience directe de sa miséricorde. C’est trouver le Père qui pardonne : Dieu pardonne tout. Dieu nous comprend aussi dans nos limites, il nous comprend aussi dans nos contradictions. Ce n’est pas tout : avec son amour, il nous dit que c’est précisément quand nous reconnaissons nos péchés qu’il est encore plus proche et il nous incite à aller de l’avant. Il va même plus loin : il dit que, quand nous reconnaissons nos péchés et demandons pardon, c’est la fête au Ciel. Jésus fait la fête : voilà sa miséricorde ; ne nous décourageons pas ! Avançons, avançons avec cela !
Combien de fois ai-je entendu dire : « Père, je ne réussis pas à pardonner à mon voisin, mon collègue, ma voisine, ma belle-mère, ma belle-sœur. » Nous avons tous entendu cela : « Je ne réussis pas à pardonner. » Mais comment peut-on demander à Dieu de nous pardonner, si ensuite nous ne sommes pas capables de donner le pardon ? Et pardonner est quelque chose de grand, et pourtant ce n’est pas facile de pardonner, parce que notre cœur est pauvre et par ses seules forces, il ne peut pas y arriver. Mais si nous nous ouvrons pour accueillir la miséricorde de Dieu pour nous, à notre tour nous devenons capables du pardon. J’ai si souvent entendu dire : « Mais, cette personne, je ne pouvais pas la voir : je la détestais. Mais un jour, je me suis approché du Seigneur et je lui ai demandé pardon pour mes péchés et j’ai aussi pardonné à cette personne. » Ce sont des choses de tous
les jours. Et nous avons cette possibilité près de nous.
Alors, courage ! Vivons le Jubilé en commençant par ces signes qui contiennent une grande force d’amour. Le Seigneur nous accompagnera pour nous permettre de faire l’expérience d’autres signes importants pour notre vie. Courage et en avant !
© Traduction de Zenit, Constance Roques