Résumé : Un fameux débat s’était engagé dans l’histoire de l’Eglise : est-il possible de connaître Dieu en étudiant la Création ? Autrement dit : la raison humaine est-elle capable, oui ou non, de connaître Dieu en étudiant « les choses créées » ?
Au cours de mes conférences auprès de lycéens, d’étudiants ou d’adultes, lorsque nous faisons un rapide sondage d’opinion à main levée sur cette question, la majorité répond généralement : non. La plupart des personnes interrogées semblent penser que la raison humaine n’est pas capable de connaître Dieu de cette façon.
Bon nombre de chrétiens -et surtout de non-croyants- sont en effet convaincus que la question de Dieu est une affaire d’opinion personnelle, une question exclusivement religieuse et donc tout à fait irrationnelle. Une « foi » qui n’est en aucun cas la conclusion d’une étude de la Création et du monde physique. Parmi nos contemporains, la chose semble entendue : la connaissance de Dieu par la raison est impossible, puisqu’il ne peut s’agir que de croyance « irrationnelle » comme le clament les athées…
L’étonnement est donc assez grand, lorsque ces lycéens, étudiants ou adultes, découvrent que l’Eglise Catholique Romaine a, au contraire, répondu très clairement OUI à cette même question.
Voici ce que l’Eglise a déclaré :
« Dieu, qui est Principe et fin de toutes choses, peut être connu avec certitude, par la lumière naturelle de la raison humaine, à partir des choses créées… »
(Concile Vatican I , Constitution dogmatique de la foi catholique, chapitre II.)
Selon l’Eglise catholique, Dieu peut donc être connu – avec certitude- par la raison humaine qui se penche sur la Création, la Nature, l’Univers et tout ce qu’il contient. C’est d’ailleurs ce que l’Eglise avait toujours affirmé, depuis saint Paul, en passant par saint Augustin qui enseignait ceci : il y a deux Livres pour connaître Dieu :
-1. Le Livre de la Révélation (Bible des hébreux et Nouveau Testament) …
-2. Le Livre de la Création elle-même, le grand livre symbolique de la nature, de l’Univers…
Or, ce Livre, nous apprenons à le lire progressivement, grâce aux progrès des sciences expérimentales qui l’étudient de mieux en mieux. (1)
Et de fait, nous constatons que l’intuition de saint Augustin est confirmée : plus nous avançons dans la connaissance du Monde par la raison, c’est-à-dire par l’étude qu’est la recherche scientifique, plus nous progressons dans la lecture de cette nature où nous vivons, plus nous sommes progressivement libérés de nombreuses fausses croyances qui constituaient un obstacle à l’exercice normal de notre intelligence. Et ce faisant, plus il devient possible de connaître l’Auteur de tout cela…
C’est tout l’objet de la grande enquête de la série de bandes dessinées Les Indices pensables, qui propose des indices vérifiables pour essayer de comprendre s’il y a UN Créateur, plusieurs ou pas du tout. Cette enquête effectuée à partir des choses créées, est donc ici encouragée par l’Eglise elle-même, puisqu’elle affirme que la connaissance de Dieu est possible, « à partir des choses créées. »
Cette affirmation audacieuse des Pères du Concile Vatican I, n’est malheureusement pas assez connue des chrétiens qui s’imaginent trop souvent que la raison humaine n’est pas capable d’arriver à cette connaissance. Elle a pourtant été de nouveau affirmée au concile suivant, Vatican II, et nous la retrouvons dans le catéchisme de l’Eglise catholique. (2).
D’où vient cette défiance vis-à-vis de la raison humaine ? Sans doute vient-elle de l’influence considérable de ceux qui se sont dressés contre la pensée de l’Eglise à ce sujet. Car au cours de l’Histoire, l’Eglise Romaine a trouvé en son sein de grands contestataires … Certains religieux, théologiens ou philosophes chrétiens ont fermement refusé cette confiance dans la raison et l’intelligence humaine. Les plus connus sont Luther, Calvin, Jansénius et même le philosophe Malebranche, qui ont prêché l’erreur (à leurs yeux) de cette affirmation.
Pour quelles raisons ce sont-ils méfiés de la raison ?
Ils vous répondront tous que c’est à cause du péché originel. Selon ces théologiens, cet évènement aurait tellement détruit la nature humaine, que la raison serait suspecte et même dangereuse, et de toutes façons, absolument incapable de connaître Dieu.
Par exemple, en 1525, Martin Luther écrivait que la raison humaine est la prostituées du diable : » Elle ne peut que blasphémer et déshonorer toutes les paroles et les actes de Dieu. » (3).
Si en cette vie notre foi est imparfaite, c’est que « pendant cette vie la raison n’est pas complètement anéantie. » (4). Selon lui, la raison est contraire à la foi… (5)
Avec cette question, nous voyons donc se dessiner un débat essentiel entre deux façons radicalement contradictoires de considérer la raison humaine.
Nous en verrons les implications la semaine prochaine….
(A suivre…)
Brunor
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Voir le Tome 6 des indices pensables : Le Secret de l’ADAM inachevé, ou la chronique 2 : http://www.brunor.fr/PAGES/Pages_Chroniques/02-a-Chronique.html
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Catéchisme de l’Eglise Catholique,
chapitre III. La connaissance de Dieu selon l’Église :
36– » La Sainte Église, notre mère, tient et enseigne que Dieu, principe et fin de toutes choses, peut être connu avec certitude par la lumière naturelle de la raison</em> humaine à partir des choses créées » (Cc.Vatican I : DS 3004 ; cf. 3026 ; DV 6). Sans cette capacité, l’homme ne pourrait accueillir la révélation de Dieu. L’homme a cette capacité parce qu’il est créé » à l’image de Dieu « (Gn 1, 27). -
Martin Luther, Werke, éd. de Weimar, XVIII., 164
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Martin Luther, Werke, éd. de Weimar, XI., 1, 364.
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Ce qui, de nos jours, ne nous empêche aucunement de partager avec des frères luthériens des œuvres œcuméniques, comme à Taizé ou au festival Bd d’Angoulême : une dynamique chrétienne depuis 30 ans !
