La corruption n’est pas un chemin de vie mais de mort, c’est un sucre qui donne du diabète aux nations, explique le pape François en répondant à la question d’une jeune au stade Karasani de Nairobi, ce vendredi 27 novembre, au matin, en présence du président Kenyatta, de la Première Dame, des autorités, des évêques.
Le pape répondait aux questions avec méthode : « Une autre question que Linette a posée : la corruption. Peut-on justifier la corruption ? »
« Par le seul fait que tous pèchent et sont corrompus ? Comment être chrétien et combattre le mal de la corruption ? » s’est demandé le pape.
Il répond tout d’abord par une anecdote vécue en Argentine : « Je me souviens, dans ma patrie, d’un jeune d’une vingtaine d’années, qui voulait se dédier à la politique. Il étudiait avec enthousiasme et allait ici ou là. Il a fini par obtenir un travail dans un ministère. Un jour, il a eu à décider d’achats à faire. Il a demandé trois devis. Il les a étudiés, et il a choisi le moins cher, le plus convenable. Il est allé trouver son chef dans son bureau pour obtenir sa signature. Celui-ci lui a demandé :
« Pourquoi as-tu choisi celui-là ?
— J’ai choisi le meilleur pour les finances du pays…
— Non, il faut choisir celui qui t’en met davantage dans la poche !
Le jeune a répondu :
— Je suis venu faire de la politique pour le bien de la Nation !
Et son chef :
— Et moi je fais de la politique pour voler ! »
Le pape commente : « C’est un exemple, mais cela n’arrive pas seulement en politique : dans toutes les institutions, y compris au Vatican ! Il y a des cas de corruption. La corruption, c’est comme prendre du sucre, c’est doux, facile, agréable, et ensuite on finit mal ! Et avec tant de sucre facile, on finit diabétique ou nos pays deviennent diabétiques ! Chaque fois que nous acceptons un pot-de-vin et que nous nous le mettons dans la poche, on détruit notre cœur, notre personnalité, notre patrie. Je vous en prie, ne développez pas le goût de ce sucre qui s’appelle la corruption ! »
Le pape vient au devant d’une objection : « Père, je vois que tous corrompent, je vois tant de gens qui se vendent pour un peu d’argent, sans se préoccuper de la vie des autres. »
Le pape répond : « Si vous ne voulez pas la corruption, si vous ne commencez pas, le voisin non plus ne va pas commencer ! »
Il ajoute : « En outre, la corruption nous enlève la joie, nous enlève la paix. La personne corrompue ne vit pas en paix. »
Il raconte une autre anecdote qui déchaîne les rires : « Un jour – c’est arrivé, historique ! dans ma ville – un homme est mort, et on savait que c’était un grand corrompu. J’ai demandé quelques jours après : comment se sont passées ses obsèques ? Une dame qui avait beaucoup d’humour a répondu : « Père, ils n’arrivaient pas à fermer son cercueil parce qu’il voulait emporter tout l’argent qu’il avait volé ! » »
« Ce qui se vole par la corruption restera ici, avertit le pape : un autre va l’utiliser. Mais cela restera aussi gravé dans le cœur, dans le cœur de tant d’hommes et de femmes qui ont été blessés par cet exemple de corruption. Il va rester dans le manque de bien qu’on aurait pu faire, qu’on n’a pas fait, les jeunes malades de la faim parce que par ta corruption l’argent qui était pour eux ne leur est pas parvenu. La corruption n’est pas un chemin de vie mais un chemin de mort ! »
Le pape a ajouté plus tard : « Demandez à Jésus, priez le Seigneur pour qu’il vous donne la force de détruire le tribalisme, tendre les mains, avoir le courage de ne pas vous laisser corrompre, pour qu’il vous donne de communiquer en frères avec sourire, une bonne parole, un geste d’aide, par la proximité. »