« Ni éradication, ni paternalisme, ni indifférence, ni confinement » : le pape François plaide pour une « intégration urbaine respectueuse » pour les bidonvilles – un « lieu préférentiel » pour le pape -, il plaide pour des « villes intégrées et pour tous ». Il dénonce « l’indifférence » et « l’hostilité » envers les quartiers populaires, l’exploitation des enfants, « chaire à canon » d’affaires « entachées de sang ».
Le pape s’est rendu, vendredi matin, 27 novembre, à 8h30 (6h30 pour Rome) au bidonville de Kangemi, dans la banlieue de Nairobi (Kenya) et à la paroisse Saint-Joseph confié aux Jésuites. Il s’est exprimé en espagnol, traduit de façon consécutive en anglais.
Après avoir signé le livre d’or, le pape a écouté des témoignages et une vidéo sur la vie dans le bidonville, une procession a accompagné l’arrivée de l’Evangile, qui a été lu ensuite : l’Evangile de Matthieu 25 qui est si cher au pape François. La lecture a été suivie par d’autres témoignages : Pamela, d’un autre bidonville, et sœur Mary, engagée sur le terrain qui a évoqué les inondations – volontaires – et l’insécurité, la drogue, la vente des enfants, la corruption, du vol des terres.
Il y a, à Nairobi, indique un missionnaire, 290 bidonvilles – appelées « implantations informelles » – , soit 5% de la ville, mais cela représente 60% de la population, sur 4,5 ou 5 millions d’habitants de l’agglomération.
« Je demande à Dieu que les autorités empruntent avec vous la voie de l’inclusion sociale, de l’éducation, du sport, de l’action communautaire et de la protection des familles parce que c’est l’unique garantie d’une paix juste, véritable et durable », déclare le pape.
Le problème de l’accès à l’eau est en quelque sorte le symbole de tous les problèmes dont parle pape dans cet important discours où il appelle à la mobilisation des chrétiens, ce qu’il désigne comme une « obligation pour tous » : « Je propose de revenir sur l’idée d’une intégration urbaine respectueuse. Ni éradication, ni paternalisme, ni indifférence, ni pur confinement. Nous avons besoin de villes intégrées et pour tous. Nous avons besoin de dépasser la pure déclaration de droits qui, en pratique, ne sont pas respectés, de réaliser des actions systématiques améliorant l’habitat populaire et de planifier de nouvelles urbanisations de qualité pour héberger les futures générations. La dette sociale, la dette environnementale envers les pauvres des villes se paie en rendant effectif le droit sacré aux trois ‘‘T’’: terre, toit, et travail. Ce n’est pas de la philanthropie, c’est une obligation pour tous. »
Il a dénoncé « l’exclusion urbaine », il a fustigé « l’égoïsme » d’une « minorité » qui marginalise la majorité.
Le pape a salué authentique « sagesse » de la « culture » des quartiers populaires et de leur « expérience communautaire » : elle indique qu’une « autre culture est possible », fondée sur la « solidarité », des « valeurs » qui n’ont pas de « prix ».
« Chers voisins, chers frères, a conclu le pape, prions, travaillons et engageons-nous ensemble pour que toute famille ait un toit digne, ait accès à l’eau potable, ait des toilettes, ait de l’énergie sûre pour s’éclairer, cuisiner, puisse améliorer ses logements… afin que tout quartier ait des routes, des places, des écoles, des hôpitaux, des espaces de sport, de loisir et d’art ; afin que les services de base arrivent à chacun d’entre vous ; afin qu’on écoute vos réclamations et votre demande d’opportunités ; afin que tous puissent jouir de la paix et de la sécurité qu’ils méritent conformément à leur dignité humaine infinie. Mungu awabariki (Que Dieu vous bénisse!). »
Après le discours du pape, il a béni une plaque souvenir de sa visite, avec le nombre de chapelets priés à ses intentions. Le pape a laissé une somme d’argent pour venir au secours de la population. Le pape béni des chapelets et les habitants lui ont remis un photo-souvenir de leur quartier. La rencontre s’est achevée par un bain de foule et les photos avec les enfants.