« Les jeunes, qui, ici comme ailleurs sur ce grand continent, sont l’avenir de la société » a déclaré le pape François qui a lancé aux jeunes du Kenya le défi de construire une société « inclusive ».
Le pape a présidé sa première messe en Afrique, ce jeudi 26 novembre, sur le campus universitaire de Nairobi (Kenya), sous la pluie, en présence du président Uhuru Kenyatta et de son épouse. Mais quand la messe s’est achevée, la pluie avait cessé.
Des évaluations provisoires parlent de centaines de milliers de personnes : certaines sources ont même parlé d’un million.
La foule s’était mise en marche au cœur de la nuit, dès 2h du matin pour rejoindre le campus, étroitement surveillé par les forces de police et l’armée.
Caïambes et ngomas
Le dispositif et la pluie n’ont pas empêché la joie de s’exprimer par les chants et les danses, au son des caïambes (cadres de bambou remplis de graines) et des tambours sonores -les hauts « ngomas »-, lors d’une célébration où les intentions de prière ont été dites dans différentes langues, dont le masaï. Le Notre Père a été chanté en latin.
Le pape François portait une mitre en peau de chèvre que lui a offert l’évêque de Maralal, Mgr Virgilio Pante, I.M.C., en souvenir de l’homélie du Jeudi Saint 2013 sur le pasteur qui doit porter sur lui « l’odeur de ses brebis ».
Au terme de la messe, le cardinal archevêque de Nairobi, John Njue a remercié le pape d’avoir exaucé – au-delà de leurs espérances – le vœu des évêques, exprimé lors de la visite ad limina d’avril dernier, en choisissant de commencer son voyage en Afrique par le Kenya. Le pape a accueilli les paroles du cardinal avec un large sourire. Puis il a offert au cardinal et à l’Eglise de Nairobi un calice que le cardinal a présenté à la foule sous les acclamations et en dansant.
La messe a été scandée par deux processions chantées et dansées, avant la liturgie de la Parole, pour accompagner le lectionnaire jusqu’à l’ambon, et au moment de l’offertoire.
Former une société qui soit toujours plus juste
Dans son homélie, le pape a lancé aux jeunes le défi de construire une société « inclusive » : « Ici, au cœur de cette Université, où les esprits et les cœurs des nouvelles générations sont formés, je lance un appel particulier aux jeunes de la nation. Que les grandes valeurs de la tradition africaine, la sagesse et la vérité de la Parole de Dieu, ainsi que le généreux idéalisme de votre jeunesse, vous guident dans l’engagement à former une société qui soit toujours plus juste, inclusive et respectueuse de la dignité humaine.»
« Que les besoins des pauvres vous soient toujours à cœur ; rejetez tout ce qui conduit au préjugé et à la discrimination, parce que ces choses – nous le savons – ne sont pas de Dieu », a insisté le pape.
Des jeunes étudiants survivants de l’attaque du campus de l’université de Garissa, où 148 d’entre eux ont été massacrés en avril dernier, ont participé à la messe qui se déroulait justement, très symboliquement sur le campus de l’université de Nairobi.
Un missionnaire a pu dire qu’en attaquant le campus – mixte – de Garissa, les terroristes ont voulu attaquer spécialement l’éducation des jeunes filles et pas seulement les étudiants chrétiens. Justement, le pape a parlé su respect de la femme, en dénonçant toute violence contre les femmes et les enfants à naître : « Par obéissance à la Parole de Dieu, nous sommes aussi appelés à résister aux pratiques qui favorisent l’arrogance chez les hommes, qui blessent ou méprisent les femmes, et qui menacent la vie des innocents qui ne sont pas encore nés. »
Il a insisté sur la vocation de la famille chrétienne : « Nous sommes appelés à nous respecter, à nous encourager mutuellement, et à rejoindre tous ceux qui sont dans le besoin. Les familles chrétiennes ont cette mission spéciale : rayonner l’amour de Dieu et répandre l’eau vivifiante de son Esprit. »
Accueillir les enfants comme une bénédiction
Le pape a rappelé combien la famille est fondamentale : « La société du Kenya a longtemps été bénie par une solide vie familiale, par un profond respect de la sagesse des personnes âgées et par l’amour envers les enfants, a dit le pape François. La santé de toute société dépend toujours de la santé des familles. Pour leur bien et celui de la communauté, la foi dans la parole de Dieu nous appelle à soutenir les familles dans leur mission à l’intérieur de la société, à accueillir les enfants comme une bénédiction pour notre monde, et à défendre la dignité de tout homme et de toute femme, puisque nous sommes tous frères et sœurs dans l’unique famille humaine. »
Il a conclu par ces bénédictions : « Que Jésus, le Bon Pasteur, le rocher sur lequel nous construisons nos vies, vous guide ainsi que vos familles sur la voie du bien et de la miséricorde, tous les jours de votre vie. Qu’il bénisse de sa paix tous les habitants du Kenya. «Soyez forts dans la foi! N’ayez pas peur!». Car vous appartenez au Seigneur. Mungu awabariki! [Que Dieu vous bénisse! ] Mungu abariki Kenya! [Que Dieu bénisse le Kenya! ]. »
Le texte complet de l’homélie du pape François, prononcée en italien et traduite de façon consécutive en anglais, se trouve ici.