« Appliquer le Concile, le porter dans la vie quotidienne de chaque communauté chrétienne », c’était le vœu de saint Jean-Paul II, explique le pape François.
Le pape François a adressé un message au président du Conseil pontifical pour les laïcs, le cardinal Stanislas Rylko, à l’occasion des 50 ans du décret conciliaire sur la vocation des laïcs Apostolicam actuositatem, le 22 octobre dernier. Le message a été publié par le Saint-Siège jeudi, 12 novembre 2015.
« Appliquer le Concile, le porter dans la vie quotidienne de chaque communauté chrétienne : ceci était le plus cher désir pastoral de saint Jean-Paul II, comme évêque et comme pape », souligne notamment le pape François.
Et à propos de l’enseignement du Concile, le pape souligne qu’il a promu la formation des laïcs : « On peut dire que tout cet enseignement conciliaire a permis de développer dans l’Église la formation des laïcs, qui a déjà produit tant de fruits jusqu’à aujourd’hui. »
Cependant le pape appelle à faire « davantage » : « Le concile Vatican II, comme tout concile, interpelle chaque génération de pasteurs et de laïcs, car il est un don inestimable de l’Esprit Saint qui doit être accueilli avec gratitude et de manière responsable : tout ce que l’Esprit a donné et que la Sainte Mère Église nous a transmis doit toujours être à nouveau compris, assimilé et ancré dans la réalité ! »
Voici notre traduction complète du message du pape François.
A.B.
Message du pape François
Monsieur le Cardinal, je vous salue cordialement ainsi que tous les participants à la Journée d’étude organisée par le Conseil pontifical pour les laïcs, en collaboration avec l’université pontificale de la Sainte-Croix, sur le thème « Vocation et mission des laïcs. Cinquante ans après le décret Apostolicam actuositatem ».
Votre congrès s’inscrit dans le cadre des événements marquant le 50e anniversaire de la conclusion du concile Vatican II, un événement de grâce extraordinaire qui, comme l’affirma le bienheureux Paul VI, a eu « le caractère d’un acte d’amour, d’un grand et triple acte d’amour : envers Dieu, envers l’Église, envers l’humanité » (« Allocution au début de la Quatrième Session », 14 septembre 1965, Enseignements, III, 1965, p. 475). Cette nouvelle attitude d’amour qui inspirait les Pères conciliaires a notamment permis, parmi ses nombreux fruits, de porter un nouveau regard sur la vocation et la mission des laïcs dans l’Église et dans le monde, trouvant une magnifique expression dans les deux grandes Constitutions conciliaires Lumen gentium et Gaudium et spes. Ces deux documents fondamentaux du Concile situent les fidèles dans la vision d’ensemble du peuple de Dieu, auquel ceux-ci appartiennent, au même titre que les membres de l’ordre sacré et les religieux. Dans cet ensemble, ils participent de la manière qui leur est propre à la fonction sacerdotale, prophétique et royale du Christ. Le Concile, donc, ne voit pas les laïcs comme des membres de « seconde classe », au service de la hiérarchie et comme simples exécutants d’ordres venus d’en haut, mais comme les disciples du Christ, forts de leur baptême et de leur intégration naturelle « au monde », appelés à animer tout milieu de vie, toute activité, toute relation humaine, dans l’esprit de l’Évangile (cf. LG, 31). Ces laïcs apportent la lumière, l’espérance, la charité reçues du Christ dans les lieux qui, autrement, resteraient étrangers à l’action de Dieu et abandonnés à la misère de la condition humaine (cf. GS, 37). Ils sont les mieux placés pour accomplir le devoir essentiel qui consiste à « inscrire la loi divine dans la vie de la cité terrestre » (ibid., 43).
Le décret Apostolicam actuositatem, qui touche de plus près à la nature et aux champs de l’apostolat des laïcs, s’inscrit dans la perspective de cette doctrine. Il rappelle avec force que « la vocation chrétienne est aussi par nature vocation à l’apostolat » (n° 2), si bien que l’annonce de l’Évangile n’est pas réservée aux seuls « professionnels de la mission », mais devrait être le désir profond de tous les laïcs, appelés, en vertu de leur baptême, à animer des réalités temporelles, mais aussi à se dépenser pour des œuvres explicites d’évangélisation, d’annonce et de sanctification des hommes (cf. ibid.).
On peut dire que tout cet enseignement conciliaire a permis de développer dans l’Église la formation des laïcs, qui a déjà produit tant de fruits jusqu’à aujourd’hui. Mais le concile Vatican II, comme tout concile, interpelle chaque génération de pasteurs et de laïcs, car il est un don inestimable de l’Esprit Saint qui doit être accueilli avec gratitude et de manière responsable : tout ce que l’Esprit a donné et que la Sainte Mère Église nous a transmis doit toujours être à nouveau compris, assimilé et ancré dans la réalité ! Appliquer le Concile, le porter dans la vie quotidienne de chaque communauté chrétienne : ceci était le plus cher désir pastoral de saint Jean-Paul II, comme évêque et comme pape. Durant le grand Jubilé de l’an 2000, il a dit : « Une nouvelle saison s’ouvre à nos yeux : c’est le temps de l’approfondissement des enseignements conciliaires, le temps de la récolte de tout ce que les Pères conciliaires ont semé et que la génération des dernières années a soigné et attendu. Le Concile œcuménique Vatican II a été une véritable prophétie pour la vie de l’Église ; il continuera de l’être pendant les nombreuses années du troisième millénaire qui vient de commencer » (« Discours au Congrès international sur l’application des orientations du Concile œcuménique Vatican II », 27 février 2000, Enseignements, XXIII, 1, 2000, p. 278).
Je prie le Seigneur, par l’intercession de la sainte Vierge Marie, pour que votre congrès soit un stimulant pour tout le monde – pasteurs et fidèles laïcs – à avoir dans le cœur le même désir de vivre et d’appliquer le Concile, d’apporter au monde la lumière du Christ. Je vous demande, s’il vous plaît de prier pour moi. Avec affection, je vous bénis.
Du Vatican, 22 octobre 2015
Mémoire liturgique de saint Jean-Paul II
© Traduction de Zenit, Océane Le Gall
