Le pape François indique Jésus et les Béatitudes comme la « voie de la sainteté » et il suggère la « grâce à demander à Dieu » à l’occasion de la Toussaint.
Le pape a présidé la messe à l’entrée monumentale du cimetière du Verano de Rome, à 16h, dimanche 1er novembre, en la solennité de la Toussaint. La célébration a été suivie d’une prière pour les défunts et de la bénédiction des tombes.
Après avoir commenté les Béatitudes, le pape François a ajouté : « Voilà la voie de la sainteté, et c’est la voie même du bonheur. C’est la voie qu’a parcourue Jésus, ou plutôt, il est lui-même cette voie : celui qui marche avec lui et passe à travers lui entre dans la vie, dans la vie éternelle. »
Il a indiqué la grâce à demander : « Demandons au Seigneur la grâce d’être des personnes simples et humbles, la grâce de savoir pleurer, la grâce d’être doux, la grâce de travailler pour la justice et la paix, et surtout la grâce de nous laisser pardonner par Dieu pour devenir des instruments de sa miséricorde. »
Ont concélébré au côté du pape, le cardinal vicaire Agostino Vallini, Mgr Filippo Iannone, vice-gérant du diocèse de Rome et le père Armando Ambrosi, curé de la paroisse de la basilique Saint-Laurent-hors-les-Murs.
Voici notre traduction complète de l’homélie du pape.
A.B.
Homélie du pape François
Dans l’Évangile, nous avons entendu Jésus enseigner ses disciples et la foule rassemblée sur la colline près du lac de Galilée (cf. Mt 5,1-12). La parole du Seigneur ressuscité et vivant nous indique aussi à nous, aujourd’hui, la route pour atteindre la vraie béatitude, la route qui conduit au Ciel. C’est un chemin difficile à comprendre parce qu’il va à contre-courant, mais le Seigneur nous dit que celui qui emprunte cette route est heureux, tôt ou tard, il devient heureux.
« Heureux les pauvres de cœur car le Royaume des cieux est à eux. » Nous pouvons nous demander comment peut être heureuse une personne pauvre de cœur, dont l’unique trésor est le Royaume des cieux. Mais la raison est précisément celle-ci : ayant le cœur dépouillé et libre de beaucoup de choses mondaines, cette personne est « attendue » dans le Royaume des cieux.
« Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés. » Comment peuvent être heureux ceux qui pleurent ? Et pourtant, celui qui, dans la vie, n’a jamais éprouvé de la tristesse, de l’angoisse, de la douleur, ne connaîtra jamais la force de la consolation. Heureux en revanche peuvent être ceux qui ont la capacité de se laisser émouvoir, la capacité de sentir dans leur cœur la douleur qu’il y a dans leur vie et dans la vie des autres. Ceux-ci seront heureux ! Parce que la main tendre de Dieu le Père les consolera et les caressera.
« Heureux les doux. » Et nous, au contraire, combien de fois sommes-nous impatients, nerveux, toujours prêts à nous lamenter ! À l’égard des autres, nous avons beaucoup d’exigences, mais quand eux nous touchent, nous réagissons en élevant la voix, comme si nous étions les maîtres du monde, alors qu’en réalité nous sommes tous des enfants de Dieu. Pensons plutôt à ces mamans et à ces papas qui sont si patients avec leurs enfants qui « les rendent fous ». Voilà la voie du Seigneur : la voie de la douceur et de la patience. Jésus a parcouru cette voie : enfant, il a supporté la persécution et l’exil ; puis, adulte, les calomnies, les pièges, les fausses accusations au tribunal ; et il a supporté tout cela avec douceur. Par amour pour nous, il a même supporté la croix.
« Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés. » Oui, ceux qui ont un grand sens de la justice, et pas seulement envers les autres, mais avant tout envers eux-mêmes, ceux-là seront rassasiés, parce qu’ils sont prêts à accueillir une justice plus grande, celle que Dieu seul peut donner.
Et puis « heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde ». Heureux ceux qui savent pardonner, qui ont de la miséricorde pour les autres, qui ne jugent pas tout et tout le monde, mais qui cherchent à se mettre à la place des autres. Le pardon est ce dont nous avons tous besoin, personne n’est exclu. C’est pour cela qu’au début de la messe, nous nous reconnaissons tels que nous sommes, c’est-à-dire pécheurs. Et ce n’est pas une façon de parler, une formalité : c’est un acte de vérité. « Seigneur, me voici, aie pitié de moi. » Et si nous savons donner aux autres le pardon que nous demandons pour nous, nous sommes heureux. Comme nous le disons dans le « Notre Père » : « Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés. »
« Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu. » Regardons la tête de ceux qui se promènent en semant la zizanie : sont-ils heureux ? Ceux qui cherchent toujours les occasions pour embrouiller, pour profiter des autres, sont-ils heureux ? Non, ils ne peuvent pas être heureux. En revanche, ceux qui, quotidiennement, patiemment, cherchent à semer la paix sont des artisans de paix, de réconciliation, ceux-là, oui, ils sont heureux, parce qu’ils sont les vrais enfants de notre Père du ciel, qui sème toujours et uniquement la paix, au point d’avoir envoyé dans le monde son Fils comme semence de paix pour l’humanité.
Chers frères et sœurs, voilà la voie de la sainteté, et c’est la voie même du bonheur. C’est la voie qu’a parcourue Jésus, ou plutôt, il est lui-même cette voie : celui qui marche avec lui et passe à travers lui entre dans la vie, dans la vie éternelle. Demandons au Seigneur la grâce d’être des personnes simples et humbles, la grâce de savoir pleurer, la grâce d’être doux, la grâce de travailler pour la justice et la paix, et surtout la grâce de nous laisser pardonner par Dieu pour devenir des instruments de sa miséricorde.
C’est ce qu’ont fait les saints, qui nous ont précédés dans la patrie céleste. Ils nous accompagnent pendant notre pèlerinage terrestre, ils nous encouragent à avancer. Que leur intercession nous aide à marcher sur la voie de Jésus et obtienne le bonheur éternel à nos frères et sœurs défunts, pour lesquels nous offrons cette messe. Ainsi soit-il.
© Traduction de Zenit, Constance Roques