Le card. français Jean-Louis Tauran à Vienne (Novembre 2012)

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"S’accueillir les uns les autres en Europe : de la peur à la confiance"

Le card. Tauran aux Religions pour la paix (traduction complète)

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« La véritable mission de la religion est la paix parce que la religion et la paix vont de pair », déclare le cardinal Tauran.

Le cardinal français Jean-Louis Tauran, président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, a adressé un message en date du 29 octobre, aux participants à l’Assemblée européenne de Religions for Peace (« Religions pour la paix »), intitulée : « S’accueillir les uns les autres en Europe : de la peur à la confiance », qui se déroule à Castel Gandolfo, du 28 octobre au 1er novembre 2015.

Il indique ce défi pour les religions : « En tant que responsables religieux, notre défi urgent aujourd’hui est de transformer la méfiance, la suspicion, l’intolérance en une nouvelle culture fondée sur le respect, la compréhension mutuelle, la non-violence, la solidarité et la résolution pacifique des conflits. Puisque notre patrimoine spirituel est si grand, travaillons ensemble pour remédier à ces maux sociaux et culturels à travers le dialogue et la coopération. »

Voici notre traduction intégrale du message du cardinal Tauran publié en anglais par le Saint-Siège.

A.B.

 

Message du cardinal Tauran

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les membres de Religions for Peace et les responsables religieux, Mesdames et Messieurs,

J’adresse mes chaleureuses salutations et mes vœux les plus cordiaux à nos frères et sœurs de différentes traditions religieuses et aux personnes de bonne volonté, rassemblés à Castel Gandolfo à l’occasion de l’Assemblée européenne de Religions for Peace, intitulée « S’accueillir les uns les autres en Europe : de la peur à la confiance ».

Comme vous le savez peut-être, du 26 au 28 octobre 2015, le Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux a célébré le cinquantième anniversaire de Nostra aetate, la déclaration sur la relation de l’Église avec les religions non-chrétiennes. Nostra aetate note que « nous ne pouvons invoquer Dieu, Père de tous les hommes, si nous refusons de nous conduire fraternellement envers certains des hommes créés à l’image de Dieu. La relation de l’homme à Dieu le Père et la relation de l’homme à ses frères humains sont tellement liées que l’Écriture dit : « Qui n’aime pas ne connaît pas Dieu » (1 Jn 4,8). Par là est sapé le fondement de toute théorie ou de toute pratique qui introduit entre homme et homme, entre peuple et peuple, une discrimination en ce qui concerne la dignité humaine et les droits qui en découlent » (NA n. 5).

En conséquence, on ne peut pas aimer Dieu sans aimer son prochain, ni son prochain sans aimer Dieu. Mais on ne peut pas aimer Dieu ou son prochain sans les connaître, et on ne peut pas les connaître sans entrer en communion avec eux. Le manque de confiance mutuelle vient d’un manque de compréhension. Le pape François affirme que l’avenir de l’Europe dépend de la récupération de la connexion vitale entre deux éléments, à savoir : la dimension transcendante de la vie et l’« esprit humaniste ». Il souligne qu’« une Europe qui n’a plus la capacité de s’ouvrir à la dimension transcendante de la vie est une Europe qui lentement risque de perdre son âme, ainsi que cet « esprit humaniste » qu’elle aime et défend cependant » (Discours au Parlement européen, le 25 novembre 2014).

Dans le document de réflexion de votre Assemblée, vous avez souligné les multiples défis de l’Europe d’aujourd’hui : la peur de perdre son identité menant au radicalisme et au fondamentalisme, la tendance au repli sur soi, la xénophobie, l’intolérance croissante envers les religions et les minorités différentes, les flux croissants de la migration forcée en raison des guerres, des régimes dictatoriaux et de la crise écologique.

Comment pouvons-nous transformer la peur en confiance, la discrimination en respect, l’inimitié en amitié, la polarisation en solidarité, un style de vie égoïste en une vie altruiste, une culture du jetable en une culture bienveillante et la confrontation en rencontre et en dialogue ? La véritable mission de la religion est la paix parce que la religion et la paix vont de pair. Aucun véritable chef religieux ne peut ignorer la culture de la déshumanisation et de la violence, ni la prêcher ou la soutenir. Nous convenons tous que la paix ou la violence, la confiance ou la peur viennent du cœur humain. La prière, les pratiques spirituelles et les actions pour la justice et la paix peuvent éveiller nos cœurs en dépassant la vision polarisée qui nous fait percevoir notre prochain comme une autre personne à part. En tant que responsables religieux, notre défi urgent aujourd’hui est de transformer la méfiance, la suspicion, l’intolérance en une nouvelle culture fondée sur le respect, la compréhension mutuelle, la non-violence, la solidarité et la résolution pacifique des conflits. Puisque notre patrimoine spirituel est si grand, travaillons ensemble pour remédier à ces maux sociaux et culturels à travers le dialogue et la coopération.

Le pape François fait appel à l’ONU pour « intensifier le dialogue parmi les différentes religions », « pour construire des ponts reliant tous les hommes, de sorte que chacun puisse voir dans l’autre non pas un ennemi, non pas un rival, mais un frère ou une sœur à accueillir et à embrasser » (Audience avec le Corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège, le 22 mars 2013).

Avec des sentiments d’estime et de respect, je vous transmets les meilleurs vœux et la prière de Sa Sainteté le pape François et son espoir que les discussions et les réflexions de cette Assemblée pourront contribuer à une nouvelle culture de la rencontre et de l’amitié en Europe.

Cardinal Jean-Louis Tauran

Président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux

© Traduction de Zenit, Constance Roques

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Jean-Louis Tauran

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