Le pape François redit un « non » très clair à l’antisémitisme sous toutes ses formes et au fondamentalisme.
Le pape François a en effet voulu que cette audience générale soit une « audience interreligieuse » ce mercredi 28 octobre, place Saint-Pierre, à l’occasion du 50e anniversaire de la déclaration conciliaire Nostra aetate sur les relations de l’Église catholique avec les religions non chrétiennes. C’était aussi à un jour près le 29e anniversaire de la rencontre des religions pour la paix voulue par saint Jean-Paul II, le 27 octobre 1986, à Assise.
C’était la première fois qu’un pape associait une manifestation interreligieuse et l’audience du mercredi.
Il a salué la foule en « papamobile » comme à son habitude et malgré la pluie – qui a cessé – puis les participants d’autres religions (judaïsme, islam – sunnite et chiite –, bouddhisme, hindouisme, sikhisme, jaïnisme).
Il a salué ensuite les malades et les personnes handicapées qui, à cause du mauvais temps, suivaient l’audience sur grand écran depuis la salle Paul VI: il venait de leur rendre visite.
Le pape a ouvert l’audience par cette prière : « Que le Seigneur soit avec nous en cette audience. »
Des passages de Nostra aetate on ensuite été lus en différentes langues, notamment ce passage (NA 5) : « Nous ne pouvons invoquer Dieu, Père de tous les hommes, si nous refusons de nous conduire fraternellement envers certains des hommes créés à l’image de Dieu. La relation de l’homme à Dieu le Père et la relation de l’homme à ses frères humains sont tellement liées que l’Écriture dit : « Qui n’aime pas ne connaît pas Dieu » (1 Jn 4, 8). »
Le cardinal français Jean-Louis Tauran, président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux a ensuite pris la parole, puis le cardinal suisse Kurt Koch, président de la Commission pour les rapports religieux avec le judaïsme, qui a souligné la « relation toute particulière » de l’Église avec le peuple juif avant de rappeler les paroles de Benoît XVI : « Il est impossible d’être chrétien et antisémite. »
Le pape François a lui-même redit – dans sa catéchèse en italien – « oui » à la « redécouverte des racines juives du christianisme », et « non » à « toute forme d’antisémitisme ».
S’adressant à tous les croyants il a exhorté à la prière : « Nous avons une grande ressource, la prière et nous, croyants, nous prions, nous devons prier. La prière est notre trésor… pour demander les dons dont a besoin l’humanité. »
Il a insisté sur l’importance de la prière : « La première chose que nous devons faire est de prier et de prier les uns pour les autres (…) : nous sommes frères. Sans le Seigneur rien n’est possible, avec lui tout le devient. Puisse notre prière, chacun selon sa tradition propre, adhérer à la volonté de Dieu qui désire que tous les hommes se reconnaissent frères et vivent comme tels, formant la grande famille humaine dans l’harmonie des diversités. »
Il a aussi invité à la collaboration : « Nous pouvons cheminer ensemble en prenant soin les uns des autres et de la Création, toutes les religions. »
Il a spécialement indiqué que le Jubilé constitue « une occasion de collaborer ensemble dans les œuvres de charité ».
« Nous devons, a insisté le pape, nous proposer de laisser le monde meilleur que nous ne l’avons trouvé. »
En s’adressant aux visiteurs de langue française, il a ajouté : « Je vous invite tous à renouveler votre prière et votre engagement pour l’établissement d’un dialogue fraternel et fructueux avec les personnes appartenant à d’autres religions, afin de construire, avec la grâce de Dieu, un monde de justice et de paix. »
Après avoir condamné à nouveau l’usage du nom de Dieu pour justifier la violence, le pape a invité la foule à une prière silencieuse, impressionnante : « Demandons que Dieu nous fasse plus frères entre nous et plus serviteurs de nos frères dans le besoin. Prions en silence, chacun selon notre tradition religieuse. »
« Et que Dieu nous bénisse tous », a conclu le pape François.
Le texte complet de l’audience se trouve ici.
L’intervention du cardinal Tauran ici.
Et celle du cardinal Koch ici.