Il est impossible d’être à la fois chrétien et antisémite : le cardinal Koch rappelle les exhortations du pape François dans ce sens et souligne que tous les papes successifs ont confirmé Nostra aetate.
Le pape François a en effet voulu que l’audience générale soit une « audience interreligieuse » ce mercredi 28 octobre, place Saint-Pierre, à l’occasion du 50e anniversaire de la déclaration conciliaire Nostra aetate sur les relations de l’Église catholique avec les religions non chrétiennes.
Le cardinal français Jean-Louis Tauran, président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux a ensuite pris la parole, suivi du cardinal suisse Kurt Koch, président de la Commission pour les rapports religieux avec le judaïsme, qui a souligné la « relation toute particulière » de l’Église avec le peuple juif avant de rappeler les paroles de Benoît XVI : « Il est impossible d’être chrétien et antisémite. »
Il rend hommage au pape François en ces termes :« De nos jours, à un moment où ressurgissent malheureusement de nouvelles vagues d’antisémitisme, Saint-Père, vous nous rappelez sans cesse à nous, chrétiens, qu’il est impossible d’être à la fois chrétien et antisémite. Pour votre message clair et pour la bienveillance que vous avez toujours manifestée à l’égard de nos frères et sœurs juifs, je vous remercie de tout cœur, au nom aussi des représentants juifs ici présents et de toute la communauté juive, et j’invoque sur nous votre berakha (“bénédiction”, ndlr). Shalom ! (“Paix !”, ndlr).
« Après le concile, tous les papes qui se sont succédé ont confirmé et approfondi les perspectives encourageantes fondées dans Nostra Ætate », fait encore observer le cardinal Koch.
Voici notre traduction de l’allocution prononcée par le cardinal Kurt Koch en italien.
A.B.
Salutations du cardinal Kurt Koch
Saint-Père,
C’est une joie et un honneur pour moi de pouvoir vous saluer ici, sur la place Saint-Pierre, au nom des représentants de la communauté juive qui participent au Congrès international à l’occasion du cinquantième anniversaire de la promulgation de Nostra aetate et, en particulier, au nom de la délégation du Congrès juif mondial. L’audience de ce jour est une contribution importante à l’approfondissement de cette « culture de la rencontre » entre les personnes, les peuples et les religions, qui vous tient beaucoup à cœur, Saint-Père.
Une rencontre porteuse de promesses eut lieu aussi au commencement du processus qui conduisit à la rédaction de Nostra aetate. Il s’agit de l’entretien qu’eurent le 13 juin 1960 le saint pape Jean XXIII et l’historien juif Jules Isaak, lequel avait présenté au Pontife suprême un exposé avec la demande pressante de promouvoir une nouvelle vision des rapports entre l’Église et le judaïsme. Quelques mois à peine après cette rencontre, le pape Jean XXIII assignait la tâche de préparer, pour le concile, une déclaration sur le peuple juif. Ce texte fut finalement introduit comme quatrième article de la déclaration sur les relations de l’Église avec les religions non chrétiennes.
Cet article représente non seulement le point de départ, mais le cœur même de toute la déclaration Nostra aetate. De fait, l’Église a avec le peuple juif une relation tout à fait particulière, comme on le lit dès la première phrase : « Scrutant le mystère de l’Église, le saint Concile rappelle le lien qui relie spirituellement le peuple du Nouveau Testament à la lignée d’Abraham » (n. 4). À la lumière de cette communion qui existe entre juifs et chrétiens dans l’histoire du salut, le concile met en évidence les racines juives de la foi chrétienne et reconnaît le grand « patrimoine spirituel commun » aux chrétiens et aux juifs. Le concile déplore, en outre, toute haine et toute manifestation de violence contre le peuple juif, y compris de la part de chrétiens, et il condamne toutes les formes d’antisémitisme.
Nostra aetate est considérée, à juste titre, comme le document de base et la Magna Carta d’une relation fructueuse entre l’Église catholique et le peuple juif. En ce cinquantième anniversaire de cette déclaration, nous pouvons rappeler avec gratitude que, même après le concile, tous les papes qui se sont succédé ont confirmé et approfondi les perspectives encourageantes fondées dans Nostra aetate. Saint-Père, vous avez souvent redit votre grande estime pour le peuple juif ; vous l’avez exprimé, en particulier, pendant votre visite en Terre sainte, par votre prière au mur des Lamentations et par votre touchante réflexion au Mémorial de Yad Vashem.
De nos jours, à un moment où ressurgissent malheureusement de nouvelles vagues d’antisémitisme, Saint-Père, vous nous rappelez sans cesse à nous, chrétiens, qu’il est impossible d’être à la fois chrétien et antisémite. Pour votre message clair et pour la bienveillance que vous avez toujours manifestée à l’égard de nos frères et sœurs juifs, je vous remercie de tout cœur, au nom aussi des représentants juifs ici présents et de toute la communauté juive, et j’invoque sur nous votre berakha (« bénédiction », ndlr). Shalom ! (« Paix ! », ndlr).
© Traduction de Zenit, Constance Roques