Une goutte d’eau dans l’océan, mais si précieuse !

Discours à la Banque alimentaire italienne

Share this Entry

« Continuez ! » dit le pape François à la Banque alimentaire italienne qui fête ses 25 ans et dont il a reçu des représentants, samedi 3 octobre, au Vatican.

Et s’ils ont l’impression que leur lutte contre la faim dans le monde représente « une goutte d’eau dans l’océan », elle est tellement « précieuse » !

Voici notre traduction intégrale de l’italien de cette allocution dont nous avons donné un écho le 5 octobre.

A.B.

 

Discours du pape François 

Chers frères et sœurs bonjour !

Je suis heureux de vous rencontrer tous, vous les associations et individus qui collaborez à ce grand réseau de charité appelé Fondation « Banco alimentare ». Je salue aussi ceux qui suivent cette rencontre de la place Saint-Pierre. Depuis 25 ans, vous êtes engagés quotidiennement, comme volontaires, sur le front de la pauvreté. Vous luttez principalement contre le gaspillage de la nourriture que vous récupérez et distribuez aux familles en difficulté et aux personnes indigentes. Je vous remercie pour ce que vous faites et vous encourage à persévérer dans cette voie.

Aujourd’hui la faim a pris les dimensions d’une vrai «  scandale » qui menace la vie et la dignité de tant de personnes – hommes, femmes, enfants et personnes âgées. Chaque jour, nous sommes confrontés à cette injustice, je dirais même plus à ce péché. Dans un monde pourtant riche en ressources alimentaires, qui le doit d’ailleurs aux énormes progrès de la technologie, trop de personnes manquent encore de biens de première nécessité ; et pas seulement dans les pays pauvres, mais de plus en plus dans les sociétés riches et développées. La situation s’est aggravée avec l’augmentation des flux migratoires qui amènent en Europe des milliers de réfugiés, ayant fui leurs pays et qui ont besoin de tout. Face à un problème aussi démesuré, résonnent les paroles de Jésus : « J’avais faim et vous m’avez donné à manger » (Mt 25,35). Nous voyons dans l’Evangile que le Seigneur, qui s’est aperçu que les foules venues l’écouter avaient faim, n’ignore pas le problème et ne se met pas non plus à faire de beaux discours sur la lutte contre la pauvreté, mais fait un geste qui étonne tout le monde : il prend ce peu que les disciples ont apporté avec eux, le bénit, et fait une telle multiplication de pains et de poissons que ceux-ci repartirent avec « douze paniers pleins » » (Mt 14,20-21).

Nous ne pouvons pas accomplir de miracle comme l’a fait Jésus, mais nous pouvons faire quelque chose face à l’urgence de la faim, quelque chose de humble, et qui a la force d’un miracle. Tout d’abord, nous pouvons nous éduquer à l’humanité, apprendre à reconnaître l’humanité qui est dans toute personne ayant besoin de tout. C’est peut-être à cela que pensait Danilo Fossati, l’entrepreneur du secteur alimentaire et fondateur du Banco alimentare, quand il est allé confier à Don Giussani sa gêne de voir qu’en Italie on détruisait tant de produits encore comestibles alors que le pays souffrait la faim. Don Giussani, frappé par cet homme, a dit : « Il m’est arrivé rarement de rencontrer un homme puissant qui décide de donner sans rien demander en échange et je n’avais jamais connu un homme qui donnait sans vouloir paraître. (…) C’est à lui que l’on doit cette Banque alimentaire. Jamais publiquement, toujours sur la pointe des pieds, il l’a suivie depuis sa fondation. »

Votre initiative, qui fête ses 25 ans, est enracinée dans le cœur de ces deux hommes, qui n’ont pas été indifférents aux cris des pauvres. Et ils ont compris que quelque chose devait changer dans la mentalité des personnes, que les murs de l’individualisme et de l’égoïsme devaient être abattus. Continuez cette œuvre avec confiance, en pratiquant la culture de la rencontre et du partage. Certes, votre contribution peut vous paraître comme une goutte d’eau dans l’océan, mais en réalité elle est précieuse ! Comme vous, d’autres se donnent du mal, et cela fait monter les eaux du fleuve qui nourrit l’espérance de millions de personnes.

Jésus lui-même nous invite à faire de la place à l’urgence de « donner à manger aux affamés » dans notre cœur, et l’Eglise en a fait une des œuvres de miséricorde corporelle. Partager ce que nous avons avec ceux qui n’ont pas les moyens de satisfaire un besoin aussi élémentaire, nous éduque à cette charité qui est un don débordant de passion pour la vie des pauvres que le Seigneur nous fait rencontrer.

Partageant la nécessité du pain quotidien, vous rencontrez chaque jour des centaines de personnes. N’oubliez pas que ce sont des personnes, pas des numéros, chacun avec son fardeau de souffrance parfois si difficile qu’il est impossible à porter. En ayant toujours cela à l’esprit, vous saurez les regarder en face, les regarder dans les yeux, serrer leur main, deviner en eux la chair du Christ et les aider aussi à reconquérir leur dignité et à se remettre debout. Je vous encourage à être pour les pauvres des frères et des amis, à leur faire sentir qu’ils sont importants aux yeux de Dieu. Que les difficultés que vous rencontrez sûrement ne vous découragent pas mais vous induisent à vous soutenir encore plus les uns les autres, dans une belle compétition de charité.

Que la Vierge Marie, Mère de la charité, vous protège. Et que ma bénédiction vous accompagne. Et je vous demande, à vous aussi, s’il vous plaît, de prier pour moi. Merci !

Tous ensemble prions la Vierge Marie. Et je vous suggère une chose : en priant la Vierge et en recevant la bénédiction, pensez à une personne, à deux ou trois, que nous connaissons, qui ont faim et ont besoin du pain quotidien. Ne pas penser à nous, demander à la Vierge pour eux. Que le Seigneur les bénisse.

© Traduction de Zenit, Océane Le Gall

Share this Entry

Francis NULL

FAIRE UN DON

Si cet article vous a plu, vous pouvez soutenir ZENIT grâce à un don ponctuel