Dix ans après la mort du pape Jean-Paul II et en ce 50e anniversaire de la déclaration conciliaire sur les rapports de l’Eglise et des religions non-chrétiennes, « Nostra Aetate », une exposition a été inaugurée au Vatican, ce mardi, 28 juillet, dans le « Bras de Charlemagne », sur la gauche de la colonnade du Bernin. On peut la visiter jusqu’au 17 septembre.
L’exposition a parcouru auparavant les Etats-Unis – Los Angeles, Chicago, Philadelphie -, réunissant plus d’un million de visiteurs.
Elle a été réalisée par James Buchanan et William Madges avec cette idée clef que la dialogue interreligieux est source de progrès pour l’humanité.
Un système multimédia conduit le visiteur, en passant par quatre sections, jusqu’au Mur occidental – le Mur des Lamentations ou Kotel – de Jérusalem, mur de soubassement du Temple d’Hérode.
L’exposition progresse par des vidéos, des panneaux, des photos, et des effets acoustiques avec la voix du pape Jean-Paul II.
La première partie de l’exposition relate les jeunes années de Karol Wojtyla à Wadowice, son amitié avec Jerzy Kluger – renouée de nombreuses années après la Shoah, à Rome -, et les relations entre juifs et catholiques en Pologne dans les années 1920-1930.
La deuxième partie évoque les années d’université et du travail de Karol Wojtyla à Cracovie pendant la seconde guerre mondiale, sous l’Occupation nazie et à l’heure de la Shoah.
La troisième partie de l’exposition est consacrée au ministère sacerdotal de Karol Wojtyla, ordonné prêtre le 1er novembre 1946, à l’époque de la persécution communiste, puis sa nomination comme évêque.
L’exposition évoque « Nostra Aetate », la déclaration du concile Vatican II, promulguée par Paul VI le 28 octobre 1965 et sa mise en œuvre par le jeune archevêque.
Cette section conduit jusqu’à son élection comme Successeur de Pierre le 16 octobre 1978.
La quatrième partie évoque notamment sa visite à la grande synagogue de Rome.
Jean-Paul II a en effet été le premier pape à se rendre à une synagogue. A la grande synagogue de Rome, il a été accueilli par le regretté grand rabbin Elio Toaff, le 13 avril 1986. C’est alors qu’il a parlé des juifs comme des « frères aînés » des chrétiens.
Le pape Wojtyla disait en entre autres : « La prise en considération des conditionnements culturels séculaires ne doit pas toutefois empêcher de reconnaître que les actes de discrimination, de limitation injustifiée de la liberté civile, à l’égard des juifs, ont été objectivement des manifestations gravement déplorables. Oui, encore une fois (cf. NA, 4), par mon intermédiaire, l’Eglise (…) déplore les haines, les persécutions et toutes les manifestations d’antisémitisme qui, quels que soient leur époque et leurs auteurs, ont été dirigées contre les juifs; je répète: quels que soient leurs auteurs ».
Elle évoque aussi le voyage en Israël à l’occasion du Grand jubilé de l’An 2000.
Comme c’est la tradition, le pape Jean-Paul II a glissé une prière dans la fissure entre les pierres, comme le fera ensuite Benoît XVI. Le texte de la prière reprenait la demande de pardon prononcée en la basilique Saint-Pierre quelques semaines auparavant, le 12 mars 2000, condmnant toute forme d’antisémitisme.
Le cardinal Edward Idris Cassidy, alors président du conseil pontifical pour la Promotion de l’Unité des Chrétiens et de la Commission pour les relations religieuses avec le Judaïsme, a prononcé cette demande de pardon pour les fautes commises « contre le peuple de l’Alliance » : « Prions pour que, dans le souvenir des souffrances endurées au cours de l’histoire par le peuple d’Israël, les chrétiens sachent reconnaître les péchés commis par nombre des leurs contre le peuple de l’alliance et des bénédictions, et ainsi purifier leur cœur ».
Après un temps de prière silencieuse, Jean-Paul II a proclamé cette oraison qu’il a ensuite déposée à Jérusalem dans une fissure du Mur occidental, le 26 mars 2000: « Dieu de nos pères, tu as choisi Abraham et sa descendance pour que ton Nom soit apporté aux peuples : nous sommes profondément attristés par le comportement de ceux qui, au cours de l’histoire, les ont fait souffrir, eux qui sont tes fils, et, en te demandant pardon, nous voulons nous engager à vivre une fraternité authentique avec le peuple de l’alliance. Par Jésus, le Christ, notre Seigneur ».
Au terme de l’itinéraire, les visiteurs sont invités à formuler une prière à glisser dans une fissure d’un mur fictif, en imitant le geste de Jean-Paul II. Elles ne seront pas lues mais elles seront déposées à au Mur Occidental de Jérusalem.