Question d’un journaliste du Paraguay – Vous avez élevé le sanctuaire de Caacupé à basilique mineure, mais les gens se demandent: “Pourquoi le Paraguay n’a pas de cardinal?”Quel péché a le Paraguay qu’il n’ait pas de cardinal?
Pape François – Eh bien, ne pas avoir de cardinal n’est pas un péché! La majorité des pays du monde n’ont pas de cardinal. La majorité! C’est-à-dire que la nationalité des cardinaux – je ne me souviens pas combien elles sont – mais c’est une minorité par rapport à tout l’ensemble. C’est vrai, jusqu’ici, le Paraguay n’a pas eu de cardinal. Je ne saurais vous en dire la raison. Parfois, pour le choix des cardinaux, on soupèse, on lit, on étudie les fiches de chacun, on voit la personne, le charisme, surtout, du cardinal, qui devrait être un conseiller du pape, qui assiste le pape dans le gouvernement universel de l’Eglise. Même si’l appartient en effet à une Eglise particulière, un cardinal est – d’où son nom – « incardiné » dans l’Eglise de Rome, et il doit avoir une vision universelle. Cela ne veut pas dire qu’au Paraguay il n’y ait pas d’évêques qui l’aient, qui puissent l’avoir, mais, comme toujours, il faut choisir jusqu’à un certain nombre – on en peut pas désigner plus de 120 cardinaux électeurs -, donc ce sera pour cela. La Bolivie en a eu deux. L’Uruguay deux – oui, deux, Barbieri et le cardinal actuel -. Certains pays d’Amérique centrale n’en ont pas eu non plus. Mais ce n’est pas un péché, et tout dépend des circonstances, des personnes, du charisme pour « s’incardiner ». Et cela ne signifie pas une dépréciation ou que les évêques du Paraguay aient moins de valeur. Il y a des évêques paraguayens géniaux. Je me souviens des deux Bogarin qui ont marqué l’histoire du Paraguay. Pourquoi n’ont-ils pas été cardinaux ? Eh bien, ils ne l’ont pas été. Ce n’est pas une promotion. Ce n’est pas sûr ? Je me pose une autre question : Le Paraguay mérite-t-il d’avoir un cardinal, si l’on regarde l’Eglise du Paraguay ? Je dirais qu’il mériterait d’en avoir deux. Mais c’est pour autre chose, cela n’a rien à voir avec les mérites. C’est une Eglise vivante, une Eglise joyeuse, une Eglise qui lutte, et avec une histoire glorieuse.