Ban Ki-Moon, ONU @ L'Osservatore Romano

Ban Ki-Moon, ONU @ L'Osservatore Romano

Financement ONU du développement : vaincre à la pauvreté et à la faim

Print Friendly, PDF & Email

Traduction intégrale de l’intervention du Saint-Siège à la Conférence d’Addis-Abeba (Ethiopie), le 15 juillet.

Share this Entry
Print Friendly, PDF & Email

Le Saint-Siège encourage les efforts internationaux pour « mettre un terme à la pauvreté et à la faim ».

Mgr Bernardito Auza, nonce apostolique et observateur permanent du Saint-Siège à l’ONU, à New York est en effet intervenu comme chef de la délégation du Saint-Siège à la troisième Conférence internationale sur le financement pour le développement, qui s’est tenue à Addis-Abeba le 15 juillet 2015.

Pour le Saint-Siège il faut non seulement « mettre un terme à la pauvreté et à la faim », mais en même temps « parvenir à un développement durable, tout en favorisant des sociétés pacifiques et inclusives et un système économique mondial équitable soucieux de l’environnement ».

« Tout en reconnaissant que des progrès ont été accomplis, nous devons aussi admettre que les pays en voie de développement, en particulier les pays les moins avancés (PMA) ont toujours besoin de soutien », insiste Mgr Auza.

Il cite Laudati Si’ : « Les efforts de développement ne peuvent pas faire de progrès significatifs si les pays continuent de mettre l’accent sur leurs intérêts nationaux au détriment du bien commun mondial » (169).

Il avertit que les déclaratiosn ne suffisent pas: « Nous devons procéder à un changement de transformation qui traduise les déclarations en actions, et les engagements en réalisations. »

Voici notre traduction intégrale de l’intervention du représentant du Saint-Siège.

Intervention de Mgr Auza

Monsieur le Président,

Ma délégation se réjouit que la communauté mondiale ait collaboré et se soit réunie pour cette troisième Conférence internationale sur le financement pour le développement et pour l’adoption de son Document final, le Programme d’action d’Addis-Abeba.

Depuis l’adoption des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) en 2000, le Consensus de Monterrey en 2002 et la Déclaration de Doha en 2008, la communauté mondiale a eu des occasions d’évaluer les progrès accomplis et les défis qui demeurent encore pour mettre un terme à la pauvreté et à la faim. Ces efforts collectifs ont aidé à façonner le Document final actuel, en soutien d’un programme de développement porteur de transformation pour l’après-2015.

Monsieur le Président,

Dans l’ensemble, le monde a fait des progrès économiques importants. De plus en plus de pays participent à l’économie mondiale, plus que jamais auparavant. L’activité économique mondiale et les flux financiers ont augmenté et les progrès de la science, de la technologie et de l’innovation ont renforcé le potentiel pour parvenir à un développement durable pour tous.

Cependant, une large portion de la population mondiale continue d’être exclue des bénéfices de ces progrès et le fossé entre les riches et les pauvres s’est rapidement élargi et n’a jamais été aussi grand. De nombreux pays sont encore confrontés à d’énormes défis pour pouvoir pleinement participer à l’économie mondiale. En effet, certains sont tombés encore plus en arrière et risquent de continuer dans ce sens si la communauté internationale ne les aide pas à trouver des solutions à ce qui les contraint.

Tout en reconnaissant que des progrès ont été accomplis, nous devons aussi admettre que les pays en voie de développement, en particulier les pays les moins avancés (PMA) ont toujours besoin de soutien. C’est pourquoi, les engagements financiers et non-financiers pour le développement devraient se poursuivre, être augmentés là où c’est nécessaire et être tenus. Comme l’a dit le pape François dans sa récente encyclique Laudato Si’, les efforts de développement ne peuvent pas faire de progrès significatifs si les pays continuent de mettre l’accent sur leurs intérêts nationaux au détriment du bien commun mondial (LS 169).

Monsieur le Président,

En tenant compte des progrès accomplis et des défis qui restent à relever, le Saint-Siège soutient l’objectif global de ce document final, à savoir de mettre un terme à la pauvreté et à la faim et de parvenir à un développement durable, tout en favorisant des sociétés pacifiques et inclusives et un système économique mondial équitable soucieux de l’environnement. Ma délégation est convaincue que cette approche multidimensionnelle est indispensable. Les solutions à la pauvreté et à la faim ne peuvent pas être laissées aux seules forces du marché. Pour éradiquer la pauvreté et la faim, en particulier l’extrême pauvreté et la faim chronique, le partage de la science et de la technologie, l’acceptation de valeurs éthiques telles que la solidarité et la justice sociale pour influencer le marché, et une volonté politique commune doivent toutes s’aligner.

De même, nous nous félicitons de ce que le Document final met fortement l’accent sur les personnes en situation de vulnérabilité, en particulier les femmes et les filles, et souligne l’importance de leur participation, leur contribution et leur rôle de responsabilité dans l’économie et dans la société au sens large. Ma délégation voudrait souligner trois aspects du Document final, étroitement liés à la réalisation du développement durable : d’abord, la mobilisation des ressources financières ; deuxièmement, la création d’un environnement économique international favorable ; et troisièmement, une surveillance efficace et un mécanisme de suivi pour examiner la mise en œuvre du Document final, en particulier à l’appui du programme de développement post-2015.

Tout d’abord, tous les efforts doivent être faits pour mobiliser des financements pour le développement intégral de l’homme, toutes sources confondues : secteur national, international, privé, et aide publique au développement. Nous demandons instamment qu’une attention spéciale soit accordée aux besoins de financement des pays en situation particulière, en particulier les pays les moins avancés (PMA), les pays en développement sans littoral (PDSL), les petits États insulaires en développement (PEID), ainsi que les pays en conflit ou en situation après-conflit. Pour leurs besoins particuliers ou pour des nécessités plus grandes, la communauté internationale peut avoir à mobiliser de nouveaux acteurs et à créer de nouveaux mécanismes de financement spécifiques pour améliorer les perspectives pour ces pays de parvenir à un développement durable.

Deuxièmement, alors que chaque pays a la responsabilité principale de son propre développement économique et social grâce à des stratégies nationales de développement cohérentes et durables, un environnement économique international favorable doit sous-tendre les stratégies de développement, dans un esprit de partenariat mondial, de prospérité partagée et de solidarité intergénérationnelle.

Troisièmement, ma délégation se félicite de l’attention portée à une surveillance efficace et à un mécanisme de suivi, qui fournirait les moyens d’évaluer les progrès et d’identifier les obstacles à la mise en œuvre du Document final de financement du développement. À cet égard, la communauté internationale doit accorder une attention particulière aux pays qui peuvent avoir besoin d’aide pour examiner et évaluer leurs propres progrès.

Enfin, Monsieur le Président, tandis que nous nous lançons dans cette année charnière, souvenons-nous une fois de plus de notre responsabilité de veiller à ce que les engagements pris ici à Addis-Abeba atteignent notre objectif primordial de mettre un terme à la pauvreté et à la faim et d’assurer un développement durable, équitable et intégral qui ne laisse aucun pays ni personne en arrière. Il ne suffit plus que nous affirmions notre volonté de mettre un terme à la pauvreté et à la faim et de réaliser un développement durable ; nous devons procéder à un changement de transformation qui
traduise les déclarations en actions, et les engagements en réalisations.

Pour conclure, ma délégation remercie profondément le Gouvernement et le peuple d’Éthiopie d’accueillir cette Conférence.

Merci, Monsieur le Président.

Traduction de Zenit, Constance Roques 

 

Share this Entry

Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

FAIRE UN DON

Si cet article vous a plu, vous pouvez soutenir ZENIT grâce à un don ponctuel