Le pape « comprend » le crucifix du père Espinal

Dans l’avion, le pape François a expliqué aux journalistes sa réaction au cadeau du président bolivien.

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« Pour moi, ce n’était pas une offense », a dit le pape François en commentant le cadeau du président bolivien Evo Morales. Il s’agit d’un crucifix en bois sculpté dans un marteau appuyé sur une faucille offert au pape lors de son voyage en Bolivie le 9 juillet.

« Pour moi ce fut une surprise », a dit le pape en répondant aux questions des journalistes sur le vol Asuncion-Rome.

Il estime que ce « genre d’art » pourrait être décrit comme « l’art de protestation ». L’auteur de cette œuvre, le prêtre jésuite Luis Espinal assassiné en 1980, à La Paz, vivait à l’époque « où la théologie de la libération a eu beaucoup de différents volets, dont l’un comprenait l’analyse marxiste de la réalité, et le père Espinal appartenait à ce dernier », a expliqué le pape.

Le père Espinal est « un passionné de cette analyse marxiste de la réalité, mais aussi de la théologie qui utilise le marxisme. D’où ce travail. Même les poèmes d’Espinal sont du genre de protestation, mais c’était sa vie, c’était sa pensée, c’était un homme spécial, avec un génie si humain, et qui s’est battu en toute bonne foi. En considérant une telle herméneutique, je comprends ce travail. Pour moi, ce n’était pas une offense », a affirmé le pape François.

Il a dit d’avoir connu de près les différents mouvements de la théologie de la libération, car à ce moment-là il était « recteur de la faculté de théologie » en Argentine. Le pape a évoqué une lettre du père Arrupe, Général de la Compagnie de Jésus, envoyée à cette époque aux membres de la Compagnie et critiquant l’analyse marxiste de la réalité en théologie. « Et quatre ans plus tard, en 1984, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi a publié … la première déclaration sur la théologie de la libération, qui la critiquait, a continué le pape.  Puis est venue la seconde, qui ouvrait des perspectives plus chrétiennes ».

Le pape a raconté aux journalistes que le président bolivien voulait lui donner « deux décorations, l’une, la plus importante de Bolivie (le Condor des Andes, ndlr), et l’autre, de l’Ordre du père Espinal, d’un nouvel ordre ». « Je n’ai jamais accepté de décoration, je ne peux pas … », a avoué le pape. Mais le cadeau que le président a offert, « il l’a fait avec une telle bonne volonté et un désir de me plaire », a-t-il continué, « et je pensais que cela venait du peuple de Bolivie – j’ai prié à ce sujet, et j’ai pensé que, si je le les emmenais au Vatican cela allait aller au musée et personne ne le verrait. Donc, j’ai pensé les laisser à Notre Dame de Copacabana, la Mère de la Bolivie… : il sera dans le Sanctuaire de Notre Dame de Copacabana avec ces deux décorations que je donne. Mais j’emporte le crucifix avec moi ».

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Marina Droujinina

Journalisme (Moscou & Bruxelles). Théologie (Bruxelles, IET).

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