Le Saint-Siège appelle l’Europe à répondre au mouvement de migration, non pas de manière « passive », mais en « trouvant le courage de planifier l’avenir ».
Mgr Antoine Camilleri, sous-secrétaire pour les relations du Saint-Siège avec les États, a pris la parole lors de la Réunion informelle de haut niveau de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) à Helsinki, le 10 juillet 2015.
Cette rencontre marquait le quarantième anniversaire de la signature de l’Acte final d’Helsinki (1er août 1975), qui a lancé le processus de l’OSCE.
Une paix menacée
L’objectif de l’OSCE « n’est pas la paix dans l’abstrait, mais plutôt une stratégie de paix fondée sur la sécurité entre les nations, inspirée par le respect de la dignité humaine dans toutes ses dimensions et garantie par une véritable coopération et solidarité sociale », a rappelé le Saint-Siège.
Mais Mgr Camilleri a déploré l’affaiblissement de cette mission, constatant « les divisions croissantes, les conflits non résolus, la discrimination et l’inégalité généralisées, mais surtout toutes les formes de conduite dépourvues de fondements éthiques solides » qui sévissent en Europe.
Il a dénoncé en particulier « l’indifférence » devant les États qui « violent la confiance mutuelle, les obligations assumées, le respect de la souveraineté individuelle, le respect des libertés individuelles, la protection de la diversité des écosystèmes et la promotion des échanges culturels ».
« Les défis ne proviennent pas seulement de la menace de conflits qui risquent de devenir de plus en plus dangereux, mais aussi de la promotion des droits fondamentaux fondés uniquement sur des intérêts particuliers et non pas sur un sens plus large de la dignité humaine », a-t-il ajouté.
Contribution de la foi
Il a appelé à porter une attention particulière au droit à la liberté de religion, « face à une culture qui semble considérer la croyance et la dimension religieuse comme superflues, les limitant à des actes de culte ou des rituels autorisés par les autorités civiles, restreignant ainsi leur présence dans la sphère publique ».
Pour preuve, la discrimination « qui touche aujourd’hui les chrétiens de différentes confessions, et que l’on voit dans un nombre croissant d’actions et d’omissions menant à la violence, l’exclusion et l’intolérance », non seulement « en ce qui concerne les libertés individuelles, mais aussi les activités des structures et institutions qui fournissent des services sociaux et qui contribuent à la vie culturelle des nations ».
« La dimension de la foi peut contribuer au respect de la liberté de pensée, à la recherche de la vérité, de la justice personnelle et sociale et à l’État de droit » et « les croyants peuvent être une ressource positive pour la vie de nos sociétés, dans la mesure où ils offrent une conscience droite qui peut guider et assurer le pluralisme, les idéaux démocratiques, la cohésion sociale, la moralité publique et une justice efficace », a affirmé Mgr Camilleri.
« Le droit de chercher Dieu, et de trouver ainsi dans la foi religieuse l’inspiration pour une conduite morale, est une liberté appartenant aux individus comme aux communautés de croyants. Cette liberté ne peut pas être marginalisée ou exclue de la vie sociale, que ce soit au nom de la tolérance ou par peur des tendances fondamentalistes », a-t-il insisté.
Une réponse aux migrations
Le Saint-Siège a exhorté l’OSCE à être « un exemple de rencontre entre les différentes réalités et l’expression du désir d’unité de pays appelés à vivre ensemble dans un espace géopolitique qui, à partir de sa superficie initiale s’étendant de Vancouver à Vladivostok, est maintenant appelé à se développer au-delà de l’Europe méridionale ».
La réponse « aux besoins non d’une « nouvelle Europe » imaginaire, mais de tous ceux, Européens et non Européens, qui vivent sur ce continent ou qui viennent ici par choix ou contraints par les circonstances » ne doit pas être « une réponse passive au mouvement de migration, mais plutôt se faire dans le but de trouver le courage de planifier son avenir », a précisé Mgr Camilleri.
« L’intégrité territoriale, le respect des cultures différentes ainsi que de celles des minorités, et la sauvegarde des droits fondamentaux, y compris la liberté religieuse, ne doivent pas seulement être des objectifs, mais doivent être mis en œuvre dans leur intégralité », a-t-il conclu.
Avec une traduction de Constance Roques