Le pape François espère « un meilleur avenir pour tous » en Equateur « en accordant une attention spéciale à nos frères les plus fragiles et aux minorités les plus vulnérables ». Il dit venir « en témoin de la miséricorde et de la foi ». Il veut « embrasser tout l’Equateur ».
Après 13 heures de vol, le pape est arrivé ce dimanche soir à Quito, capitale de l’Equateur, première étape de son voyage en Amérique latine qui le conduira ensuite en Bolivie et au Paraguay (5-13 juillet). Il a été accueilli par le président Correa, et un orchestre symphonique qui a joué les hymnes nationaux.
« Nous pouvons trouver dans l’Évangile les clés qui nous permettent d’affronter les défis actuels, en mettant en valeur les différences, en promouvant le dialogue et la participation sans exclusions, pour que les réussites dans le progrès et dans le développement qu’on est en train d’obtenir garantissent un meilleur avenir pour tous, en accordant une attention spéciale à nos frères les plus fragiles et aux minorités les plus vulnérables », a déclaré d’emblée le pape François dans son discours du président Rafael Correa que le pape a remercié de l’avoir autant cité!
« D’ici je veux embrasser l’Équateur tout entier, a ajouté le pape. Depuis le sommet du Chimborazo, jusqu’aux côtes du Pacifique ; depuis la forêt amazonienne, jusqu’aux Îles Galápagos: ne perdez jamais la capacité de rendre grâce à Dieu pour ce qu’il a fait et fait pour vous, la capacité de protéger ce qui est petit et ce qui est simple, de prendre soin de vos enfants et des personnes âgées, de vous émerveiller de la noblesse de votre peuple et de la beauté singulière de votre pays. »
Dans son discours le président Correa avait affirmé que l’Equateur préserve la vie depuis sa conception et que la constitution garantit la préservation de l’environnement. Il a souligné le scandale des inégalités sociales dans un continent catholique et des guerres: il a cité Puebla et Medellin, Vatican II et l’enseignement social de l’Eglise.
Il a rendu hommage au pape François comme à un « Géant moral pour les croyants et les non-croyants » et à son encyclique « Laudato Si’ ». Il a cité le pape Jean-Paul II qui a visité l’Equateur il y a 30 ans. Il a souhaité la construction d’une planète « unie » et « solidaire ». Il a affirmé que le pouvoir est de « servir », et de « travailler pour les enfants de tous », pour le « bien commun ». Il a dénoncé « la misère inhumaine ».
Il a salué les grands évêques d’Amérique latine: Oscar Romero, Dom Elder Camara… et le « premier pape latinoaméricain »: « Bienvenue à la maison Saint-Père ».
Voici le texte intégral de l’allocution du pape François.
Discours du pape François
Monsieur le Président, Distinguées Autorités du Gouvernement, Frères dans l’Episcopat,Mesdames et Messieurs, vous tous chers amis,
Je rends grâce à Dieu de m’avoir permis de revenir en Amérique Latine et d’être aujourd’hui ici avec vous, dans cette belle terre de l’Équateur. Je ressens joie et gratitude en voyant la chaleureuse bienvenue que vous me réservez : c’est un signe de plus du caractère accueillant qui définit si bien les habitants de cette noble Nation.
Je vous remercie, Monsieur le Président, pour vos paroles – je vous remercie de la consonance avec ma pensée: vous m’avez trop cité, merci! – , auxquelles je réponds par mes vœux les meilleurs pour l’exercice de votre mission. Puissiez-vous réaliser ce que vous désirez pour le bien de votre peuple. Je salue cordialement les distinguées Autorités du Gouvernement, mes frères Evêques, les fidèles de l’Église dans ce pays et tous ceux qui m’ouvrent aujourd’hui les portes de leur cœur, de leur foyer et de leur Patrie. À vous tous mon affection et ma sincère reconnaissance.
J’ai visité l’Équateur à diverses occasions pour des raisons pastorales ; de même aujourd’hui, je viens comme témoin de la miséricorde de Dieu et de la foi en Jésus-Christ. La même foi qui, durant des siècles, a modelé l’identité de ce peuple et donné tant de bons fruits, parmi lesquels se démarquent des figures illustres comme Sainte Marie-Anne de Jésus, le frère saint Miguel Febres, sainte Narcisse de Jésus ou la bienheureuse Mercedes de Jésus Molina, béatifiée à Guayaquil, il y a trente ans durant la visite du Pape saint Jean-Paul II. Ils ont vécu la foi avec intensité et enthousiasme, et en pratiquant la miséricorde, ils ont contribué, dans divers domaines, à améliorer la société équatorienne de leur temps.
Aujourd’hui, nous aussi nous pouvons trouver dans l’Évangile les clés qui nous permettent d’affronter les défis actuels, en mettant en valeur les différences, en promouvant le dialogue et la participation sans exclusions, pour que les réussites dans le progrès et dans le développement qu’on est en train d’obtenir se consolident et garantissent un meilleur avenir pour tous, en accordant une attention spéciale à nos frères les plus fragiles et aux minorités les plus vulnérables, qui constituent la dette qu’a encore l’Amérique latine. Pour cela, Monsieur le Président, vous pourrez toujours compter sur l’engagement et la collaboration de l’Église, pour servir ce peuple équatorien qui s’est mis debout avec dignité.
Vous tous, chers amis, je commence avec émotion et espérance les jours que nous avons devant nous. En Équateur se trouve le point le plus proche de l’espace extérieur : c’est le Chimborazo, appelé pour cela l’endroit ‘‘le plus proche du Soleil’’, de la lune et des étoiles. Nous, les chrétiens, nous comparons Jésus-Christ avec le soleil, et la lune avec l’Eglise, la communauté ; et la lune n’a pas de lumière propre et si la lune se cache du soleil, elle s’obscurcit. Le soleil, c’etst Jésus Christ et si l’Eglise se sépare ou se cache de Jeaus-Christ, elle s’obscurcit et ne témoigne pas. Qu’en ces jours, nous devienne plus évidente à tous la proximité “du soleil qui vient d’en haut”, et que nous soyons le reflet de sa lumière, de son amour.
D’ici je veux embrasser l’Équateur tout entier. Depuis le sommet du Chimborazo, jusqu’aux côtes du Pacifique ; depuis la forêt amazonienne, jusqu’aux Îles Galápagos: ne perdez jamais la capacité de rendre grâce à Dieu pour ce qu’il a fait et fait pour vous, la capacité de défendre le petit et le simple, de prendre soin de vos enfants et de vos personnes âgées, qui sont la mémoire de votre peuple, d’avoir confiance dans la jeunesse, de vous émerveiller de la noblesse de votre peuple et de la beauté singulière de votre pays, qui, selon le président, est le paradis!
Que le Cœur Sacré de Jésus et le Cœur Immaculé de Marie, auxquels l’Equateur a été consacré, répandent sur vous grâce et bénédiction. Merci beaucoup.
© Librairie éditrice du Vatican, avec Zenit (Anita Bourdin) pour la traduction