L’encyclique « Loué sois-tu / Laudato Si’ » du pape François représente « un nouveau terrain commun, au plan spirituel, entre les disciples de toutes les religions », et elle devrait être saluée par les « croyants mais aussi les non croyants », écrit Abdullah Hamidaddin, chroniqueur musulman pour la chaîne d’information saoudienne Al Arabiya, dans une tribune publiée sur L’Osservatore Romano du 2 juillet 2015.
Il confie avoir eu connaissance de l’encyclique, publiée le 18 juin dernier, par hasard : « Il y a une semaine, je ne connaissais même pas le mot ‘encyclique’. C’est sur Twitter que je suis tombé dessus, en suivant le pape et ses tweets. »
« Quand j’ai commencé à lire l’encyclique j’ai pensé « on se sent comme à la maison, mais une maison différente » », témoigne-t-il.Pour Abdullah Hamidaddin, « les idées exprimées dans Laudato Si’ ne sont pas une nouveauté, ni une exclusivité du pape. Mais le poids spirituel qu’il a donné à ces idées est source d’inspiration » : « le pape met du spirituel dans notre recherche de solutions aux principaux problèmes qui affligent l’humanité ». Or, « mettre du spirituel dans ces problèmes peut avoir un fort impact sur la recherche et la mise en œuvre de solutions », estime-t-il.
En effet, explique-t-il, « nous sommes des êtres rationnels, pouvant faire une analyse des coûts et des bénéfices; nous sommes aussi des êtres moraux pouvant discuter des difficultés d’autrui et de l’obligation des plus nantis envers les moins privilégiés. Mais nous sommes aussi des êtres spirituels. Et c’est là que l’autorité religieuse est importante, car elle ajoute une dimension spirituelle aux discussions sur les êtres humains et le bien-être de l’humanité ».
Dans cette encyclique, même si ces questions « profondément mêlées au pouvoir et aux intérêts » sont « compliquées », le pape a su créer « un nouveau terrain commun, au plan spirituel, entre les disciples de toutes les religions » », ajoute-t-il.
Il « parle avec rationalisme, présentant les conclusions auxquelles il est arrivé sur la base d’une pensée rationnelle, mais il a parle aussi comme un moraliste, soulignant les obligations que nous avons les uns envers les autres et envers la terre que nous habitons. Et il parle en plus comme autorité religieuse en insistant sur le fait que les grandes questions de notre vie doivent faire partie de notre cheminement spirituel », constate le chroniqueur.
« [Le pape] dit qu’ouvrir nos cœurs à Dieu n’est pas seulement une question de geste, mais aussi d’empathie, de soins et de sauvegarde pour les bénédictions que Dieu nous a données. Pour un musulman comme moi, cette déclaration est très réconfortante. Peu importe s’il n’est pas de ma religion. Et peu importe si je ne suis pas d’accord avec toutes ses conclusions », affirme-t-il.
« Pour beaucoup, tout ceci peut sembler un rêve tout éveillé. Les violences affligent notre vie… Mais beaucoup refusent une attitude fataliste concernant le futur de l’humanité, (…) en encourageant tous les efforts afin que les gens soient en paix entre eux. Je crois que l’encyclique du pape est un de ces efforts que toutes les personnes devraient célébrer, croyants de toutes les religions mais aussi non croyants », conclut Abdullah Hamidaddin.
Avec une traduction d’Océane Le Gall