Le pape François « veut être présent à la proximité » des « familles qui souffrent » et les encourager », c’est, a expliqué le cardinal Pietro Parolin, l’un des buts principaux du voyage du pape en Amérique Latine.
A La veille du voyage pontifical en Équateur, en Bolivie et au Paraguay qui débute dimanche, 5 juillet, le secrétaire d’État du Vatican a accordé une interview au Centre de Télévision du Vatican (CTV), transcrit pas L’Osservatore Romano en italien de ce jeudi 2 juillet.
Familles, pauvres, environnement, cultures
Au cours du plus long voyage de son pontificat, le pape visitera l’Équateur, la Bolivie et le Paraguay pour exprimer son soutien aux souffrants et aux faibles et pour réaffirmer son inquiétude face à la destruction de l’environnement naturel et de la culture authentique du continent latino-américain, explique-t-il.
La famille est au centre de préoccupations du pape François, fait observer le cardinal Parolin qui l’accompagnera dans ce voyage. Le pape a noté « dans son itinéraire missionnaire et catéchétique, que ces trois années seront axées sur la famille de l’Amérique latine », a dit le cardinal.
Il a souligné que le pape venait dans des pays où les familles étaient fortes et nombreuses. Mais même là, la famille est confrontée à plusieurs défis comme la monoparentalité quand « la maman porte sur elle tous le poids familial ; ou le chômage et le sous-emploi ce qui sape la stabilité et la vie normale des familles; ou la drogue qui la déstabilise ». Le pape François voudrait être en particulier auprès de familles « qui souffrent pour l’une de ces raisons, et les encourager à continuer », a affirmé le cardinal Parolin.
Colonisation idéologique
Le secrétaire d’État du Vatican a abordé la question de la « colonisation idéologique » dans les pays de l’Amérique latine en précisant qu’elle « tente d’imposer des modèles qui ne sont pas justes et qui ne sont pas adaptés à la philosophie ni aux traditions de la population ». Le domaine principal où ces « modèles » essayent de s’introduire est « la famille et la vie », a-t-il souligné : « Voilà pourquoi l’Église doit continuer à prêcher l’Évangile, qui est une bonne nouvelle aussi pour la famille et pour la vie dans cette situation où elles se trouvent. »
En évoquant les changements qui se sont produits sur le continent latino-américain, le cardinal Parolin constate qu’ils ont touché « tous les niveaux » de vie. Au cours de dernières décennies, ce « continent en mouvement » « a connu une phase très positive, ce qui a permis aux gens de sortir de l’extrême pauvreté » et ce qui a permis l’apparition « progressive » « de la classe moyenne ».
Changements rapides
Face aux autres changements, tels que l’urbanisation et la mondialisation, l’Église « a choisi le chemin de la conversion pastorale » et de «l’engagement missionnaire » : « Et dans ce sens, elle peut devenir un paradigme pour de nombreuses autres parties du monde ».
Le cardinal Parolin a ajouté que l’Église souhaitait que sa mission en Amérique latine contribue « au débat démocratique, à la promotion de tous les êtres humains et en particulier des groupes les plus vulnérables ». Il faut donner « une voix aux segments de la population qui jusqu’à présent n’a pas été suffisamment entendue », a-t-il souligné.
Interrogé pour savoir si durant ce voyage le pape se penchera sur la responsabilité de la communauté internationale face aux nombreuses questions liées à la protection de l’environnement et à la justice sociale, le secrétaire d’État a répondu que le pape avait déjà exprimé sa position à plusieurs reprises et surtout dans la récente encyclique Laudato si’.
Le cardinal rappelle que le pape François a lancé un « appel à la protection de la création … et à la justice sociale; à la recherche de la paix qui respecte les droits de tous dans une société qui est plus inclusive pour les pauvres; et à la lutte contre les formes extrêmes de la pauvreté ».
Les trois pays
Le cardinal Parolin s’est attardé sur la situation unique de chacun des trois pays latino-américains que le pape visitera. En Équateur, à la première étape du voyage pontifical, les questions sur le rôle de l’Église dans la société, abordées dans une lettre pastorale des évêques en 2014, vont être soulevées. Cette lettre avait comme but de « définir ce qu’on entend par une bonne santé de la laïcité », a précisé le cardinal.
En ce qui concerne la Bolivie, Mgr Parolin a noté que le pape François sera accueilli par le président Evo Morales avec lequel il partage de nombreuses préoccupations: les pauvres dans un monde dominé par la finance et la protection de l’environnement.
Au Paraguay, continue le cardinal Parolin, en annonçant la visite du pape, les évêques locaux avaient souligné qu’il venait comme pèlerin et missionnaire désireux pour accompagner les personnes sur le chemin de l’évangélisation des familles.