Cardinals Baldiserri and Erdó during the presentation of instrumentum laboris in the vatican press room - 23 June 2015

ZENIT - by HSM

Accompagnement et miséricorde, maîtres mots du prochain synode

Le Vatican publie « l’Instrument de travail » du prochain synode sur la famille et explique comment il s’articule avec le travail du synode de 2014, enrichi par les diocèses du monde pendant l’inter-synode.

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Accompagnement et miséricorde sont les maîtres mots du prochain synode sur la famille: c’est ce qu’indique la « feuille de route » du prochain synode sur la famille, le document qui sera son « instrument de travail » l’Instrumentum laboris. Il a été publié, pour le moment exclusivement en italien, ce mardi 23 juin au Vatican.

Mais que l’on s’entende sur la miséricorde, comme le disait déjà le synode de l’an dernier : « La miséricorde est plus grande est de dire  la vérité avec amour ». Il s’agit d’aller « au-delà de la compassion » : « L’amour miséricordieux, de même qu’il attire et qu’il unit, transforme et élève. Il invite à la conversion » (69).

Le second synode sur la famille (4-25 octobre 2015) a pour thème : « La vocation et la mission de la famille dans l’Eglise et le monde contemporain ».

Le cardinal Lorenzo Baldisseri, secrétaire général du synode, le cardinal Peter Erdö, rapporteur général, et Mgr Bruno Forte, secrétaire spécial, ont présenté les grandes lignes de ce document très attendu à la presse internationale, assez déçue qu’un texte d’une portée universelle ne soit disponible que dans la – belle – langue de Dante, de même que les exposés des trois théologiens.

Fondé sur les travaux de l’assemblée d’octobre 2014 (dont le texte est distingué du reste par des italiques), ce document a été enrichi par des contributions du monde entier parvenues entre temps au secrétariat général, selon le mouvement de va-et-vient entre les diocèses et Rome typique de la préparation des synodes et ensuite de leur mise en oeuvre.

Chacune des trois semaines du synode sera guidée par l’une des trois parties du document : l’écoute des défis de la famille, le discernement de la vocation familiale et la mission de la famille aujourd’hui.

La première partie expose les défis (6-36) posés par le contexte social et culturel contemporain elle se déploie ne quatre chapitres : la famille dans le contexte anthropologique et culturel, dans le contexte social et économique, la famille et l’inclusion sociale, la famille l’affectivité et la vie.

On y constate une culture individualiste et consumérisme occidentale tendant à gommer différences entre homme et femme, par exemple.

Le document part de la constatation que la famille constitue le pilier irremplaçable de la vie sociale et réclame des politiques adéquates, face à la crise économique, les guerres, les migrations forcées.

La famille doit pouvoir avoir un rôle « inclusif » pour les plus fragiles: les personnes âgées, les personnes frappées par le deuil ou porteuses de handicap, les femmes victimes de violences, d’avortements, exploitées…

La deuxième partie (37-68) sur le « discernement de la vocation familiale » se décline en 3 chapitres : famille et pédagogie divine (le regard de Jésus), la famille et la vie de l’Eglise (notamment les documents de l’Eglise), la famille et le chemin vers sa plénitude (les jeunes te la peur de se marier).

Elle rappelle notamment la réalité du mariage sacramentel catholique, indissoluble : l’indissolubilité étant un « don » et une « tâche » (54), l’indissolubilité « et al joie de vivre ensemble ». Et, face aux souffrances conjugales ou les séparations, les maîtres mots sont « accompagnement » et « miséricorde »: que nul ne soit exclu de la sollicitude pastorale de l’Eglise en raison de sa situation matrimoniale. L’Eglise doit notamment être proche et accompagner les « conjoints risquant la séparation » (63). Car « la miséricorde est le centre de la révélation de Jésus-Christ » (68).

La troisième partie (69-146) : mission, pas impossible, en trois chapitres sur l’évangélisation (dont la liturgie nuptiale et la conversion missionnaire), la formation (dont la préparation au mariage et des prêtres) et « l’accompagnement ecclésial », la partie la plus denses de questions délicates. La miséricorde, c’est aussi le maître mot pour les catholiques mariés sacramentalement dans l’Eglise catholique puis divorcées et remariées et qui ont leur place dans l’Eglise. Cela implique des prêtres formés très précisément pour cet accompagnement délicat : c’est un ministère « de consolation » dont on besoin les familles blessées.

La famille est considérée comme un « don » et visant à s’accomplir « en plénitude », ce qui dessine, pour tous, un chemin.

Quant au sujet auquel on a souvent réduit à tort les débats du synode, l’accès à la communion eucharistique des catholiques mariés de façon sacramentelle puis divorcés et remariés civilement, le document intègre la proposition de définir un « chemin pénitentiel », confié à la sollicitude pastorale de l’évêque diocésain (122).

En outre le document rappelle que les catholiques mariés de façon sacramentelle puis divorcés ou séparés et qui n’ont pas contracté de nouvelle union ont accès à la communion eucharistique.

De même que ceux qui se sont remariés civilement mais qui choisissent de vivre la continence, ou bien ceux qui ont vu reconnaître la nullité du sacrement de mariage. Pour les causes matrimoniales – en particulier de nullité – le document entérine la demande d’accélérer les démarches voire de les rendre gratuites.

L’Instrument de travail indique en outre, dans la ligne de Familiaris Consortio de Jean-Paul II que toutes les formes de « communion ecclésiale » sont à développer au profit des couples ne pouvant accéder à la communion eucharistique (125).

Il est aussi question des mariages mixte ou de cultes différents.

Le document rappelle aussi la nécessité de la sollicitude pastorale de l’Eglise pour les catholiques aux « tendances homosexuelles », et pour l’accompagnement de leurs familles, tout en ne reconnaissant pas la possibilité d’un « mariage » entre personnes de même sexe.

Le document indique aussi comme balise sur le chemin du synode la question des familles adoptives ou d’accueil.

Le document s’achève sur la contemplation de la Sainte Famille de Nazareth, inspiratrice de toute réflexion sur la famille aujourd’hui.

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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