Mgr Silvano Tomasi réclame un « financement humanitaire » international pour faire face aux urgences mondiales et d’adopter un « principe de non-refoulement » en cas de catastrophes humanitaires.
Le représentant permanent du Saint-Siège propose de nouvelles mesures pour « améliorer la coordination et l’efficacité de la réponse humanitaire » dans son intervention à la Section humanitaire du Conseil économique et social de l’ONU, vendredi 19 juin, à l’ONU, à Genève (Suisse).
Mgr Tomasi a souligné que dans les situations de catastrophes humanitaires la bonne volonté et « l’engagement à négocier » de la part de toutes parties concernées étaient nécessaires. Il a noté que « la priorité de toute réponse humanitaire étaient les besoins des victimes ». « Nous devons adopter leur point de vue, une approche qui met en évidence les conséquences, conduit à l’identification des causes des catastrophes », a-t-il dit.
Il a noté que « la prévention des catastrophes » est un « chapitre » important « de la protection de la création ». Elle « commence par la reconnaissance que «la création » n’est pas une possession: l’homme est un intendant et donc il doit prendre soin de la nature et la respecter », a-t-il ajouté en consonnace avec la nouvelle encyclique du pape François « Laudato Si’ ».
Mgr Tomasi a constaté que « malgré certains progrès » dans « la coordination et l’efficacité de la réponse humanitaire, d’importantes lacunes subsistaient ». Lorsque l’attention des médias à une situation d’urgence s’affaiblit, « les communautés religieuses locales se retrouvent avec la tâche de continuer l’assistance nécessaire », a insisté le représentant du Saint-Siège : « Pour cette raison, la mise en place d’un groupe spécial de haut niveau dans le secteur du Financement humanitaire peut être utile afin de rechercher de nouveaux moyens pour le travail de la communauté humanitaire. De cette façon, les communautés locales vont devenir plus résilientes aux crises et moins dépendantes de l’aide humanitaire ».
Pour la promotion des droits de l’homme dans le contexte des catastrophes humanitaires, Mgr Tomasi a proposé d’appliquer « le principe de non-refoulement » « à de nouvelles catégories de personnes dont la vie et les droits humains sont menacés par les conséquences négatives du changement climatique et d’une situation de violence généralisée ».
Mgr Tomasi a déploré un « manque de la volonté politique » de la part de la communauté internationale en ce qui concerne la réponse aux situations des crises : « Le monde a été témoin d’une souffrance indescriptible, a-t-il dit, les femmes vendues comme du bétail, les chrétiens et les autres croyants assassinés simplement à cause de leurs convictions, les enfants tués ou utilisés comme boucliers humains, et des millions de personnes déracinées de force ». Dans cette situation catastrophique, il y a « un risque réel » pour la communauté internationale « d’oublier toutes ces victimes ».
Mgr Tomasi a également soulevé une question de « l’accès aux personnes dans le besoin ». Il a dit que c’était « une condition préalable pour l’évaluation des besoins et une action humanitaire efficace ». « Certains gouvernements, a-t-il continué, ont mis au point des procédures administratives lourdes pour restreindre le mouvement des convois humanitaires et l’acheminement des articles essentiels ». « Le personnel humanitaire doit avoir un accès complet et sans entrave aux personnes dans le besoin ; il doit être sauvegardé et protégé au cours de ses actions », proteste le Saint-Siège.