« Loué sois-tu » parce que nous ne pouvons plus vivre comme cela !

Un expert familier avec le texte de l’encyclique sur l’écologie en décrypte les points névralgiques. Le texte sera publié demain, jeudi 18 juin. On n’en connaît pour le moment que le titre et le sous-titre publiés par le Vatican en italien: « Lettre encyclique ‘Loué sois-tu’, du Saint-Père François sur le soin de la maison commune » et ce que le pape en dit lui-même: dimanche, à l’angélus et ce mercredi à l’audience.

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C’est la première indication fondamentale: l’encyclique du pape François sur l’écologie s’intitule “Loué sois-tu” et parle du souci de la “maison commune” de tous les êtres humains. En ce sens, c’est une encyclique éminemment sociale, mais extra-large, à la mesure de toute la famille humaine. L’embargo en vigueur jusqu’à demain, 18 juin nous interdit de citer le texte, mais nous pouvons citer une source proche du texte qui a bien voulu en décrypter les lames de fond pour les lecteurs de Zenit.

La réaction du coeur

Un grand souffle traverse toute l’encyclique. Plus encore que le raisonnement et la logique, ce souffle emporte l’adhésion et c’est à cela que le pape vise : que la cause écologique ne reste pas une connaissance intellectuelle mais qu’elle pénètre le cœur, qu’elle devienne comme viscérale, au point, dit un expert, que l’on réagisse spontanément quand on nous sert l’eau dans une bouteille non recyclable, et qu’on ne fréquente plus les endroits où il en est ainsi : « Quand vous réagissez devant une bouteille en plastique, c’est une question du cœur, non de l’esprit. Ce n’est pas une attitude New Age, mais franciscaine. »

C’est la seconde indication: l’exclamation « Loué sois-tu » renvoie au Cantique du soleil de saint François d’Assise, à sa théologie et à son expérience spirituelle, d’une grande actualité.

C’est en somme à la conscience de tous et de chacun que le pape s’adresse. Et après avoir parcouru l’encyclique, on ne peut plus dire : cela ne me concerne pas, à ma pauvre échelle je ne peux rien faire…

Un impératif moral

Notre expert explique cette responsabilité à tous les niveaux, sur les causes, donc sur ce que l’on pourrait appeler en terme à la fois écologique et spirituel la « réparation ». En effet, pour ce qui est de la cause du réchauffement climatique, la position du pape peut se résumer ainsi : « A la question de savoir « Qui ou qu’est-ce qui est derrière le changement de climat ? », la communauté scientifique donne des réponses claires, consensuelles mais complexes : les causes sont diverses et peuvent être regroupées dans les catégories « naturelles » et « humaines », car elles appartiennent aux deux, mais elles sont principalement « humaines ». Les grandes forces naturelles ne sont pas sous notre contrôle ; les causes humaines le sont. Il y a une forte évidence scientifique que les facteurs humains ont déjà un fort impact et causent de graves dommages non seulement à la nature mais aussi à la vie des personnes dans le monde, en particulier les pauvres. C’est donc un impératif moral pour les êtres humains d’assumer la responsabilité de leurs actes, et de prendre les moyens de ralentir et de renverser les tendances en faisant tout ce qu’ils peuvent pour empêcher les dommages de s’étendre. »

En somme, il s’agit d’une « conversion », selon les termes du pape : « Cela exige un changement du cœur et d’établir de nouveaux modes de production, de distribution et de consommation, afin de prendre davantage soin de notre maison à tous et de ses habitants. »

Mais l’encyclique est aussi apte à conduire les décideurs de Paris 2015 à se demander : Qu’est-ce que j’ai dans le cœur au moment où je participe, où je décide ? Est-ce que j’ai en vue le bien commun universel et la solidarité avec les générations nouvelles et les plus démunis face à la dégradation de l’environnement? Suis-je décidé à entreprendre avec courage la régénération de ce qui a été abîmé ?

La fin des communautés fermées

La source de Zenit fait observer que le pape François « a une vue générale ample, la capacité de nous aider à marcher vers une écologie plus intégrale qui soit à la fois inclusive et globale ». Le mot est lâché : « écologie intégrale ».

Ainsi, « l’encyclique devrait encourager tout le monde à se sentir invité à agir, que ce soit la personne qui se passionne pour les arbres ou pour l’eau potable, les gens ordinaires vivant dans un environnement ordinaire, ou quelqu’un qui travaille sur les politiques écologiques à New York. D’après elle encore, personne ne se sentira exclu : « Personne ne devrait pouvoir se dire : « Oh, le pape s’est adressé à tel ou tel courant » ou « J’ai la conscience tranquille parce que cela ne s’adresse pas à moi ».

L’encyclique « Loué sois-tu » a non seulement une grande « envergure » mais un grand dynamisme : elle n’est pas « statique », et on ne saurait la réduire à une « inventaire » ou une feuille de route. Une large vision guide les suggestions concrètes de l’encyclique.

Pour résumer ce grand texte sous une forme proche du tweet, l’expert suggère « la fin des communautés fermées », en insistant sur cette prise de responsabilité de chacun et de tous : « non parce que ‘quelqu’un’ fait tomber la barrière, mais parce que les gens disent : nous ne pouvons plus vivre comme cela ! »

Avec Constance Roques

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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