L’organisation Marie Stopes International (MSI), l’un des leaders mondiaux de l’avortement, a demandé au Tribunal de l’Union européenne l’autorisation d’intervenir contre l’Initiative citoyenne européenne Un de nous (One of Us) dans son recours engagé contre la décision de la Commission européenne.
« Un de nous » est une Initiative citoyenne européenne qui a rassemblé près de deux millions de signatures. Elle a pour objet « la protection juridique de la dignité, du droit à la vie et à l’intégrité de tout être humain depuis la conception dans les domaines de compétence de l’UE où cette protection s’avère d’une importance particulière ». A cette fin, Un de nous propose l’interdiction de tout financement européen pour les « activités qui détruisent des embryons humains ou qui présupposent leur destruction », en particulier dans les domaines de la recherche et de la coopération au développement.
Devant la Cour de Luxembourg, l’Initiative « Un de nous » conteste la décision de la Commission (COM (2014) 355 final) refusant de donner suite à l’initiative et d’inscrire cette demande à l’ordre du jour des institutions européennes. Visiblement inquiète de ce recours, Stopes International (MSI) a demandé à pouvoir intervenir contre « Un de nous » et en soutien de la Commission européenne. MSI indique que leurs intérêts financiers seraient affectés si l’Union européenne cessait de lui verser des subventions (plus de 2 millions de livres sterling en 2012).
« Un de Nous » s’est opposé à cette demande d’intervention. Dans le mémoire adressé à la Cour, outre les arguments juridiques, Un de nous a exposé non seulement les méthodes mais aussi l’idéologie eugéniste de Marie Stopes.
Les méthodes de Marie Stopes International
Marie Stopes International (MSI) indique procurer « des soins reproductifs à des millions de femmes parmi les plus pauvres et les plus vulnérables du monde ». MSI se vante de pratiquer un nombre d’avortements en croissance continue : 350 000 en 2005, plus de 900 000 en 2009 ; 2,2 millions en 2012 et 3,3 millions en 2014. En 2013, MSI avait un budget annuel de plus de 211 millions de livres sterling.
Parmi les méthodes d’avortement employées, MSI fait l’usage de la méthode connue sous le nom de « régulation menstruelle », ou « Aspiration Manuelle Intra-Utérine » (AMIU) : si le cycle menstruel tarde, le contenu de l’utérus est aspiré au moyen d’une pipette réutilisable.
Cette technique permet de pratiquer des avortements dans les pays où cela est interdit car d’une part l’embryon ou le fœtus aspiré n’est plus identifiable (réduit à de la bouillie), d’autre part cette méthode est employée sans avoir préalablement vérifié la grossesse ce qui permet de contourner l’interdiction[1]. Dans la pratique, ce procédé est utilisé jusqu’à 16 semaines, parfois même plus.
MSI favorise également la stérilisation à grande échelle dans les pays pauvres, que ce soit par la ligature des trompes ou la vasectomie. MSI a même organisé des compétitions de vasectomies réunissant 200 médecins de 25 pays : il s’agit d’effectuer autant de vasectomies que possible en 24 heures. Un médecin de MSI se vante d’avoir réalisé 53 vasectomies en seulement trois jours.
MSI implante et injecte aussi des contraceptifs de longue durée, certains n’étant pas utilisés, voire interdits, dans les pays développés en raison de leurs effets indésirables.
L’idéologie eugéniste de Marie Stopes
Les actions de Marie Stopes International, principalement orientées vers les pays pauvres, peuvent être comprises à la lumière des écrits de Marie Stopes (1880-1958). Cette dernière a ouvert la première clinique de contrôle de naissances dans un quartier pauvre de Londres.
Dans son livre « Radiant Motherhood » publié en 1920, Marie Stopes expose sa pensée eugéniste et son projet à destination de « ceux qui créent le futur ».
Afin d’améliorer la race humaine, elle prétend que seuls les gens beaux, intelligents, sains et riches, devraient être autorisés à avoir des enfants. Ceux-ci ont un « profond devoir et un privilège » et la communauté devrait les encourager à procréer. À l’inverse, la société devrait décourager ceux qui ne possèdent pas ces qualités. Plus encore, la société devrait stériliser « les malades, les négligents envers la race, les dépensiers, les insouciants, les faibles d’esprit et les membres les plus vils de la communauté ». En effet, selon Marie Stopes, ces personnes consomment les ressources des classes supérieures qui, si elles étaient libérées du coût des institutions sociales (hôpitaux, prisons, etc.) principalement remplies par la « caste inférieure », seraient en mesure d’élargir leurs propres familles et de multiplier les richesses de l’État.
Elle prétend être une prophétesse, annonçant une magnifique “race nouvelle et irradiée” : « C’est ma prière de présenter un tel idéal racial, non seulement à mon propre peuple, mais à l’humanité. C’est ma prière que je vive assez pour voir dans la génération de mes petits-enfants une humanité de laquelle presque tous les éléments sombres et pénibles aient été éliminés ». Joignant le geste à la parole, elle a déshérité son fils au profit de la « société eugénique » pour avoir épousé une femme portant des lunettes, transmettant ainsi des gènes défectueux.
Marie Stopes conclue son livre en appelant de ses vœux la « bonne et splendide race dont aujourd’hui, comme prophète de Dieu, j’ai la vision et qui pourra se matérialiser splendidement sur terre »[2].
Se voulant aussi poète, elle a adressé ses œuvres en 1939 à Adolf Hitler. Elle était une proche de Margaret Sanger, eugéniste et fondatrice du Planning Familial.
C’est en référence à ce personnage que le nom de l’organisation Marie Stopes International a été choisi en 1991. Avant, cette organisation s’appelait « Population Services Family Planning Programme Limited ».
L’Initiative Citoyenne « Un de nous » espère que le Tribunal de l’Union européenne saura faire preuve de discernement.
Consulter ici le mémoire remis par « Un de Nous » au Tribunal.
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[1] European Dignity Watch, The Funding of Abortion through EU Development Aid, 2012.