« Le sage montre le message, l’insensé ne voit que la page »

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« Le sage montre le message, l’insensé ne voit que la page » , ce proverbe syldave sert d’exergue à ce 61e épisode des Indices pensables de Brunor. L’auteur débusque la fausse piste de Platon. Et il donen la parole à Irénée de lyon.

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Résumé : L’explication du monde par une chute (telle que Platon la racontait) est en contradiction avec le réel. C’était donc une fausse piste, que saint Irénée de Lyon avait déjà signalée vers l’an 200, comprenant que le monde n’est pas le résultat d’une chute mais au contraire, une création par étapes… (1).

Aristote avait eu l’audace de remettre en question les traditions orphiques énoncées par son Maître, et, en partant de l’étude du réel, (en non de spéculations autour de mythes non critiqués) avait compris que le dualisme platonicien était impossible. Deux mille ans plus tard, les sciences expérimentales lui ont donné raison sur ce point : la théorie de l’individuation par la matière est devenue impensable, car elle est entièrement fausse. (2) Nous sommes tous faits de matière identique, ce n’est donc pas la matière qui assure notre individuation, il faut chercher ailleurs. Par la même occasion, la découverte du message génétique nous apprend que la matière est rigoureusement  incapable de s’organiser seule pour construire un être vivant. Les atomes ont besoin des instructions précises, écrites sur mon message génétique pour définir les bases de mon physique : couleur de mes yeux, de ma peau, de mes cheveux, masculin ou féminins, espèce humaine ou écureuil…

Ces instructions constituent donc l’information intelligente, nécessaire à ma « fabrication ». Ce message véhicule sur un support matériel, tout à fait chimique (la double hélice de l’ADN) une information qui est elle-même immatérielle.

Il ne serait pas exact de dire : puisque ce support est matériel et chimique, tout cela n’est qu’un système matériel où la matière seule interviendrait.

 De même qu’il ne serait pas exact de prétendre que dans un livre, seule la chimie du papier et celle de l’encre interviennent. On ne peut pas défendre l’idée qu’un livre n’est que de la matière sous prétexte qu’on ne sait pas lire. Il en va de même pour le message génétique, d’autant plus que les chercheurs commencent à apprendre à le lire !

« Le sage montre le message et l’insensé ne voit que la page. » (Proverbe Syldave)

Certes un livre, avec ses pages, est un objet matériel que je peux tenir en main. Il est mesurable en centimètres et en grammes, mais on vous rira au nez si vous prétendez qu’un livre n’est QUE de la chimie et que de la matière. Ou si vous dites que la seule différence entre deux livres tient à la matière qui les composes (théorie de l’individuation par la matière soutenue par Platon qui était, bien entendu, pardonnable à son époque, mais qu’en est-il aujourd’hui ?) Comme chacun sait, le livre, comme l’hélice de l’ADN, véhicule un message. Le livre et l’ADN sont au service du message qu’ils ont pour vocation de transmettre. La raison d’être du livre est de communiquer de l’information en s’appuyant sur un support physique, matériel. L’ADN en fait autant, avec une économie de moyens qui stupéfie actuellement les chercheurs : comment réussit-il à véhiculer autant d’information avec un support si miniaturisé ? Un exploit que l’on tente d’atteindre pour économiser et de la matière et de la place.

Lors de la fabrication du livre (comme de l’ADN ?) on connait l’énergie qui est engagée pour lutter contre les erreurs de copie, toujours dommageables, car elles n’introduisent que de la perte d’information, un appauvrissement de l’œuvre. Jamais le moindre enrichissement. En revanche, il arrive que l’auteur souhaite apporter une amélioration lors d’une réimpression, une petite mutation dans tel chapitre qui constituera un enrichissement plus ou moins remarquable, mais toujours intentionnel. Jusqu’à présent, on n’a jamais vu d’amélioration à une pièce de Molière apportée par une erreur de copie… (Ce serait trop facile !)

Car on apprend que dans l’Univers, tout se fait par transmission d’information. Pour chaque commencement, était l’information. Et sans information, rien ne fut…

(A suivre…)

Brunor

  1. Voir les épisodes précédents. http://www.brunor.fr/PAGES/Pages_Chroniques/39-Chronique.html
  2. Voir les épisodes précédents. http://www.brunor.fr/PAGES/Pages_Chroniques/60-Chronique.html
  3. voir les chroniques 11, 12 et 13 http://www.brunor.fr/PAGES/Pages_Chroniques/11-Chronique.html
  4. Voir le tome 5 des indices pensables, L’Être et le néant sont dans un bateau.
  5. Voir le nouveau livre : Rendre au hasard ce qui est au hasard par Brunor (150 pages, 60 dessins inédits. 10 euros. Chez Brunor éditions). Ou lire la chronique 32.

 

 

 

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