Quand le mythe de la chute expliquait la mort et tous les maux

Les indices pensables, épisode 58

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Résumé : Selon Platon, nous sommes des hommes spirituels déchus. Notre présence dans ce monde de maladies de douleur et de mort, ne peut être qu’une juste punition pour une faute originelle…(1)

Cela c’est le point numéro un qu’il faut avoir bien assimilé pour envisager d’aller plus loin dans la réflexion. Mais ajoute le grand Platon, il y a un point numéro deux…Comme nous l’avons appris au premier trimestre avec le mythe de la caverne, (repris du mythe de l’antre d’Empédocle) vous savez aussi que nous sommes dans un monde d’illusions, ligotés dans cette caverne dont les ombres nous trompent sans que nous puissions avoir accès à la réalité que les seuls  philosophes peuvent espérer connaître. Ce qui signifie ?

Ce qui signifie que cette individuation par la matière (point n°1) n’est en réalité qu’une illusion (point n°2).

Vous croyez être des individus : vous croyez être Eudoxe, Aristote Théopraste… Moi-même je crois être Platon, mais en réalité nous sommes tous l’unique divin. Et seule la mort nous délivrera de cette prison qu’est notre corps et de cette illusion qu’est notre apparente individuation. Quant à nos âmes qui sont de substance divine, elles seront enfin libérées de cette matière haïssable, et pourront enfin réaliser ce à quoi elles aspirent : effectuer le parcours de la Chute en sens inverse pour retourner dans leur patrie, le paradis perdu du Plérôme(2) originel. Alors chaque âme/parcelle divine viendra se fondre dans le divin comme un fleuve se fond dans l’océan perdant et son nom et sa forme.

Tous les élèves se mettent à  applaudir  comme s’ils venaient d’assister à l’apothéose de Platon. Attention ! recommande le Maître : ce n’est pas Platon ni Eudoxe ni Aristote qui retournerons dans le paradis du divin. Car nous n’avons pas d’existence particulière. L’individuation qui donnait l’illusion de l’existence individuelle et personnelle de Platon, Eudoxe, Aristote était due à la matière. Une illusion ! Libérées de cette matière, les âmes n’ont plus la moindre identité…Elles sont toute identiques comme des flammèches d’un grand feu (Silence généralisé) C’était une illusion qui fondra comme une poupée de sel dans la mer.

Maître, cette destinée est-elle pour tous ?
Platon répond : au final, oui, mais ce n’est pas automatique. Si vous vous êtes trop attaché à la matière, eh bien, lors de la mort du corps, votre âme sera trop alourdie et risquera sérieusement de ne pas remonter jusqu’au but, mais de retomber de nouveau dans la matière. Nouvelle chute dans un autre corps qui vous fera oublier votre  vie précédente. Vous connaîtrez alors une réincarnation dans ce corps qui sera votre nouvelle prison pour une nouvelle épreuve… Mais prenez garde à ne pas accumuler des fautes graves, car vous pourriez retomber dans un corps… de femme.
Précisément Maître, d’où viennent les femmes ?
Selon les mythes orphiques que nous enseignons, certains hommes spirituels, dans le paradis (le Plérome) (2) ont fait des fautes plus graves, c’est pourquoi la chute les a fait tomber dans des corps de femme.

Vous vous doutez bien qu’on ne tombe pas par hasard dans un corps de femme, il faut l’avoir cherché.  Car comment expliquer que vous allez devoir connaître de multiples grossesses, des accouchements, allaitement,  et puis une vie entière à faire les courses le ménage, la lessive, le repassage, étendre le linge et toutes ces basses besognes (et j’en passe) ?

Comment expliquer, pourrions-nous ajouter, que les femmes n’obtiendront le droit de vote qu’en 1945 et 70 ans plus tard, en 2015, à travail égal une femme reçoive un salaire inférieur à celui de son collègue masculin ?

Si on cherche les racines de la misogynie occidentale, là où elles sont vraiment, on finit par trouver les mythes orphiques relatés par Platon, mais curieusement si peu connus alors qu’ils ont joué un si grand rôle jusqu’à présent…

Pour notre enquête nous allons pouvoir confronter cette vision du monde qui repose sur ce mythe de la chute et cette théorie de l’individuation par la matière, au crible de nos connaissances de l’Univers réel.

(à suivre…)

Brunor

(1) Voir l’épisode précédent.
Voir également  le nouveau livre :  Rendre au hasard ce qui est au hasard par Brunor, 150 pages, 60 dessins inédits. 10 euros. Chez Brunor éditions. Ou lire chronique 32.

(2) Plérome : Plénitude, perfection. Dans l’orphisme et chez Platon, le Pérôme est au commencement, Il est perdu mais l’objectif de la vie est de le retrouver.

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