Les caractéristiques de la doctrine de st Grégoire de Narek, par le card. Amato

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Le sens du péché, la Trinité, les sacrements et la Vierge Marie

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La doctrine du saint arménien Grégoire de Narek se distingue dans quatre domaines particuliers : le sens du péché et des limites de l’homme, la réflexion sur le mystère de la Sainte Trinité, la défense de l’efficacité surnaturelle des sacrements et la dévotion à la Vierge Marie, explique le cardinal Amato lors de la messe de proclamation du saint comme docteur de l’Église, dimanche dernier, 12 avril 2015, en la basilique Saint-Pierre.

Au début du rite de la proclamation présidée par le pape François, le cardinal Angelo Amato, préfet de la Congrégation pour les causes des saints, a adressé quelques paroles, saluant « l’extraordinaire figure de saint Grégoire de Narek, semeur d’espérance et artisan de paix », dans le contexte du centenaire du génocide arménien.

A.K.

Allocution du cardinal Amato

Très Saint-Père,

Dès les premiers siècles de l’ère chrétienne, l’Esprit Saint a allumé en Orient tant d’étoiles, c’est-à-dire des hommes saints et sages qui, par l’exemple de leur vie et leur enseignement, ont ouvert la voie à la connaissance des mystères de Dieu et à la rencontre avec Jésus Christ.

Environ cent ans après l’attribution du titre de docteur de l’Église universelle à un autre fils de l’Église d’Orient, saint Ephrem le Syrien († 373), aujourd’hui, Très Saint-Père, nous vous demandons d’attribuer le même titre à saint Grégoire de Narek, maître et gloire du peuple arménien.

Ce grand théologien, mystique et poète, transmit son expérience spirituelle et religieuse par sa vie et son enseignement dogmatique, diffusant la théologie par la voie de la beauté.

La profondeur des idées théologiques du saint, la nouveauté de sa pensée et la vigueur de son verbe poétique ont toujours été appréciées au niveau populaire et par les hommes de culture. Il fut comparé de plus en plus à des pères de l’Église comme saint Jean Chrysostome, saint Ephrem le Syrien ou saint Grégoire l’Illuminateur. Son œuvre pénétra peu à peu tous les domaines de la vie religieuse et de la culture arménienne : la poésie, l’enluminure, la musique, l’hagiographie, la liturgie et le folklore. Sa constante popularité est encore aujourd’hui liée à son livre de méditations et de prières, que l’auteur a appelé « Livre des Lamentations », et connu populairement sous le nom de Narek. Après l’Évangile, ce texte est le plus vénéré et le plus répandu en Arménie. Très Saint-Père, la doctrine de saint Grégoire de Narek se distingua dans quatre domaines en particulier :

– le sens du péché et des limites de l’homme, incapable de parler de Dieu et avec Dieu sans la méditation de la Parole incarnée;

– la réflexion dogmatique sur le mystère de la Très Sainte Trinité, où il voyait se refléter l’âme humaine mais surtout une analogie avec les trois vertus théologales;

– la défense de l’efficacité surnaturelle des sacrements et leur rôle de transmission et de médiation dans l’Église, réaffirmant l’importance de la grâce divine et de la vie intérieure, par comparaison avec les tendances hérétiques des Thondrakiens, qui prétendaient remonter aux origines du christianisme reniant la hiérarchie, les sacrements, l’église et la liturgie;

– la dévotion à la Vierge Marie, la Panaghia, « Celle qui n’est que sainteté », la « Toute Sainte », exaltant « l’invulnérabilité absolue de la très Sainte Deipara par rapport au péché », en plus de son rôle de médiatrice, comme « pont entre Dieu et l’homme ».

Pour toutes ces raisons, les saints pasteurs de l’Église arménienne se sont adressés plusieurs fois aux souverains pontifes, leur demandant de proclamer saint Grégoire de Narek Docteur de l’Église universelle. Récemment, la Congrégation pour la doctrine de la foi a donné son avis positif sur l’eminens doctrina du candidat. Les consultants théologiens et, dans un deuxième temps, la séance plénière de la Congrégation pour les causes ont relevé dans le magistère du saint les notes qui étaient demandées pour le proclamer Docteur de l’Église. A l’audience qui m’a été accordée le 21 février 2015, Votre Sainteté a pris acte favorablement de l’avis des cardinaux et évêques.

Très Saint-Père, nous ne saurions négliger, pour finir, une circonstance qui rend notre demande encore plus riche de sens et de valeur: la célébration, cette année, du premier centenaire du massacre, le « grand mal » qui frappa très cruellement le peuple arménien. Dans ce contexte brille encore plus l’extraordinaire figure de saint Grégoire de Narek, semeur d’espérance et artisan de paix.

Traduction de Zenit, Océane Le Gall

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ZENIT Staff

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