Le pavillon du Saint-Siège à la Biennale d'art de Venise, par Mme Forti

Un dynamisme dialectique à trois voix

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Mme Micol Forti, responsable de la Collection d’art contemporain aux Musées du Vatican et conservateur du Pavillon du Saint-Siège à la Biennale de Venise, a présenté, ce 9 avril, au Vatican, le pavillon du Saint-Siège à la Biennale, aux côtés du cardinal Gianfranco Ravasi, président du Conseil pontificlal pour la culture. Voici notre traduction de son intervention.

Un dynamisme dialectique à trois voix

Le projet du Pavillon du Saint-Siège tourne et prend forme autour de deux pôles : le Logos et la chair. Le Logos établit un rapport, une harmonie, une médiation ; la chair impose une immanence, une trace, un processus d’in-carnation.

Leur lien indissoluble produit un dynamisme dialectique, irrégulier, elliptique, qui accélère brusquement, ralentit précipitamment, pour solliciter chez les artistes comme dans le public, une réflexion sur un binôme qui est situé à la racine de l’humanité.

Trois jeunes artistes, de diverses provenances, expériences, visions éthiques et esthétiques, sont appelés à donner corps à l’idée évoquée dans le prologue de l’Évangile de Jean.

Monika Bravo, colombienne de naissance, internationale de formation et américaine d’adoption, a élaboré avec sagesse et soin un récit décomposé et recomposé sur six écrans et autant de panneaux transparents, posés sur des parois aux couleurs puissantes. Dans chacune des compositions, nature, parole – écrite et dite – et abstraction artistique se présentent comme des éléments actifs d’une vision heuristique, ouverte à une certaine marge d’indétermination expérimentale dans l’élaboration d’un nouvel espace perceptif et d’une plénitude sensorielle à travers la grâce et la dextérité poétique avec lesquelles l’artiste utilise les moyens technologiques.

La recherche de la jeune femme originaire de Macédoine, Elpida Hadzi-Vasileva, fond l’habileté artisanale et les connaissances scientifiques dans une puissante vision esthétique. Pour le Pavillon, elle a projeté une installation monumentale, architecturale, dont le « tissu », presque une peau, une couche, accueille le visiteur dans une dimension à la fois physique et symbolique. Réalisé avec du matériel organique résiduel, dans un trajet qui mène du « tout-fait » (ready-made) au « re-fait » (re-made), l’artiste crée un drap qui est à la fois broderie et superficie, présence physique et transparence, instrument de suggestion et surprise.

La chair se fait histoire dans la réalité, restituée sans falsifications par le photographe trentenaire, Mário Macilau. La série de neuf photos en noir et blanc, réalisées à Maputo, capitale du Mozambique où est né et où travaille l’artiste, est dédiée aux enfants des rues qui doivent dès leur enfance affronter la vie pour survivre. Il ne s’agit pas d’un reportage, mais d’une œuvre poétique qui renverse les rapports entre le « maintenant » et le « déjà passé », le proche et le lointain, le visible et le non-visible. Le thème de l’origine et de la fin de tout acte artistique est porté par la force de la composition photographique qui se confronte à l’agonie du réel.

Traduction de Zenit, Constance Roques

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ZENIT Staff

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