Un « consensus international » pour affronter la « plaie » des enfants soldats : c’est l’appel de Mgr Bernardito Auza, observateur permanent du Saint-Siège aux Nations-Unies à New-York, le 25 mars 2015, au Conseil de sécurité. L’archevêque a plaidé aussi pour la réinsertion de ces enfants dans la société.
Il a dénoncé « l’utilisation croissante d’enfants soldats de la part de groupes terroristes et d’autres acteurs non gouvernementaux » : 2014 a été « la pire année de l’époque moderne », a-t-il constaté en citant le chiffre de « 10.000 enfants forcés à devenir soldats, rien qu’en Syrie et en Irak ».
Le Saint-Siège a souligné « l’urgence d’un nouveau consensus international pour affronter cette plaie ». Le premier pas, a estimé l’archevêque, est que « tous les leaders sociaux, politiques et religieux », affirment « d’une seule voix » que « le recrutement d’enfants dans les conflits armés n’est pas seulement une grave violation des droits internationaux humanitaires et humains, mais est aussi un mal abominable qui doit être condamné ».
Il a appelé la communauté internationale à « ne pas tourner le dos aux conflits, au nom d’intérêts politiques nationaux ou de désaccords géopolitiques avec d’autres pays ». La mission de l’ONU est « d’intervenir lorsque les gouvernements nationaux sont incapables ou ne sont pas disposés à protéger leur population », a-t-il rappelé.
Cette responsabilité est aussi valable « quand l’État n’est pas disposé ou est incapable d’affronter l’atrocité » du phénomène des enfants soldats : « l’ONU doit fournir, une fois tous les moyens épuisés, les instruments militaires nécessaires pour protéger les citoyens de ces agressions inhumaines ».
Mais « les solutions ne peuvent se limiter à l’usage de la seule force », a mis en garde Mgr Auza, préconisant « d’affronter les situations humanitaires, sociales, politiques et économiques qui conduisent aux conflits où sont utilisés des enfants soldats ». En outre, la communauté internationale doit « interagir avec la communauté locale ».
La « plaie des enfants soldats » exige aussi une réponse quant à la réintégration de ces enfants dans leurs communautés, a-t-il poursuivi : « Quand nous sommes témoins de ces actes barbares qui vont au-delà de toute imagination et qui sont commis aussi par des soldats enfants, nous devons nous rappeler que ces enfants sont exploités et manipulés jusqu’à devenir ce qu’ils sont. »
Leur réinsertion dans la société doit consister à « reconnaître qu’ils ont commis des atrocités » mais aussi à « créer des parcours d’assistance et de réconciliation ». Pour le Saint-Siège, « les communautés religieuses peuvent jouer un rôle fondamental » en ce sens.
Ces communautés « ont aussi la responsabilité de garantir que les organisations qui cherchent à justifier l’utilisation des enfants soldats pour poursuivre des objectifs idéologiques motivés par des visions faussées de la foi et de la raison, soient justement condamnées et dénoncées ».
« La communauté internationale possède déjà de nombreux instruments nécessaires pour affronter l’utilisation des enfants comme soldats. Mais il manque la volonté politique et le courage moral pour accomplir les pas nécessaires », a conclu Mgr Auza : devant ces enfants séquestrés, exploités, forcés à des attentats suicides, drogués et torturés pour faire d’eux des soldats, « combien de temps devra passer avant que nous cessions de détourner le regard ? »